Vol AF447 : le dernier rapport met en cause les pilotes

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La contre-expertise commandée par la justice sur les causes de l'accident du vol Rio-Paris d'Air France survenu en juin 2009, met principalement en cause les pilotes de la compagnie. Ces conclusions provisoires indignent les syndicats, les familles des victimes ainsi que la compagnie.

Les experts, appelés par la justice à se prononcer sur les raisons du crash AF 447 qui a fait 228 morts, estiment que la "cause directe" de l'accident est la "perte de contrôle" de l'appareil qui "résulte des actions inadaptées en pilotage manuel" de l'équipage.

Ils ont également identifié comme "causes indirectes" : l'"insuffisance d'entraînement de l'équipage au pilotage à haute altitude", un manque de formation et l'absence initiale du commandant de bord. Dans ce nouveau rapport, Airbus est seulement mis en cause pour "l'ambiguïté du classement de la procédure Stall" (alarme de décrochage) dans la documentation du constructeur comme dans celle d'Air France.

Ces conclusions qui chargent lourdement l'équipage disparu et minimisent les responsabilités de l'avionneur, indignent les familles. "Nous ressentons la plus grande indignation, à la limite de l’écœurement", a confié à la presse Danièle Lamy, la présidente de l'association de victimes Entraide et solidarité AF447. "Le problème des sondes Pitot est balayé, on a l'impression qu'Airbus est intouchable. C'est toujours la faute des pilotes qui ne sont pas là pour se défendre".

Un ressenti partagé par le SNPL. Le syndicat des pilotes explique dans un communiqué : "Dans l’attente d’une lecture et d’une analyse approfondies de ce rapport provisoire, le syndicat majoritaire des pilotes de ligne indique qu’il n’entend pas laisser s’imposer une vision simpliste où toute la responsabilité de cette tragédie serait portée par nos seuls collègues malheureusement disparus".
 
Il met en garde : "il ne faut pas réduire les causes de l'accident à un seul facteur", ajoutant "Dans le cas de l'AF 447, les éléments contributifs à l’accident sont à rechercher plus largement dans la conception de l’avion et la logique de ses alarmes, dans les procédures édictées par le constructeur, dans le programme d'entraînement des pilotes et dans l’attitude de l’autorité de tutelle et de l’Agence Européenne de Sécurité Aérienne (AESA).
Contrairement à ce que le SNPL a pu lire dans certains articles, tous ces facteurs sont d’ailleurs pointés du doigt par le projet de rapport qui souligne, par exemple, combien la conception de l’alarme de décrochage a été source de confusion pour l’équipage. Ces différents facteurs ont contribué à complexifier incroyablement la situation et à rendre l’hypothèse de la récupération du contrôle de l’appareil extrêmement hasardeuse"
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L'organisation conclut : "La position de notre organisation ne fléchira pas : seule la considération de l’ensemble des causes d’une tragédie, sans se cantonner à un simplissime « c’est la faute des pilotes », permettra d’établir l’ensemble des responsabilités, préalable impératif à l’amélioration de la sécurité des vols".
 
Air France - mise en examen avec Airbus pour "homicides involontaires" - indique de son côté qu'elle ne souscrit pas "aux conclusions qui conduisent notamment à la mise en cause sévère de l'équipage disparu", dont elle entend "défendre la mémoire". "La sécurité des vols est et a toujours été sa première priorité, la formation des pilotes a toujours été assurée avec exigence, en conformité avec la réglementation en vigueur, sous le contrôle de la Direction de l'aviation civile", conclut la compagnie.