Face à des fees à un euro, les nerfs de certains craquent !

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Alors c’est donc vrai ? Nous sommes des perturbateurs, des provocateurs, des journalistes de pacotille tout juste bons à tester des classes affaires et à manger des sandwiches dans des salons au bout du monde ? Pire, nous cherchons à semer le chaos dans une industrie bien établie qui ne demande qu’à vivre au calme, cachée dans un maquis tarifaire que même les clients ont du mal à percevoir.

Que n’a-t-on dit ou écrit sur l’article consacré à Voyage Expert et au lancement d’une solution basée sur des fees à un euro ! Et encore, estimons-nous heureux car nous n’avons pas été les premières victimes des commentaires acerbes et des menaces à peine voilées. Les partenaires de cette innovation en ont également pris pour leur grade, pressions économiques en plus.

Il va falloir que tous ces Cassandre justifient de la folie d’une telle offre à une époque où la technologie a pris le pas sur les agents physiques qui, dans les années 80, émettaient à la main ou en machine des billets papier indispensables aux voyages. Malheureusement, ou heureusement, nous sommes désormais engagés dans la dématérialisation. Je viens de faire un A/R entre Paris et Bordeaux sans jamais avoir vu un guichetier. Le tout de chez moi. Aujourd’hui, un voucher comme un tag de compagnie aérienne se logent sur les smartphones ou les iWatch. Et c’est un secret de polichinelle connu de tous : entre la demande et l’émission du billet, c’est une machine qui assure le tout. Que vendent alors les intermédiaires ? Reproche-t-on à Captain Train de ne pas prendre de frais sur l’émission d’un billet de train ? Ou à Booking et hotels.com de faire la même chose ?

Désormais, magie de l’internet (ou drame du tout numérique), l’achat en ligne s’est automatisé. C'est un fait, et la base de la discussion.

Que dit Eric Ritter, de Voyages Experts ? Tout simplement : si j’ai du volume sur tick n'move, je me paye avec les marges arrières et je prends 1 euro pour assurer le développement technologique. Il appelle cela, « la transparence des prix ». Seule obligation, que le billet soit « réalisable automatiquement de bout en bout ». Sinon ? C’est la structure classique de la TMC qui prend le relais avec les coûts habituels.

Où est sa valeur ajoutée : dans la mise à disposition d’une facturation détaillée, d’une gestion des voyageurs, d’un reporting et d’un outil SBT. Pour qui ? Pour des entreprises ayant plus de 300 000 € de budget voyage. Une marche minimum de rentabilité.

Voilà l’offre. Elle est loin d’être irréaliste. Et en deux jours, deux grands comptes et des ETI ont approché Voyage Expert pour étudier le contenu concret de la proposition. La curiosité est nécessaire quand on est acheteur. La refuser, c’est s’enfermer dans le passé.

Bien évidemment, le problème est plus complexe et l’avenir plus restreint. Tout le monde le dit et l’écrit, l’avenir d’une TMC réside dans sa capacité à facturer un service réel. En parlant de 3ème révolution du voyage d’affaires, Charles Petruccelli regardait du côté du mobile. Là aussi, des innovations arrivent. Dans moins de 6 mois, de nouveaux outils construites autour de l’intelligence artificielle feront leur apparition. Nouveaux séismes en marche.

Bref, vendre cher ce qui peut se faire sans aucune intervention humaine est devenu irréaliste. Mais pour certains fournisseurs, c’est difficile à avaler.

Pour éviter de se remettre en cause, on critique souvent sans savoir, sans connaître. Il est tellement plus simple de nier plutôt que de chercher à comprendre.

Dans les prochains mois nous verrons bien des changements arriver dans le monde du voyage d’affaires. Notre mission, contre vents et marées, sera toujours d’en parler… Même entre deux tests de business class dans des salons au bout du monde.

Marcel Lévy