Le retour programmé des surcharges carburant inquiète le transport aérien

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Si toutes les compagnies n'ont pas forcément supprimé leur surcharge carburant, beaucoup de celles qui l'avaient fait devraient normalement les reconduire ces prochaines semaines. Selon des experts, cité par l'agence Bloomberg, "la baisse des investissements dans l'exploitation géologique devrait entraîner une hausse sans précédent des prix du pétrole".

Le prix est lâché : un baril à 150 $ d'ici juin 2019, c'est possible ! Un pronostic un peu hasardeux mais qui pourrait être directement le fruit des politiques menées par les États-Unis face à l'Iran et au Venezuela. Les sanctions américaines sur l'Iran, en particulier, devraient diminuer sensiblement la production ces prochains mois. Parallèlement et avec l'hiver en Europe, la demande croit à nouveau. Les prix du pétrole montent et conduisent les compagnies aériennes à repenser leur couverture sans savoir pour autant à quelle sauce elles seront mangées.

Concrètement, selon les analystes spécialisés dans les transports, le prix des billets d'avion pourrait alors augmenter de 8 à 12% ces 24 prochains mois et ce, malgré la concurrence responsable depuis des années de la baisse tarifaire du transport aérien. Si ces études se confirment, on serait largement au-dessus des 3,2 % de hausse du prix moyen des voyages d'affaires pour 2019.

Les variations des cours du pétrole, les compagnies y sont habituées, les voyageurs d'affaires aussi. Ce qui change, c'est que cette fois des causes structurelles soutiennent les cours, en plus des événements géopolitiques. Selon Bloomberg, le nombre de producteurs importants de pétrole a baissé de 30% par rapport aux années 2000. Autre constat, la hausse sensible de la population asiatique, qui devrait augmenter de plus d'un milliard sur les deux décennies à venir, pourrait définitivement positionner le prix du baril entre 120 et 140 $.

La situation est un peu différente au Venezuela où la seule sortie de crise politique passera par un changement profond des institutions du pays et le départ du président actuel. Mais une étude interne des compagnies aériennes américaines démontre que le poids du pétrole sur le prix des billets d'avion devrait avoisiner les 28 à 30% d'ici 2020. Pour beaucoup, les États-Unis, producteurs de pétrole à part entière, ont totalement intérêt à susciter cette hausse qui leur sera favorable.

Pour les compagnies européennes, si le prix du baril devait s'envoler, c'est le modèle Low cost long-courrier qui serait le plus menacé. Déjà, Ryanair ne cache pas qu'une forte hausse du carburant conduirait immédiatement à une augmentation sensible de ses tarifs. Idem chez EasyJet où l'on constate que la nervosité sur les marchés du brent est désormais bien présente.

Enfin, si les compagnies devaient subir une hausse sans précédent du carburant, on assisterait sans aucun doute à une reprise des alliances aériennes, au détriment de la capacité proposée sur les marchés. Tous les experts le pensent, et le disent pour certains, les six prochains mois seront décisifs pour le transport aérien. Le retour des surcharges carburant va se faire sentir très rapidement. La hausse pèsera sans aucun doute sur les déplacements professionnels et les budgets "voyage d'affaires" des entreprises. De quoi inquiéter l'économie européenne.