Annulation du Mobile World Congress, un mauvais signe

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Le plus gros salon mondial de téléphonie qui devait se tenir fin février à Barcelone n’aura finalement pas lieu. Ce qui fait craindre d’autres annulations de ce type aux organisateurs d’événements.

Les renoncements d’exposants de renom s’accumulaient pour le Mobile World Congress (MWC) qui devait se tenir à Barcelone du 24 au 27 février, en raison des inquiétudes liées au coronavirus. LG Electronics avait ouvert le bal des absents le 4 février dernier, suivie par une quarantaine d’autres acteurs, dont certains géants du secteur : Amazon, Facebook, Nvidia, Intel, Deutsche Telekom, Vodafone, Ericsson et Sony notamment.

Mesures renforcées

Dès lors, la GSM Association (GSMA, présidée par Stéphane Richard, président d’Orange) n’avait d’autre choix que d’annuler l’événement devant ce « cas de force majeur ». Outre les 110 000 visiteurs attendus, les 2 800 entreprises venant de 180 pays, ce sont 14 000 emplois induits et des retombées économiques estimées à un demi-milliard d’euros qui sont ainsi balayés.

Pourtant, la GSMA avait annoncé un ensemble de mesures renforcées pour rassurer les participants, manifestement en vain. Parmi elles, un personnel médical sur place doublé par rapport à l’année dernière, de multiples mesures d’assainissement et de désinfection (y compris une politique de non-poignée de main !), l’interdiction des visiteurs de la province de Hubei et l’obligation pour les participants potentiels qui ont été en Chine de prouver qu’ils ont été hors du pays pendant au moins 14 jours.

L’ITB Berlin, le plus grand salon du tourisme du monde a pris des mesures similaires quoique moins drastiques (voir notre article à ce sujet) avec plus de succès : l’événement se tiendra bien comme prévu du 2 au 4 mars prochain… même si les évolutions rapides sur ce dossier du coronavirus nous incitent à la prudence.

Et les participants ?

Pour les entreprises qui comptaient sur ce rendez-vous incontournable du secteur aussi, le coup est rude. Ainsi IoTerop, startup française basée à Montpellier doit faire le deuil d’un événement capital tant en termes de démarches commerciales que de communication. Hatem Oueslati, son président et fondateur, explique : « Depuis début décembre, trois ou quatre personnes travaillent à plein temps sur ce salon que nous fréquentons depuis que notre création, en 2016. Il s’agit surtout de travaux d’ingénieurs qui ont préparé les démonstrations de nos solutions proposés sur les stands de nos partenaires. »

Ces mois de travail ne sont pas complètement perdus : les démo seront utilisées dans d’autres salons, dont certains ne viennent qu’en palliatifs de l’annulation du salon barcelonnais. « Finalement, en remplacement, nous irons dans un salon à Nuremberg. Pour l’instant, il est maintenu mais on sait que l’un de nos partenaires, STMicroelectronics, qui avait déjà annulé le MWC, ne sera pas présent, pour les mêmes raisons, à Nuremberg. »

En ce qui concerne le coût en temps, en travail et en hébergement sur place (partiellement remboursé pour cause d’annulation tardive), la startup en sera pour ses frais : les organisateurs ont respecté les délais de leur politique d’annulation.

Assurance

Cet événement souligne l’importance d’une politique d’annulation claire car on peut s’attendre à des annulations et des reports dans le monde entier – et pas seulement en Asie. Les organisateurs et les exposants doivent bien comprendre ce qui est réellement couvert (et surtout ce qui ne l’est pas) dans leurs contrats et leurs polices d’assurance.

Du côté des organisateurs, la flexibilité et la capacité à relever les défis de dernière minute sont au cœur de leur travail. On a d’ailleurs vu que les équipes du MWC se sont mobilisées pour répondre aux craintes des participants. Mais dans ce cas, l’annulation est bien due à une pratique du principe de précaution – que d’aucuns jugeront excessives – des entreprises inscrites à l’événement. Gérer les imprévus, c’est possible, la panique, moins.