Orly, nouvelle base de projection mondiale d’Easyjet

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Orly devient la 4ème base du Worldwide by Easyjet, un programme visant à connecter la low cost britannique, spécialisée dans le moyen-courrier, à toutes les destinations du monde. Potentiellement révolutionnaire…

Le mardi 22 octobre, après Londres-Gatwick, Milan-Malpensa, et Berlin-Tegel, l’aéroport Paris-Orly est devenu la 4e base de « Worldwide by Easyjet » (WBE). Ce programme, qui affiche ses ambitions jusque dans son nom, permet au voyageur d’acheter un billet end-to-end comprenant un vol moyen-courrier Easyjet et un vol long courrier d’une autre compagnie.

En quoi est-ce nouveau ? Bien sûr, ce genre de panachages se pratique depuis longtemps et est même en plein boom depuis l’essor des compagnies low cost (LCC) notamment sur les vols long-courrier… La nouveauté, ici, c’est que le voyageur a accès à une plateforme qui lui propose le trajet composé de deux vols ; un système de reprogrammation ou d’échange de billet en cas de déconvenue et, surtout, une assistance à la correspondance…

D’ailleurs, chez Easyjet, on nous confirme : « Quand, en 2017, on met en place ce système, l’habitude du self connecting est déjà là. Quand on arrive, on ne fait que rationnaliser tout ça en proposant une plateforme qui vend 2 vols dont un vol Easyjet et un service de self connect mis en place par l’aéroport, le tout en une transaction ».

Self Connect

Le self-connect, cette correspondance entre deux vols en-dehors du système de partage de codes que pratiquent entre elles les grandes compagnies d’une même alliance, est donc facilité. Concrètement, le voyageur ayant choisi la solution WBE dans le cas d’un Nice-New york, récupère ses bagages à Orly après son vol depuis Nice opéré par Easyjet, les dépose au desk self connect à proximité, et ceux-ci sont pris en charge pour le reste du voyage qui peut inclure un changement de terminal. Le voyageur, lui, devra s’acquitter d’un nouveau passage par la sécurité mais en bénéficiant d’un accès prioritaire.

La mise en place d’un tel système implique un service facilitateur de correspondance dans l’aéroport. A Gatwick et Milan, ce sont les aéroports eux-mêmes (Gatwick connect et Milano service) qui l’assurent. Orly étant dépourvu d’une telle offre, c’est une société de services aéroportuaires, Alysia 3S, qui s’en charge.

En outre, à l’image des partages de codes entre compagnies classiques, ce service effectivement worldwide implique un accord contractuel avec d’autres compagnies. L’arrivée du programme d’Easyjet à Orly s’accompagne à ce titre d’un partenariat avec La Compagnie (pour des liaisons avec New York) et Corsair (Caraïbes, Océan Indien, Amérique du Nord). Ces deux nouvelles compagnies s’ajoutent à la liste des partenariats WBE, noués dans les trois autres aéroports déjà connectés mais qui s’appliquent à chacun d’entre eux : Air Transat, Aurigny Air Services, LoganAir, Neos, Norwegian, Scoot, Singapore Airlines, Westjet.

Alliance des petits ?

Les compagnies signataires sont généralement des petits Poucet, tentant de se faire des places de niche au côté des grandes compagnies d’alliance… Pourtant, deux noms ressortent de la liste. Norwegian, d’abord, qui, avec sa flotte de plus de 150 appareils et ses nombreuses bases, représente une force de frappe qui vient relativiser l’idée d’une « alliance des petits ». Singapore Airlines, ensuite, puisque la compagnie de la Cité-Etat, bien que membre de Star Alliance, succombe à l’attrait de WBE. Mais si on ajoute les compagnies qui ne sont partenaires WBE que sur Gatwick (pour l’instant), le sentiment que la noblesse de l’aérien est tenté de s’encanailler se confirme : Emirates, China Airlines, Cathay Pacific, Virgin Atlantic.

Dès lors, la perspective d’une cohabitation entre, d’un côté, un WBE et une déclinaison de ce type de partenariats pour d’autres compagnies low cost et, de l’autre, un système de partage de codes maintenu entre grosses compagnies membres d’une alliance internationale, est chancelante. N’est-ce pas, à terme, le système des hubs qui est remis en cause ? Chez Easyjet, la réponse est tout en modestie : « Au bout d’un moment, quand on est dans le même secteur, on peut considérer que tout est en concurrence… Mais ici, nous ne le pensons pas : pour ceux qui veulent du tout compris, des escales optimales, par leur brièveté notamment, il y aura toujours le code-share ». A voir…

Pour l’heure, le système pourrait s’étendre à d’autres compagnies partenaires – « Nous sommes en discussion permanente », et à d’autres aéroports – « Genève où nous sommes n°1 ou encore Amsterdam, peut-être Roissy ». Le but : mettre au service de WBE, le réseau Easyjet, le plus important d’Europe.