Cosa c’è di nuovo a Milano ?*

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Quoi de neuf à Milan ?
Passage Victor-Emmanuel II, majestueux trait d'union entre les deux mythes milanais, Scala et Duomo.

*Quoi de neuf (ou de moins neuf mais passionnant) à Milan ? De retour de la capitale lombarde, nous avons sélectionné cinq lieux qui nous ont enchanté.

Bien sûr, le Duomo, la fantasmagorique cathédrale de Milan. Evidemment, la Scala, le mythique opéra de la ville. Naturalmente, la galerie Victor-Emmanuel II, somptueux passage néo-baroque entre place du Dôme et Scala. Mais, au-delà de ces incontournables qui ont le bon goût, dans cette ville volontiers « walking distance », de se concentrer dans un périmètre très serré, que faire, que voir et où manger dans Milan ? Les options sont pléthoriques et, parmi elles, nous avons sélectionné des lieux qui nous ont enchanté…

La Pinacothèque de Brera

Pinacothèque de BreraBrera, c’est d’abord le nom d’une rue qui part du centre historique de Milan et, par extension, le nom d’un quartier très prisé des Milanais quand il s’agit d’aller manger une escalope panée « Oreille d’éléphant » en étant proche de l’ultra-centre tout en évitant les boui-bouis à touristes qui truffent les hauts-lieux touristiques de la ville. Sa Pinacothèque (son musée de peinture) est fort réputée et en l’intégrant à notre choix, nous n’avons pas la prétention de la faire connaître… Mais plutôt de lui redonner un coup de projecteur car, de fait, ce sont surtout les Milanais qui la fréquentent. Pourtant, elle justifie, autant que le Duomo, le voyage à Milan. Des chefs d’œuvres de la peinture italienne, du Moyen-Age au XIXe siècle s’y donnent à voir : Carpaccio, Bellini ou Francesco Hayez (le fameux Baiser s’y trouve – encore plus fréquenté que l’incroyable Lamentation sur le Christ mort de Mantegna) sont ici chez eux. Et ce qu’il y a de particulièrement plaisant, c’est qu’en plus d’être un musée, les lieux abritent aussi une Académie (une école des Beaux-Arts, dirait-on en France) qui soustrait l’ensemble à la solennité muséale en peuplant ses allées d'étudiants, carnet à croquis ou planche à dessins sur les genoux.

Wes Anderson à la Fondation Prada

Installée depuis 2015 dans d’anciennes usines de la banlieue sud de Milan, la Fondation Prada s’est enrichie en 2018 de la Torre qui clôt l’ambitieuse geste architecturale de l’ensemble. La réalisation porte bien son nom : elle consiste en une tour de béton blanc haute de 60 mètres due à l'architecte star Rem Koolhaas. Dans ce bâtiment qui évite autant qu’il le peut l’angle droit et la perspective morne, on trouve, comme dans le reste de la Fondation, des œuvres d’artistes contemporains. On conseille, pour le visiter, d’emprunter son incroyable ascenseur. Mais ce qui nous a le plus emballé se trouve de plain-pied, dans un autre espace, et relève d’une expression artistique de facture bien plus classique, celle du cabinet de curiosités. Le réalisateur Wes Anderson, en collaboration avec son épouse, l’illustratrice libanaise Juman Malouf, s’est fait curateur de l’exposition "Il sarcofago di Spitzmaus e altri tesori" (traduisible par "La momie musaraigne dans un cercueil et autres trésors" - oui, il y a bien un mini sarcophage de souris datant de l'Egypte ancienne dans l'expo) qui regroupe des centaines de pièces des collections du Musée d’histoire de l’art et du Musée d’histoire naturelle de Vienne dans une sorte de carambolage poétique qui donne à l’ensemble des airs de musée imaginaire des plus fascinants. Jusqu’au 13 janvier 2020

Voce

VoceLa gastronomie et l’art, à n’en pas douter, deux des premiers termes qui apparaîtraient à l’article « Italie » d’un dictionnaire analogique. On a adoré, à Milan, un lieu qui les conjugue ou, plutôt, qui les fait dialoguer puisque qu’il s’appelle Voce. La voix qui est ici portée se fait entendre des hommes d’affaires à l’heure du déjeuner, de couples en quête d’un dîner chic en soirée. Il s’agit en fait d’un restaurant qui prend place dans le même bâtiment que le Museo delle Gallerie d’Italia. Mais en lieu et place de peintures italiennes classiques on a droit a de belles assiettes, rigoureuses et contemporaines, italiennes elles aussi. Face à la Scala, Fabio Pisani et Alessandro Negrini y mettent en musique les plus beaux produits de la Péninsule. Dans un décor qui trouve son improbable point d’équilibre entre le palazzio et la brasserie Années folles, on peut notamment se délecter d’un poulpe rôti au romarin, câpres, olives et scamorza fumée ou, faites avec le même souci de simplicité dans la mise en vedette du produit brut, des pâtes cuisinées dans un bouillon de poissons et de crustacés.

Giacomo all’Arengario

Giacomo ArengarioComme pour le Voce, notre choix se porte sur un restaurant qui baigne dans l’art. Il se trouve en fait dans les locaux du musée Novecento, dédié à l'art italien du XXe siècle, soit sur la place du Duomo avec vue imprenable sur les flèches de la cathédrale. Sur sa terrasse, en été, le spectacle doit être formidable… Mais même sous le ciel bas de novembre, de la salle aux lumières tamisées des lieux, la dimension panoramique est encore là pour sublimer la dégustation de ce qui se trouve dans l’assiette. Ce qui s’y trouve se démarque, soyons clair, davantage par le savoir-faire du chef que par sa folle originalité. Peut-être la localisation « place to be » oblige-t-elle à un unanimisme qui bride l’audace. Cependant, le moment est garanti délectable et pas uniquement pour la vue : l’œuf poché à la truffe, aux porcini et à l’orge soufflé, le carpaccio d’huître, sorbet basilic-citron et salicornes ou encore le bar en croûte de sel sont à se pâmer. Mention spéciale au service : classe mais décontracté, grand style mais plein d’humour.

Bar Luce

Bar LucePour boire un verre dans l'après-midi, on ne s'est pas foulé et on ne l'a pas regretté : le café de la Fondation Prada, alias Bar Luce. C'est Wes Anderson, encore lui, qui en a conçu la déco. Depuis au moins sa magnifique fresque loufoque Grand Budapest Hotel, on le sait amoureux du décor, des ambiances, surtout quand ceux-ci convoquent un passé peuplé de fantômes aussi surannés qu'inoffensifs. Sur ce plateau-là, un mélange inédit de design italo-formica pastel, parfait pour une rencontre Tati-Fellini, et des allures de diners Sixties, idéales pour une partie de flipper avec le Travolta de Grease. De quoi filer la banane, accompagné d'un ristretto mousseux ou d'une Nostra Azzura fraîchement tirée.