SNCF : la guerre des salaires est déclarée

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En bottant en touche sur le paiement des jours de grève, le Tribunal de Grande Instance de Bobigny a donné raison à la SNCF tout en laissant la porte ouverte à un jugement sur le fond. Pour la CFDT, l’Unsa et la CGT - déboutées de leur demande en référé - la bataille juridique sur le fond aura lieu le 31 mai prochain. Entre temps et cette semaine, le 1er ministre aura reçu une nouvelle fois les syndicats et le texte de la réforme poursuit son chemin, au Sénat.

La CFDT Cheminots et l'Unsa ferroviaire avaient assigné la SNCF en justice à propos du paiement des jours de grève. Les syndicats affirment que chaque période de deux jours de grève constitue un mouvement individuel tandis que la direction affirme qu’il n’y a qu’un seul et long conflit. La justice lui a donné raison dans l’immédiat et débouté les syndicats de cheminots. Pour autant, cette décision ne prend en compte que le contexte. Un prochain rendez-vous est fixé le 31 mai mais cette fois sur la grève "à jour fixe". La décision du tribunal portera donc cette fois sur le fond.

Si pour les syndicats cette décision est un coup dur, elle n’aura, selon eux, "aucun effet sur les cheminots bien décidés à défendre leurs droits". Une posture qui ne semble pas trouver d’écho sur le terrain où beaucoup de salariés de la SNCF s’inquiètent aujourd’hui des conséquences financières d’un conflit souvent jugé "dogmatique" par beaucoup d’entre eux.

Selon un sondage IFOP pour le Journal du Dimanche, 58% des Français jugent la grève actuelle injustifiée. Si l’on analyse ce chiffre, 27% des personnes interrogées trouvent la grève "plutôt pas justifiée" et 31% la considèrent comme "pas du tout justifiée". Toujours selon ce sondage, une grande majorité des français veut que le gouvernement aille jusqu’au bout : 65% réponde oui à cette question dont 39% de « oui tout à fait ».

Selon Guillaume Pepy, interrogé sur CNews, "Les conditions sont réunies pour sortir du conflit : les amendements au projet de loi vont être discutés au Sénat la semaine prochaine, on a commencé la négociation du futur contrat de travail des futurs cheminots, la convention collective est en discussion...". Bref, une vision optimiste qui pourrait être refroidie par les syndicats qui se disent confiants dans la volonté des cheminots de ne pas lâcher.

Mais tous veulent en savoir plus sur l’autre grande réforme, plus sensible, voire dangereuse, celle des retraites annoncée pour 2019. Ce sera sans doute indirectement l'un des sujets abordés avec Edouard Philippe ce 25 mai. Là encore, la seule solution pour s’y opposer sera la grève. Mais le gouvernement aurait dans ses cartons une arme juridique pour limiter l’effet perlé. Un texte qui obligerait les syndicats à attendre dix jours entre deux préavis distincts. En clair, il faudra engager une grève illimitée pour s’opposer aux textes attendus sur le sujet. Mais il reste déjà à terminer ce conflit qui s'éternise...