Brexit et impact à court terme

493

Les citoyens britanniques ont voté en faveur du Brexit le 23 juin 2016. Ce vote en faveur du retrait de l’Union Européenne entraînera la mise en place d’une phase de négociations sur deux ans visant à définir l’orientation future des relations que le Royaume-Uni entretient avec l’UE. Cette période pourra être prolongée, sous réserve du consentement unanime des autres États membres.


Incertitude : les conséquences négatives à court terme

Il est quasiment certain qu’une décision en faveur du Brexit donnera lieu à des retombées à court terme, notamment :
  • L’incertitude sur l’avenir des relations commerciales entre le Royaume-Uni et l’UE affectera la confiance sur les marchés, les échanges et l’investissement, une situation qui suscitera des répercussions claires pour l’industrie du voyage d’affaires.
  • La confiance des investisseurs en souffrira également, attendons-nous par conséquent à connaître une période de volatilité sur les marchés financiers.
  • Les conséquences politiques faisant suite à un référendum sont inévitables, mais les désaccords au sein du gouvernement ne contribueraient en rien aux efforts à fournir lors de cette période de transition majeure.

Impact économique

À mesure que la date du référendum approchait, nous avons déjà assisté à certains bouleversements de l’activité économique, avec des entreprises attendant l’issue du vote pour décider de leurs dépenses d’investissement futures.
La crise de confiance des entreprises entraînée par le Brexit s’accompagnera d’une réduction des investissements prévus par ces dernières, qui attendront de disposer de davantage de visibilité sur la situation post-Brexit. Plutôt que d’augmenter de 6,5 % en 2017 comme l’indiquent les prévisions actuelles, l’investissement des entreprises chutera de près de 2,5 %.[2]

Le cours des actions en pâtira également : l’institut Oxford Economics pense que les indices FTSE pourraient facilement chuter de plus de 5 % au deuxième semestre 2016.
Les taux de change subiront les impacts les plus dévastateurs. L’institut Oxford Economics prévoit la dépréciation rapide de la livre sterling par rapport au dollar américain (15 %), avant sa stabilisation à 9 % d’ici le début de l’année 2017, soit une perte de valeur de plus de 10 % par rapport à l’euro. La crise du Brexit entraînera également une chute de 4 % de l’euro par rapport au dollar.[3]

La dépréciation de la livre sterling ne sera pas bienvenue pour les consommateurs, car elle contribuera à l’augmentation du coût des importations. La hausse de l’inflation qui en découlera pèsera sur le pouvoir d’achat des ménages et fera chuter les achats de biens de consommation. La dépréciation de la livre sterling stimulera néanmoins les exportations, les biens britanniques devenant dès lors moins coûteux sur les marchés internationaux.
L’ensemble de ces conséquences entravera la croissance économique à court terme. Si le Royaume-Uni décide de quitter l’UE, la croissance de son PIB s’élèvera à 1,6 %, contre 2,3 % en cas de maintien.

Au cours de la période de négociations de deux ans, peu de choses changeront pour le secteur commercial britannique, incertitude politique et économique accrue mise à part. Les négociations commerciales pourraient même se poursuivre après cette période. En deux ans, le Brexit aura coûté au Royaume-Uni 1,3 point de pourcentage de croissance, un impact « notable, mais pas catastrophique » pour son économie.[4]

Quel impact sur les autres pays européens ?

Le Brexit entraînera un impact économique purement « négligeable » pour le reste de l’Europe. Il s’accompagnera d’une baisse de seulement 0,4 % du PIB de l’UE pendant les deux ans de négociations.[5] Les économies de l’Irlande et des Pays-Bas étant les plus exposées, en raison de leurs relations commerciales et financières bien établies avec le Royaume-Uni.

