Le Baromètre Mondial Assistance – Déplacements Pros 2011 Le voyage d’affaires vu par les voyageurs

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Après les restrictions budgétaires apportées depuis deux ans aux politiques Voyages des entreprises, comment les voyageurs vivent ils leurs déplacements Professionnels ? Cette question est au cœur de ce troisième Baromètre Mondial Assistance -DéplacementsPros, publié comme chaque année au moment du Salon professionnel du tourisme IFTM-Top Resa.

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Faut-il le préciser "voyageur d'affaires" n'est pas un métier à part entière mais la conséquence indirecte d'une activité professionnelle. D'ailleurs si, pour 37% d'entre eux, voyager reste un plaisir, la majorité des collaborateurs voyage par obligation professionnelle. Et 31% des jeunes cadres soulignent que voyager pour l'entreprise sert une carrière. Mais la crise est encore présente. Pour 63% des voyageurs d'affaires, la politique voyages de leur entreprise n'a quasiment pas varié en 2011 par rapport aux mesures mises en place en 2009/2010. Autre constat, les voyages "d'une journée" se multiplient. Entre 2010 et 2011, la hausse de ces déplacements rapide est importante : + 14 %. Autre observation : 27% du panel a plus voyagé entre septembre 2010 et juin 2011. Un chiffre qui semble confirmer les résultats économiques des professionnels du voyage d'affaires pour 2011.

Il reste que la qualité n'est pas toujours au rendez vous : billets non modifiables, classe économique pour les vols de moins de 6 heures ou absence d'intérêt de la part de l'entreprise pour ses voyageurs... 2011 ressemble à 2010. Seul changement notable, les voyageurs abordent désormais la vision sociale du voyage : récupérations ou compensations financières sont clairement demandées... Mais sans réponse de la part des entreprises. "La crise à incontestablement rigidifié la vision des acheteurs voyage dans la plupart des sociétés", explique Alain Joyet, sociologue d'entreprise, "Pris entre une direction financière qui exige des économies et des voyageurs lassés d'être peu entendus, on constate que la machine grince. Mais elle avance toujours. Cela s'explique par le fait que voyager est valorisant, casse les codes quotidiens et met en avant le voyageur. Tous acceptent cette rigueur car elle permet d'échapper à la pression de l'entreprise".

Pour 2011, nous avons fait le choix, à partir des données récoltées d'octobre 2010 à septembre 2011, d'établir état des lieux du voyage d'affaires vécus par ceux qui les pratiquent quotidiennement
La fin 2008 et l'année 2009 ont été les années de resserrement des budgets et des politiques voyages. Les habitudes - les bonnes habitudes disent les Directions Financières - ont été prises. 2010 a été l'année de la continuité, et finalement le relâchement ne s'est que rarement produit: un quart seulement des voyageurs interrogés constatent une politique Voyages plus souple. Manifestement, les règles établies sont intégrées comme une nouvelle normalité. Est-ce la pression de certains voyageurs d'affaires fatigués qui a permis un allègement chez certains ?

Je suis tout à fait d’accord. Chez Kodak, nous sommes en pleine restructuration. Nous avons donc de plus en plus de contraintes sur les coûts des voyages.
Pascale Pitou, Travel Manager chez Kodak
La politique voyage ne s'est pas assouplie, et manifestement dans 2/3 des cas elle n'a pas évolué non plus en volume. Certains ont réduit le volume de déplacements (12 %), cela correspond il à une plus grande réflexion sur le besoin ou non de se déplacer ou à une transformation du déplacement en "conf call" ou visioconférence ? La réponse ne le précise pas.
Notons que l'élan économique du début d'année semble avoir eu des retombées sur presque 1/3 des entreprises: 27 % des voyageurs d'affaires soulignent une hausse du volume des déplacements de leur entreprise.

La situation est exactement à l’identique. La Politique voyage n’a pas changé chez nous depuis l’année dernière.
J-Pierre Drioux Travel Manager chez Axa France
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Voilà une tendance extrêmement claire: les One day Trip sont plus que jamais une réalité, 63 % des voyageurs d'affaires constatent une hausse de cette formule de déplacements ! Est-ce un souci d'économies, en éliminant la facture d'hôtel , quitte à rendre le voyage plus lourd pour le collaborateur ? Cela est-il lié aux modifications d'horaires des trains ou surtout des compagnies aériennes, soucieuses d'offrir cette possibilité demandée par leurs passagers ? Difficile à dire, cela peut aussi correspondre à la croissance de l'économie avec nos voisins: il faut se rappeler que le premier partenaire économique de la France est l'Allemagne, une destination qui est effectivement accessible en une seule journée de déplacement.

Les voyages d’un jour constituent un vrai phénomène, d’une part pour éviter le coût des nuités, d'autre part en raison du développement du marché européen pour de nombreuses entreprises françaises. Des pays où l’on peut faire le voyage sur la journée. Ce qui est très fatiguant pour les voyageurs car on se lève très tôt et on rentre très tard.
Marjorie Chauty Travel Manager
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La durée moyenne du déplacement professionnelle, toutes destinations confondues, a baissé entre septembre 2010 et septembre 2011. Elle est passé de 4,4 jours à 3,7 jours.

