La nouvelle gouvernance à la tête d’ADP a présenté les résultats financiers du groupe et sa vision pour continuer sur une dynamique de transformation et d’accélération, insufflée par Augustin de Romanet.
Après avoir remercié son prédécesseur, Augustin de Romanet, à la tête du groupe ADP de 2012 à 2024, Philippe Pascal, le nouveau Président directeur général, se dit motivé par le collectif pour exercer ses nouvelles fonctions et assure que le groupe s’apprête à entrer dans une nouvelle ère. « L’objectif est de devenir une référence mondiale en termes de trafic passagers, d’hospitalité, mais aussi sur la durabilité. L’aérien n’est pas responsable de tout et il faut trouver un modèle stable dans lequel l’usage de l’avion est plus raisonné », affirme-t-il.
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Le nouveau dirigeant et la directrice générale déléguée, Justine Coutard, sont convaincus que la transformation du groupe passera par une accélération de la décarbonation et une meilleure insertion dans les territoires. La nouvelle équipe dirigeante se donne trois missions principales. La première est la mobilisation du collectif « autour d’une vision commune et de long terme ». A ce compte-là, Philippe Pascal annonce le lancement d’une concertation sur l’aéroport de Paris-CDG, en mars prochain, comme cela a été fait l’an dernier pour Orly. Deuxièmement, le PDG souhaite réinvestir le cœur de métier du groupe en redonnant la priorité aux infrastructures parisiennes. Il précise néanmoins que, « la priorisation qui sera faite sur Paris ne déjuge pas de ce qui a été fait avant ». Enfin, ADP souhaite donner vie à une culture d’entreprise « plus forte et plus agile », dans un contexte où l’enjeu managérial sera très important ces prochaines années (le groupe anticipe plus de 3 000 départs à la retraite-NDLR).
Des résultats « solides » pour l’année 2024
Concernant les résultats de 2024, le groupe affiche un chiffre d’affaires de 6,15 milliards d’euros, soit une croissance de 12,1% par rapport à 2023, portée par un trafic international en forte augmentation et « une bonne dynamique des activités commerciales ». L’EBITDA courant atteint plus de 2 milliards d’euros (+5,7%), pour un résultat net de 342 millions d’euros, en raison de la fusion GIL/GAL en Inde (-330 millions d’euros).
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Selon Philippe Pascal, 2024 a été une année exceptionnelle, marquée par les JO de Paris et une forte croissance du trafic international. Il précise qu’ADP dépasse pour la première fois de son histoire les 6 milliards d’euros de CA. Du côté de sa performance commerciale, Extime Paris affiche un CA/Pax de 31,1 euros, en moyenne, et un niveau record au sein du Terminal 1 (87,6 euros). « Ces bonne performances nous poussent à vouloir déployer le modèle Extime dans les autres Terminaux et dans nos aéroports à l’international », précise le dirigeant. En 2024, le trafic atteint les 103,4 millions de passagers chez Paris Aéroports (+3,7%) et 363,7 millions au niveau groupe (+8,1%), dépassant le niveau de trafic de 2019. Si le trafic interne en France métropolitaine continue de baisser (-4,9%), l’Amérique du Nord affiche une dynamique forte (+5%), tout comme l’Afrique (+7,8%). La région Asie-Pacifique connaît une nette accélération du trafic (+24,3%), notamment sur la Chine qui voit son trafic passagers doubler.
Jusqu’à 4% de trafic en plus en 2025
Concernant les perspectives pour 2025, le groupe vise une croissance de trafic à Paris entre +2,5 et 4% (par rapport à 2024), ainsi qu’une croissance de son EBITDA courant de +7% et un investissement du groupe porté à 1,4 milliard d’euros. Philippe Pascal précise que les objectifs 2026 seront déterminés dans le cadre de la préparation d’un Contrat de la Régulation Economique qui sera rédigé et proposé d’ici la fin de l’année.
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En matière de durabilité, le groupe a là aussi des ambitions fortes et décide de soutenir le développement de la filière SAF avec un investissement à hauteur de 20 millions de dollars dans la société Lanzajet, un producteur américain de carburants d’aviation durable. ADP se fixe l’objectif ambitieux (voire inatteignable) d’atteindre la neutralité carbone dans 23 de ses aéroports d’ici 2030 et le 0 émission pour 10 d’entre eux d’ici 2050. Au-delà de l’énergie électrique, des SAF ou de l’hydrogène bas-carbone, le groupe souhaite continuer de favoriser l’intermodalité.
Hausse de la TSBA et privatisation du Groupe ADP
Une feuille de route qui pourrait néanmoins prendre du retard à cause des « taxes de plus en plus nombreuses », qui amputent, selon la direction, les budgets alloués à la décarbonation de l’activité aéroportuaire. En lien avec ce denier point, Philippe Pascal évoque la hausse de la TSBA et craint un fléchissement du trafic face à une nouvelle hausse du prix des billets d’avion. « L’impact sur le trafic sera peut-être plus rapide que prévu et cela pourrait concerner plusieurs destinations dès 2025. Ce montant prélevé par l’Etat va nous priver d’une partie des moyens que nous avions prévus d’allouer à la décarbonation », déclare-t-il.
Il appelle à une politique publique cohérente et à la collaboration des acteurs du secteur pour atteindre les objectifs de décarbonation. La conférence de presse se termine sur une question qui concerne la potentielle privatisation du groupe (l’Etat français est actionnaire à plus de 50% -NDLR), à laquelle le nouveau PDG répond : « L’actionnariat privé n’est pas incompatible, selon moi, avec une entreprise à mission publique ». Il ajoute et conclut : « Ce n’est néanmoins pas à l’ordre du jour, la nouvelle gouvernance préférant se concentrer sur le collectif ».