La situation géopolitique mondiale n’incite pas à l’optimisme, tout au moins en ce début de 2025. Les conflits, même localisés, ont une fâcheuse tendance à se multiplier. En Europe, il y a toujours cette guerre entre la Russie et l’Ukraine et, même si de fortes pressions s’exercent sur le président ukrainien, on ne voit toujours pas le bout du tunnel.
L’Afrique est secouée par des tensions internes dans certains États comme le Soudan ou l’Éthiopie, mais aussi par des revendications territoriales entre le Rwanda et le Congo ou l’Algérie et le Maroc à propos du Sahara occidental. Le choix de la France de reconnaître la souveraineté marocaine sur ce territoire a entraîné de vives tensions diplomatiques avec l’Algérie. La situation asiatique est aussi impactée par les revendications de la Chine sur Taïwan et par le conflit toujours latent entre les deux Corées, sans compter les transferts de populations entre le Myanmar et la Thaïlande. Le Moyen-Orient souffre toujours de l’impossibilité de trouver une solution pérenne entre Israël et ses voisins. L’Amérique n’est pas non plus épargnée depuis la récente arrivée au pouvoir du nouveau président des États-Unis, qui semble heureux de mettre de l’huile sur le feu partout où il le peut, y compris en revendiquant la possession du Groenland et de Panama. Bref, tout cela n’incite pas à l’optimisme.
Le transport aérien fortement impacté
Et le transport aérien dans tout cela, que devient-il ? Si on le regarde dans son ensemble, il est fortement impacté, et ce n’est d’ailleurs qu’une constatation banale tant ce mode de transport, fait pour relier les peuples de nationalités diverses entre eux, est naturellement sensible à toute modification des relations internationales. Il faut prendre cette activité dans son ensemble, depuis la construction aéronautique jusqu’au transport final des passagers, en passant par la négociation des droits de trafic qui deviennent une arme géopolitique majeure, ou les décrets d’embargo utilisés comme une arme de guerre, sans oublier l’octroi des visas ou les interdictions de survol.
C’est ainsi, par exemple, que les opérateurs européens sont très pénalisés vis-à-vis de leurs homologues chinois dans les échanges entre le Vieux Continent et l’Asie. Ne pouvant plus traverser l’immense espace sibérien contrôlé par la Russie, qui leur en interdit le survol en réponse à l’embargo occidental, ils sont condamnés à allonger les parcours de deux heures dans chaque sens, alors que les compagnies chinoises peuvent, à loisir, utiliser la route sibérienne, beaucoup plus courte.
Le cas du Brexit et de la Russie
Dans un tout autre ordre d’idées, le Brexit a privé les transporteurs britanniques de l’accès au ciel ouvert européen, qui leur avait été si profitable. Ils ont certes pu contourner cette difficulté en créant de toutes pièces des compagnies de droit européen, mais cela n’a tout de même pas amélioré les échanges entre le marché anglais et le reste de l’Europe. Dans le même ordre d’idées, certains esprits pensent peser sur les relations politiques entre la France et l’Algérie en utilisant l’arme des droits de trafic, en limitant, voire en supprimant lesdits droits jusqu’à la résolution des actuelles tensions. Le sujet est d’autant plus sensible lorsqu’on connaît le très grand nombre d’Algériens installés en France et qui, pourtant, ont gardé tous leurs liens familiaux avec leur pays d’origine.
L’embargo décrété à l’encontre de la Russie a, lui, un effet majeur sur la maintenance des appareils utilisés dans cet immense pays, car ils sont, dans leur immense majorité, de construction occidentale, et leur entretien dépend de la fourniture de pièces détachées. Or le pays ne peut s’en procurer que par des voies très détournées et en toute petite quantité. Et sans transport aérien efficace, on voit mal comment la Russie pourrait ne pas régresser, même si ses ressources minières et énergétiques lui permettent de maintenir un niveau budgétaire suffisant.
Un désir de voyage qui reste important
Au fond, on assiste à un revirement général de la géopolitique mondiale vers un repli sur soi, comme on l’a connu à la fin de la Première Guerre mondiale. Cela est d’autant plus dommageable que le formidable élan de coopération internationale, largement porté par un transport aérien en pleine expansion, a permis de transformer la planète au cours des dernières décennies, même si quelques difficultés parfois importantes ont dû être traversées. Reste que le désir de voyage semble toujours aussi important. On ne voit toujours pas ralentir la croissance de cette activité. Cela reste un signe d’optimisme pour le monde, car tant que les hommes voudront rencontrer les autres habitants de la planète, cela contribuera à apaiser les tensions. Je note d’ailleurs que quelques lueurs d’optimisme apparaissent ici ou là, par exemple en Syrie ou entre le Kurdistan et la Turquie. Le Liban retrouve petit à petit son autonomie.
Le transport aérien est l’outil essentiel pour une vie apaisée dans notre monde devenu instable et, à l’inverse des réseaux sociaux, qui finalement isolent les individus au lieu de les amener vers les autres, l’avion conduit, lui, les personnes à se rencontrer physiquement, pour le meilleur.