Ce tableau corrobore le précédent: la durée moyenne du déplacement a baissé, puisque les voyages d'un jour sont plus nombreux. Imparable. Il reste que les deux tiers (65 %) des voyages d'affaires ont encore une durée supérieure à 3 jours. De quoi consoler les hôteliers et les résidences d'appart'hôtels.

Il y a plusieurs phénomènes : le prix bien-sûr mais les voyageurs ont changé également. Les jeunes ne veulent plus partir 8 jours/15jours. Il y a une vraie problématique de la vie privée. Elle a pris beaucoup plus d’importance surtout avec l’augmentation de la population féminine dans tous les métiers. Elles ont des enfants, une vie de famille, elles veulent rentrer chez elles. La durée n’est pas une fin en soi. Aujourd’hui si l’on peut faire le voyage en 2 jours, on ne le fera pas en trois.
Jean-claude Tacnet consultant ancien Directeur Général Carlson wagonlit Travel
La sécurité, c'est de plus en plus une préoccupation pour les entreprises, pour des raisons juridiques, économiques et morales. C'est une question que se posent également les voyageurs d'affaires puisque 64 % d'entre eux se sont posé la question et ont eu une réponse, récente ou ancienne. Il n'y a que 14 % d'entre eux qui ne se la posent pas, ce qui ne veut pas dire, au demeurant, que leur entreprise ne s'en préoccupe pas. Il reste les 22 % de voyageurs d'affaires qui voyagent en Europe et ne se sentent donc pas concernés. Sans doute ont ils le sentiment d'assurer correctement leur sécurité dans un environnement familier, il n'est pas sûr que les spécialistes de la sécurité soient d'accord avec cette analyse.

Ce qui est assez préoccupant, c'est que seulement 17% des gens savent être suffisamment assurés. Mon sentiment est qu’il y a un problème de communication entre le Traveler Manager et le voyageur d'affaires. Le TM n’est pas forcement bien formé, il doit apprendre à obtenir la bonne information et la transmettre ensuite au voyageur. Il y a également un problème d’outil, les voyageurs n’ont pas forcement les cartes d’assistances ou les contrats avec eux. Il est donc important de développer des outils que les voyageurs utilisent, comme les applications sur les smartphones. Ils auront plus facilement les bonnes informations avec eux.
Céline Chopin directrice commerciale de Mondial Assistance.
Cette question complète la précédente, et si 64 % des voyageurs ont posé la question à leur entreprise, c'est sans doute parce qu'un jour ils se sont effectivement senti en danger. Deux tiers des collaborateurs se sont sentis "en danger", est-ce parce qu'ils se sont trouvés pris dans un événement (manifestations, circonstances particulières liées à la géopolitique ?) ou parce qu'ils ont été directement menacés ? A vrai dire cette question méritera d'être creusée pour comprendre comment ce sentiment a pu naître et évidemment il est possible d'y répondre. Impossible de laisser ce stress là s'installer.

Il est bien sûr important de donner les infos aux voyageurs mais surtout il faut savoir quand agir/intervenir en cas de crise. Et pour cela, il faut former les TM.
Yann Le Goff

Généralement, les voyageurs n’ont pas peur avant le départ, ils ont peur sur place au moment du problème. Mais, c’est vrai que nous sommes maintenant plus sollicités par les voyageurs pour avoir ce genre d’info.
Michel Dieleman Président de l'Association Française des Travel Managers
Nota : Le prix moyen du déplacement professionnelle, toutes destinations confondues, a légèrement augmenté entre septembre 2010 et juin 2011. Le prix de journée est passée de 630 € à 658 €. Cette estimation a été établie en partenariat avec 40 entreprises, toutes tailles confondues.

Le prix, le "Best Buy" est la règle de base des politiques voyage de nombreuses entreprises, et manifestement la consigne est passée.... De là à ce qu'elle soit acceptée il y a une marge, ce n'est pas certain. Seulement un cinquième (un peu plus, 21 %) des voyageurs d'affaires ont le sentiment qu'on fait attention à eux. D'ailleurs 15 % soulignent que les conditions de voyage importent peu à leur employeur. Gare au retour de bâton, il pourrait y avoir des voyageurs qui renâclent à partir !

Nous faisons très attention au prix mais on essaie tout de même de choisir une hôtellerie qui soit de qualité aussi.
Pascale Pitou, Kodak

Il faut arrêter de parler prix car les gens ne voudront plus voyager et préféreront rester avec leur famille. De temps en temps, le TM doit s’occuper de la qualité pour donner envie de voyager. C’est aussi le rôle de TM.
Jean-Pierre Drioux, Axa
Nous voilà dans le cœur de nos préoccupations, le moral du voyageurs d'affaires. Les difficultés renforcées du déplacement professionnel laisse des traces : ils étaient 61 %, ils sont désormais 66 % à rêver de compensation pour leur voyage et leurs efforts. Ils ont besoin de se poser, de récupérer. On peut penser que la pression familiale n'y est pas étrangère. Mais l'environnement économique les pousse surtout à réclamer une compensation financière, et cette tendance est encore plus nette que pour les "récup'" au retour: désormais 81 % (contre 72 % l'an dernier) veulent voir la différence sur leur compte en banque. On peut entendre cette réclamation ainsi : je voyage d'accord, mais dans des conditions difficiles: rendez- moi les économies que je vous fais faire!
Il reste qu'une très large majorité des voyageurs d'affaires apprécie son travail: 82 % d'entre eux ne réclament pas compensation...

