Loueurs de voitures  : Europcar en sursis, Avis inquiet, Hertz en danger

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Europcar Mobility Group a obtenu de nouveaux financements pour surmonter la crise du coronavirus. Hertz, menacée de faillite, vient de bénéficier d’un bref report du remboursement d’une partie de sa dette.

Les loueurs de voitures broient du noir. Ils étaient peu en forme avant la crise du coronavirus. Avec le confinement, leur activité est totalement à l’arrêt. Et la reprise s’annonce très progressive, étant dépendants de la relance de l’activité dans les gares et surtout dans les aéroports où ils réalisent entre la moitié et les deux tiers de leurs chiffres d’affaires. En France, avec le déconfinement, ils sont en outre contraints par les limites des 100km des déplacements sans attestations. Mais ils vont aussi profiter de la méfiance envers les transports en commun.

Ces loueurs sont tous aujourd’hui à court de liquidités. Europcar Mobility Group est peut-être celui qui s’en sort le mieux. Il vient en effet de se donner les moyens de surmonter la crise. L’entreprise française, basée à Paris, a obtenu 307 millions d’euros de nouveaux financements, dont un PGE de 220 millions d’euros signé avec un pool bancaire, prêt garanti à 90% par l’État via Bpifrance. En discussion avec les banques d’autres pays où il est implanté, Europcar a déjà conclu d’autres prêts de 67,25 millions d’euros pour ses deux filiales ibériques, garantis à 70% par l’État espagnol. L’ancienne filiale de Renault puis Volkswagen, rachetée en 2006 par le fonds d’investissement Eurazeo (familles Decaux et David-Weill), toujours le principal actionnaire (29,9% du capital), a par ailleurs mis en œuvre un important plan de réduction des coûts de 850 millions d’euros. Une somme proche du montant de son endettement, estimé avant la crise à 880 millions d’euros.

Rien à voir toutefois avec la dette colossale de l’américain Hertz, estimée à 17 milliards de dollars US. Les rumeurs de faillite du loueur américain (notre article du 30 avril) ont été relayées ce début de semaine par le Wall Street Journal et l’agence Reuters. Hertz vient d’obtenir de ses créanciers un bref report du remboursement d’une partie de sa dette. Mais cette bouffée d’oxygène ne lui donne que quelques jours supplémentaires pour concevoir un plan de refinancement avec ses créanciers, et notamment avec Carl Icahn, son principal actionnaire, à hauteur de 38,9% du capital. Le plus important loueur mondial a procédé fin avril à la suppression de 10 000 emplois outre-Atlantique, près du quart du nombre de ses collaborateurs dans le monde.

Avis Budget Group a adopté également, il y a quelques jours, un massif plan de réduction de ses effectifs. Afin d’éviter lui aussi tout risque de banqueroute, l’autre géant de la location de voitures, à l’instar de Hertz et Entreprises Holdings Inc, a demandé sans succès pour l’instant l’aide du trésor américain. Il faut dire que les propriétaires de ces entreprises ne manquent pas de moyens personnels pour les renflouer, qu’il s’agisse de Carl Icahn (dont la fortune était estimée avant la crise à 18 milliards de dollars) pour Hertz, de la famille Taylor – elle aussi milliardaire – pour Entreprises, ou du fonds d’investissement SRS Investment Management – son principal actionnaire – pour Avis-Budget. Aujourd’hui outre-Atlantique, les loueurs de voitures ne sont clairement pas considérés comme aussi stratégiques que peuvent l’être les compagnies aériennes, lesquelles se sont vus dotées d’une aide de 50 milliards de dollars, dans le cadre d’un plan de soutien à l’économie américaine.