Une alliance Air France/Delta/EasyJet pour reprendre Alitalia?

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Un front commun anti-Lufthansa s'esquisse, selon la presse italienne, pour contrer les vélléités de Lufthansa de reprendre Alitalia. Selon Il Corriere, l'alliance prévoit de faire une offre contraignante après les élections législatives italiennes, organisées le 4 mars prochain.

Malgré les démentis d'Air France - contredits d'ailleurs par un ministre italien - la rumeur est têtue. Et la presse aussi, en particulier Il Corriere qui évoque à nouveau de façon très argumentée un front commun, élargi cette fois, pour faire une offre pour la reprise d'Alitalia. Pourquoi après les élections italiennes ? Parce que la vente est à l'ordre du jour de l'actuel ministre des Finances Carlo Calenda mais naturellement, le scrutin peut changer la donne.

Pour l'heure, le dossier Lufthansa est apparu comme le plus crédible mais l'offre de reprendre 6 000 des 8 000 emplois de l'entreprise italienne n' a convaincu ni les dirigeants ni les syndicats. Dans la course, le marché a déjà écarté le fonds américain Cerberus. Les paris portaient jusqu'ici entre l'Allemagne et le Royaume-Uni, mais l'entrée sur scène de Delta avec Air France fait maintenant pencher la balance vers le nouveau consortium.

L'intérêt que Delta Air Lines porte à la compagnie italienne a un sens stratégique pour la compagnie aérienne américaine. L'Italie est une destination clé pour Delta. Selon les derniers résultats, le marché italien a contribué à plus de 3 milliards de dollars de revenus en 2017, porté par le boom des visiteurs américains attirés par le monde de l'art et des monuments. Selon Il Corriere, Delta aurait déjà demandé au commissaire extraordinaire qui gère Alitalia
de voir les comptes de la compagnie aérienne italienne pour étudier une offre ferme.

Une alliance Air France/Delta avec EasyJet constitue un peu le mariage de la carpe et du lapin. Les experts argumentent qu'elle permettrait à la low cost de renforcer son réseau en Italie et de se tester sur du long courrier tout en bloquant Ryanair, très présente en Italie. Air France, en s'associant à Delta, prendrait moins de risques et préserverait une partie de son marché. Elle travaille de longue date avec la compagnie américaine.

Les commentaires et rumeurs prouvent en tous cas une chose : tous les experts estiment qu'il faut contrôler l'expansion du groupe allemand. Sa stratégie de reprise des compagnies nationales (Brussels Airlines, Austrian, Swiss et tout récemment la non nationale mais significative Air Berlin ) le fait grossir depuis de nombreuses années. Jusqu'où ? Une réponse commune aurait du sens, mais encore faut-il qu'elle soit bien élaborée pour ne pas courir à la catastrophe.