Tous ceux qui voyagent aiment ça, car c’est valorisant. Mais de plus en plus d’efforts ont été demandés aux voyageurs. La qualité des conditions de travail et de voyage s'est dégradée et sans compensation. Il arrive un moment où le voyageur demande récompense pour ses efforts.
Marjorie Chauty
Voilà qui est très paradoxal: le voyageur d'affaires fait de plus en plus d'aller retour dans une seule journée, les conditions de voyage ne se sont pour la plupart pas améliorées et cependant, 60 % d'entre eux (59 % exactement) estiment mieux voyager. Est-ce parce qu'ils ont appris à mieux voyager avec moins ? Est-ce que leur gestionnaire de voyage a appris à faire mieux avec le même budget ? Il n'y a que 35 % des voyageurs qui ne voient rien changer, ce qui semble correspondre à la réalité des budgets et des volumes. Seulement 6 % de voyageurs se sentent moins bien traités, sans doute les mêmes qui estimaient, plus haut, que les conditions de voyage s'étaient dégradées.

Les gens voyagent de plus en plus. Et avec le développement d’Internet et des réseaux, les jeunes ne communiquent plus de la même manière. Ils peuvent parler régulièrement avec des amis à Tokyo ou au Brésil. Le voyage n’est plus aussi nécessaire pour eux. Il n’est plus une fin en soi.
Jean-Claude Tacnet

Les jeunes aujourd’hui ne recherchent pas la First à tout prix mais souhaiteraient tout de même bénéficier des services associés, les salons pour le confort et le travail, des files d'enregistrement prioritaires et ce type de service qui compense la pénibilité.
Jean-Pierre Drioux
Nous revenons ici à ce qu'attendent les voyageurs d'affaires de leurs déplacements professionnels, et manifestement ils ne vont pas si mal : la grande majorité d'entre eux se déplace avec plaisir et même si cela comporte des difficultés ou de la fatigue, ils apprécient, pour leur entreprise et pour eux mêmes puisque certains évoquent leur carrière. Il n'y a que 17 % des répondants qui fixe un seuil de 3 voyages par an, et si peu, 4 % !, qui voudraient ne plus voyager.
La fameuse et cruelle différence de ressenti est très nette avec cette question: 67 % des gestionnaires de voyages dans l'entreprise ont le sentiment d'avoir fait des efforts pour communiquer, sans doute le besoin de faire passer les nouvelles consignes de la politique voyages. mais seulement un tiers des voyageurs ont le sentiment qu'effectivement la communication est meilleure, et 44 % considèrent même qu'elle n'a pas bougé : il y a encore des efforts à faire du côté des gestionnaires !
Le voyageur d'affaires est considéré par beaucoup comme un technophile, et nous le constatons régulièrement dans la consultation des articles sur DeplacementsPros.com: les voyageurs suivent l'actualité de ce secteur, sans doute pour améliorer les conditions de leur voyage et pour le simplifier: 63 % d'entre eux apprécient la technologie mobile. 42 % pour y avoir recours en cas de problème mais désormais 21 % jugent les applications mobiles indispensables. A noter qu'environ 1/3 des voyageurs ne semble pas totalement convaincu ("Elle est parfois intéressante"). Il ne reste que 9 % d'irréductibles.
Voilà des réponses qui vont intéresser les équipementiers: manifestement le plein est fait du côté des téléphones portables et nous aurions pu aller plus loin, sans doute s'agit il de smartphones pour 90 % d'entre eux. Tout le monde ne s'encombre pas de l'ordinateur portable, mais il fait tout de même partie de la panoplie. Peut être un certain nombre de voyageurs d'affaires les ont ils remplacé par un outil plus léger: 17 % d'entre eux ont une tablette numérique.
Contrairement à ce que l'on pourrait penser, seulement un tiers des voyageurs d'affaires passe le temps avec un casque aux oreilles. mais peut être les autres ont il glissé leur musique sur leur téléphone, leur tablette ou leur ordinateur ???

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Incontestablement, le voyage d’affaire n’a plus rien a voir. Il y a dix ans, il était également un voyage de plaisir et de statut. Les dépenses allaient donc de pair. Maintenant le voyageur n’a plus son mot à dire tout est décidé par les acheteurs, l’entreprise. Il y a bien-sûr eu un recul dû à la crise mais il y a eu également un changement structurel qui est amené à perdurer.
François-Xavier Izenic, animateur des débats de l'IFTM, ancien rédacteur en chef de Voyages d'affaires.