L’Etat invité à faire la chasse aux petits aéroports

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Le rapport Cap 2022 établit une longue liste des économies potentielles pour un total de 30 milliards d'euros que la France peut faire, et il n'est pas tendre avec les petits aéroports. Il est vrai que bon nombre d'élus ont vu dans le transport aérien un outil de valorisation de leur territoire… Et de leur image personnelle. Pour les rapporteurs, l'État doit donner un coup d'arrêt au développement de ces plateformes couteuses et inutiles.

Ce n'est pas la première fois que le sujet revient sur le tapis et le groupe de réflexion Cap 2022 - Comité Action Publique, mis en place par le 1er ministre à l'automne dernier pour réfléchir à la modernisation de l'Etat - est très clair dans ses propositions concernant les petits aéroports. En résumé : "Trafic trop modeste pour garantir une rentabilité à court et moyen terme", voilà pour le constat qui montre du doigt pas moins de 101 aéroports sur 120. Et pour cause, 19 aéroports font à eux seuls le trafic de tous les autres réunis. De quoi inquiéter les gestionnaires des plateformes de province ! D'autant que pour survivre, il faut générer du trafic, le plus souvent acheté à prix d'or à des transporteurs européens qui imposent des partenariats coûteux. Une quadrature du cercle qui attire l'attention de la Communauté Européenne.

Concrètement, le rapport propose la mise en place d'un rapport triennal dont la finalité est d'étudier la rentabilité des aéroports de moins de 700 000 passagers par an. En 2017, selon l'UAF (Union des Aéroports Français), seuls 44 aéroports dépassent les 200 000 mille passagers annuels. Autant dire que les autres sont considérés en déficit chronique, même si le trafic estival vient renforcer leur attractivité territoriale.

Le rapport remis au Premier Ministre pose d'autres questions. Quid des emplois gérés par les structures locales ? La continuité territoriale peut-elle être assumée uniquement par le train qui souhaite se désengager des lignes ferroviaires déficitaires au bénéfice des seules régions? Doit-on repenser la carte de France des aéroports dans les deux ans à venir ?

Si le constat de Cap 2022 est sans appel pour les petites plateformes, l’État ne semble pas prêt à le suivre les yeux fermés. Elisabeth Borne, la Ministre des Transports, ne cache pas que les conclusions radicales demandent à être modulées. Et d'affirmer qu'elle préférerait "accroître le soutien aux petites lignes", ce qu'elle fait déjà d'ailleurs à Limoges, par exemple. Pas question non plus de toucher aux obligations de service Public (OSP) dans l'aérien. Bref, "no change" pour le moment.

Air France a publié un rapport sur sa présence territoriale et justifié son engagement sur ce marché. Dans les régions, le tollé est immense. Beaucoup d'élus jugent le rapport peu ou pas fouillé et contestent "des résultats rapides qui ne prennent pas en compte la réalité du tissu économique local".

Seule certitude, Édouard Philippe a affirmé que Matignon n'allait pas enterrer ce rapport explosif, mais n'a pas précisé ce qu'il voulait en faire. Caler une armoire ?