Une sortie fluide et réussie de l’UE ne peut cependant pas être bénéfique pour tous. Les responsables politiques pro-UE peuvent craindre qu’un Brexit encourage d’autres États membres à réfléchir à leur propre situation. Ces craintes sont largement infondées : la plupart de ces États sont membres de la zone euro et une sortie de l’union monétaire pourrait se révéler beaucoup plus compliquée et coûteuse que le simple fait de quitter l’UE. Il est néanmoins possible que ces craintes participent à la frilosité de l’UE quant à la concession de conditions favorables au Royaume-Uni après le Brexit. Les bouleversements et les coûts associés au Brexit pourraient être beaucoup plus importants que prévu.
 

Brexit et industrie du voyage

Pour l’industrie du voyage, l’ABTA (Association of British Travel Agents) pense que les risques potentiels et l’incertitude d’une sortie de l’Union européenne éclipseront les éventuels avantages qu’elle peut procurer.[6]. Le PDG de l’organisation, Mark Tanzer, considère qu’un vote en faveur d’une sortie de l’UE « donnera lieu à des incertitudes et pourra entraîner un accroissement des coûts pour les entreprises de l’industrie du voyage et ses voyageurs ».

Le Brexit impliquera un ajustement des réglementations stratégiques du secteur, notamment en ce qui concerne le marché unique du transport aérien en Europe, les accords « open skies », les lois de protection des consommateurs et les règles en matière d’indemnisation en cas de retard. Une grande partie de ces réglementations œuvrent à la fois au service des voyageurs d’affaires et des voyageurs du secteur loisirs, et les protègent. Les déplacements entre Royaume-Uni et Europe pourraient ainsi devenir plus difficiles. À l’avenir, les voyageurs pourraient même avoir besoin d’obtenir des visas pour leurs séjours de longue durée au Royaume-Uni ou en UE. Le Brexit peut en outre avoir une incidence sur l’accès des voyageurs à des soins de santé d’urgence gratuits lors de leurs déplacements au sein de l’UE et en Suisse.

Avec la fin de la libre circulation au sein de l’Europe, les voyageurs, les travel managers et les agences de voyages devront s’organiser davantage, un phénomène qui se traduira par une augmentation des coûts. L’industrie de l’accueil souffrira probablement également, en raison de sa dépendance au recrutement de personnel extraterritorial.

Un Brexit pourrait nuire aux flux importants de déplacements du Royaume-Uni à destination de l’Europe. L’UE étant le marché d’exportation le plus important du Royaume-Uni, tout dérèglement des liaisons commerciales affectera l’industrie du voyage. Avec la dépréciation de la livre sterling, le budget des acheteurs voyage ne pourra plus prendre en charge le coût des déplacements internationaux. Les déplacements internationaux à destination du Royaume-Uni seront toutefois moins onéreux, une bonne nouvelle potentielle pour les hôtels britanniques.

La réglementation de l’UE a contribué à l’ouverture du marché du transport aérien en Europe, avec des vols moins chers et davantage de destinations desservies. Le PDG de Monarch Airlines, Andrew Swaffield, nous avertit qu’une sortie de l’UE entraînera « très probablement » une augmentation des tarifs des billets d’avion et une réduction du nombre de vols planifiés entre Royaume-Uni et UE.[7]

À l’instar de tout autre secteur, dans un contexte d’une issue favorable à une sortie de l’UE, l’industrie du voyage sera exposée à une longue période d’incertitude liée à la renégociation des traités et réglementations.
 
Cette Tribune de Mike Eggleton a été initialement publiée sur le blog d'Advito (en Anglais).

[1] Financial Times,  « Brexit poll tracker », 15 juin 2016
[2] Oxford Economics, « The short-term impact of Brexit », mars 2016
[3] Oxford Economics, « Global Scenarios », juin 2016
[4] Oxford Economics
[5] Selon l’analyse de l’institut Oxford Economics
[6] Travelmole, « Brexit would be bad for travel, say ABTA », 15 mars 2016
[7] The Guardian,  « Brexit risks higher fares and fewer flights for UK tourists », 16 mars 2016