ZFE, véhicules électriques… Les automobilistes dans le brouillard

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ZFE, véhicules électriques… : les automobilistes dans le brouillard
(Ph. AdobeStock)

“L’automobiliste dans le brouillard”, c’est le nom d’une étude menée par BNP Paribas Mobility. A l’origine de ce manque de visibilité, de nouvelles réglementations complexes et parfois contradictoires.

Alors que la transition vers une mobilité plus durable s’accélère, les automobilistes français se retrouvent confrontés à des réglementations complexes et à des injonctions parfois contradictoires. L’étude BNP Paribas Mobility, réalisée auprès de 15.000 personnes dans le monde, met en lumière le sentiment de confusion qui domine, notamment en Île-de-France, où les Zones à Faibles Émissions (ZFE) suscitent des réactions partagées. Entre difficultés économiques, incertitudes sur la voiture électrique et montée en puissance des constructeurs chinois, le marché automobile est en pleine mutation.

Zones à Faibles Émissions : une réglementation perçue comme injuste

L’extension des ZFE dans 43 agglomérations françaises bouleverse les habitudes des automobilistes. Si la majorité des Français connaissent leur existence, la perception de ces zones oscille entre nécessité environnementale et injustice sociale. En Île-de-France, où la communication sur les ZFE est plus développée, 83 % des habitants jugent ces restrictions pénalisantes pour les ménages modestes, qui n’ont pas les moyens de s’équiper d’un véhicule récent. Pourtant, près de 60 % des Franciliens reconnaissent que ces mesures sont indispensables pour améliorer la qualité de l’air, bien qu’ils les jugent peu efficaces. Face à cette réglementation, les comportements varient : certains optent pour l’achat d’un véhicule conforme, d’autres évitent ces zones ou modifient leur mode de transport, tandis qu’une minorité continue de circuler malgré l’interdiction.

La voiture électrique en perte de vitesse

Autre pilier de cette transition, la voiture électrique voit son image évoluer. Si elle était perçue comme une avancée technologique majeure il y a quelques années, l’enthousiasme des Français s’est atténué. Aujourd’hui, seuls 41 % d’entre eux considèrent qu’elle incarne le progrès, un chiffre légèrement plus élevé en Île-de-France (49 %). Cette perte de confiance s’explique notamment par les incertitudes entourant l’interdiction des ventes de voitures thermiques en 2035 : 60 % des Français estiment que cette mesure pourrait être remise en cause. L’augmentation du prix de l’électricité constitue un autre frein majeur, remettant en question l’avantage économique initialement promis.

Les ménages modestes face à une mobilité inaccessible

La transition énergétique pèse particulièrement sur les foyers à faibles revenus, pour qui la voiture reste indispensable au quotidien. Malgré le succès du leasing social à 100 € par mois, qui a enregistré plus de 50.000 commandes en six semaines début 2024, cette initiative ne suffit pas à rendre la voiture électrique accessible à tous. Plus de trois quarts des Français considèrent que la hausse des tarifs de l’électricité freine l’adoption de ces véhicules, tandis que 38% doutent de la capacité de l’Europe à produire suffisamment d’énergie pour alimenter l’ensemble du parc automobile.

Les constructeurs chinois, une menace pour l’industrie européenne ?

L’émergence des constructeurs chinois bouleverse le marché automobile européen. Si leurs parts de marché restent encore limitées, leur compétitivité inquiète les acteurs historiques. En France, 39 % des sondés ont une bonne image de ces marques et 28 % seraient prêts à acheter une voiture chinoise, attirés par un rapport qualité-prix avantageux. Malgré l’instauration de nouvelles taxes douanières visant à protéger les constructeurs européens, cette tendance pourrait s’accélérer dans les années à venir.

Un indicateur pour mesurer la précarité automobile

Afin d’évaluer l’impact des ZFE et des restrictions sur les ménages les plus vulnérables, BNP Paribas Mobility a développé un Indice de Précarité Automobile. Cet outil identifie les territoires les plus exposés aux difficultés de transition en tenant compte de plusieurs critères : revenu disponible, proximité avec une ZFE, proportion de véhicules interdits, offre en transports en commun et kilomètres parcourus. Les résultats montrent que les zones les plus précaires se situent dans le nord et le sud-est du Grand Paris, où les ménages à faibles revenus sont surreprésentés et où les alternatives de transport restent limitées.

Les artisans et petites entreprises en première ligne

Le durcissement des restrictions en janvier 2025, interdisant les véhicules Crit’Air 3 et plus dans la métropole du Grand Paris, impacte lourdement les artisans et petites entreprises. Environ 440.000 véhicules particuliers sont désormais exclus de ces zones, représentant 22 % du parc automobile en circulation. Les artisans et professionnels du bâtiment sont particulièrement vulnérables, notamment ceux utilisant des véhicules difficilement remplaçables par des modèles électriques. Dans le secteur de la logistique, 27 % des petites entreprises possèdent encore des véhicules Crit’Air 3, contre seulement 4 % pour les grandes entreprises du BTP.

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