Cartes de paiement, transport aérien : la Russie toujours plus isolée du monde

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American Express, Visas et Mastercard suspendent toutes leurs opérations en Russie et en Biélorussie. Côté aérien, les compagnies Aeroflot et S7 isolent un peu plus encore la Russie en annulant tous leurs vols internationaux.

Après Visa et Mastercard samedi, c’était au tour d’un troisième émetteur majeur de cartes de paiement, American Express, d’annoncer ce dimanche la suspension de toutes ses opérations en Russie et au Biélorussie, en raison de l’invasion en Ukraine. Dans un communiqué, l’entreprise américaine précise que «les cartes American Express émises dans le monde entier ne fonctionneront plus chez les commerçants ou distributeurs de billets en Russie». Et ses cartes russes ne seront plus valables à l’étranger.

Les cartes de paiement des trois géants américains, émises par les banques russes, a toutefois tenu à indiquer la Banque de Russie, fonctionneront normalement sur le territoire russe jusqu’à leur date d’expiration. Pour voyager à l’étranger en revanche, l’affaire se complique. Il existe certes des solutions alternatives. Mais la carte bancaire russe Mir est valable dans quelques pays seulement, surtout en Asie Centrale. Et les banques russes d’envisager de se tourner aussi vers le réseau chinois UnionPay, lequel permet des paiements dans 180 pays et régions dans le monde.

La Russie, outre les cartes de paiement, s’isole elle même un peu plus encore avec la suspension de leurs vols internationaux par S7 Airlines – la seconde compagnie aérienne russe, dont le siège est à Novosibirsk – depuis ce samedi, et d’Aeroflot (déjà rayée des GDS) à compter de ce mardi. Les espaces aériens européens et américains sont interdits aux compagnies russes depuis le début de l’invasion de l’Ukraine. La mesure concerne aussi le Canada et les autres pays européens non membres de l’UE, dont la Suisse et le Royaume-Uni. La Russie a pris peu après des mesures de rétorsion, interdisant à son tour son espace aérien aux compagnies de 35 pays européens et au Canada. En revanche, il n’y a pas pour l’instant de restriction d’espace aérien entre la Russie et l’Asie. D’autres pays toujours ouverts aux compagnies russes permettent également de prendre des vols en correspondances vers l’Europe et l’Amérique du Nord, notamment des pays d’Asie Centrale et du Proche-Orient, ainsi que la Turquie.

Comment, dès lors, expliquer les suspensions des vols internationaux des compagnies russes ? Celles-ci craignent tout d’abord la saisie d’une partie de leur flotte commerciale, plus de la moitié des avions étant loués à des sociétés de leasing. Or, les contrats prévoient leur restitution en cas de sanctions internationales. Les transporteurs russes s’inquiètent aussi des questions de maintenance de leurs Boeing et Airbus, de voir les appareils cloués au sol faute de pouvoir remplacer des pièces détachés. L’impact serait alors très fort pour les compagnies russes, dont le marché domestique représente plus des deux tiers de l’activité.