Trenitalia VS SNCF : la guerre des prix est déclarée

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Le syndicat Sud-Rail dénonce des réductions tarifaires accordées à Trenitalia sur les péages des lignes à grande vitesse françaises. Ces avantages expliqueraient en partie les prix ultra-compétitifs de l’opérateur italien, notamment sur la future liaison Paris-Marseille.

Le 11 mars dernier, Trenitalia annonçait l’ouverture des ventes pour la saison estivale, comprenant le lancement de sa ligne Paris-Marseille. Dès cet été, la compagnie italienne, arrivée en 2022 sur les rails français, opérera à travers trois lignes sur le territoire : Paris-Marseille, Paris-Milan et Paris-Lyon. Des axes stratégiques sur lesquels elle opère désormais en concurrence directe avec la SNCF. Si la concurrence est saine, selon les dires de Jean-Pierre Farandou, PDG du groupe SNCF, elle n’en demeure pas moins dangereuse pour les activités de l’opérateur ferroviaire français, notamment en matière de finances.

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A travers un communiqué, Trenitalia a annoncé la mise en vente de billets à partir de 27 euros pour la ligne Paris-Marseille, pour l’équivalent de la seconde classe, et 37 euros en première. Chez SNCF, le tarif pour un OUIGO est en moyenne de 29 euros et de 78 euros pour un TGV INOUI. Des prix attractifs et ultracompétitifs pour une offre « qui n’est pas low cost », comme le rappelle Marco Caposciutti, président de Trenitalia France. 

Un rabais de plus de 30 millions d’euros en faveur de Trenitalia ? 

Mais comment expliquer une telle différence de prix entre les deux acteurs ? Le syndicat des cheminots Sud-Rail semble donner un élément de réponse. A travers un tract publié le 12 mars, il dénonce des « ristournes » sur les péages des TGV en faveur de Trenitalia. Selon lui, le prix des péages constitue 40% du coût d’un billet de TGV et a donc une incidence importante sur le tarif final. Toujours selon Sud-Rail, Il est possible que ces « ristournes » sur les péages atteignent 38% en 2025 soit 10,2 millions d’euros  ; 25% en 2026 soit 11,9 millions d’euros ; 13% en 2027 soit 6,1 millions d’euros et 10% en 2028 soit 2 millions d’euros. Le montant total s’élèverait alors à 30,2 millions d’euros entre 2025 et 2028, un chiffre que réfute Trenitalia.

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Des négociations toujours en cours selon Trenitalia 

Contactée par la rédaction, la compagnie italienne rappelle que la tarification négociée est définie par l’autorité des transports (ART) et que ce rabais sur les tarifs de péage n’est en rien un « cadeau », mais fait partie d’un dispositif obligatoire visant à « compenser un déséquilibre objectif lors de l’arrivée d’un nouvel entrant sur le réseau français dans le cadre de l’ouverture à la concurrence ». Le porte-parole nous explique également que cet avantage est temporaire et défini au cas par cas selon les lignes. Sur la somme avancée de 30,2 millions sur 4 ans pour la ligne Paris-Marseille, là aussi, la compagnie italienne se défend en avançant que la tarification est en cours : « il est donc impossible, même pour nous d’établir des calculs puisque les négociations sont toujours en cours ».

De son côté Sud-Rail nous confirme que ces chiffres sont les bons. Fabien Villedieu, délégué du syndicat, ne souhaite pas divulguer sa source mais nous assure que les 30,2 millions d’euros ne sont qu’une base de négociation avancée par SNCF Réseau et que, selon lui, le montant du rabais pourrait être encore plus important. S’il concède que ce dispositif est mis en place pour les nouveaux entrants sur le marché ferroviaire français, il confie que ce rabais est de l’ordre de l’extra légal puisqu’il dépasse les 20% sur 2 ans. « C’est bel et bien un cadeau qui a été fait de la part de l’ART à Trenitalia et SNCF Réseau a cédé », ajoute-t-il. Selon lui, ces 30,2 millions d’euros représentent des investissements en moins pour entretenir le réseau ferré français, à la charge du groupe SNCF. L’ouverture à la concurrence n’a pas fini d’alimenter les débats…

 

 

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