La pénurie de personnel et les conditions de travail déterioriées obligent les compagnies aériennes à supprimer des vols. Et la dégradation du climat social conduit à une multiplication des grèves.
On parle beaucoup ces jours-ci de la dégradation de la situation – voire parfois du chaos – dans de nombreux aéroports européens, d’Amsterdam Schiphol à Londres-Gatwick. La difficulté de recruter au sein des compagnies aériennes, qui s’ajoute à un climat social tendu, perturbe aussi l’activité des compagnies aériennes. Avec déjà des grèves en cours chez plusieurs transporteurs.
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. Ryanair : Il y a quelques jours, l’Irlandais Michael O’Leary, face aux menaces de grèves, traitait les syndicats de “Mickey”. Et l’emblématique patron de Ryanair assurait que d’éventuels débrayages n’auraient aucun impact sur l’activité de la compagnie cet été. Agiter un chiffon rouge dans un contexte social tendu ? Gare au retour du boomerang. La low-cost irlandaise doit donc gérer des mouvements de grève de son personnel de bord en Espagne (pendant 6 jours, du 24 au 26 juin, et du 30 au 2 juillet), au Portugal (du 24 au 26 juin), en Italie (25 juin) et en Belgique (ces 24, 25 et 26 juin). Sans oublier la France avec un préavis de grève illimité.
Tous protestent contre les conditions de travail et le manque respect des législations locales. Ce qui n’est bien sûr pas nouveau. Mais la pénurie de personnel, qui pénalise l’ensemble des compagnies aériennes, rendent ces conditions de travail encore plus pénibles pour de nombreux PNC et pilotes de Ryanair. Même si beaucoup d’entre eux sont recrutés en Europe de l’Est et dans le sud du Vieux Continent.
EasyJet : Chez easyJet aussi, où est dénoncée la faiblesse des salaires, la situation vire au rapport de force. Mais l’appel à la grève concerne surtout l’Espagne : les PNC de la low-cost britannique devrait cesser le travail les premier, troisième et quatrième week-ends du mois de juillet, vendredis compris. En Italie, le syndicat Uil a appelé les navigants à cesser le travail ce samedi 25 juin.
Avec le manque de personnel, easyJet avait déjà pris une décision marquante il y a quelques semaines, celle de retirer de la vente des sièges dans ses avions cet été. Certains appareils décollent ainsi avec 150 passagers à bord au lieu de 156 en temps normal, ce qui permet à la low-cost britannique de voler avec 3 membres d’équipage au lieu de 4. A noter que des discussions sont en cours en France entre le SNPNC et la direction.
. Brussels Airlines. Dure semaine pour la compagnie belge… et ses passagers. 315 de ses vols – dont 38 long-courriers – auront été annulés ce jeudi, vendredi et samedi, en raison d’un mouvement de protestation contre le manque de personnel et une charge de travail jugée trop élevée. L’appel à la grève des syndicats de pilotes et de personnel de cabine (hôtesses et stewards) devrait affecter près de 40.000 voyageurs, selon le transporteur, qui estime que seul 40% environ de son programme de vols initial est maintenu. Les passagers dont le vol a été annulé ont été prévenus à l’avance et un vol de substitution leur a été proposé.
. Groupe Lufthansa : Faute de personnel, le Groupe Lufhansa a pris les devants depuis quelques semaines. A titre préventif avait alors été annoncée l’annulation cet été de plus de 1000 vols au départ d’Allemagne, de Belgique et de Suisse, par Lufthansa, Brussels Airlines, Swiss et Eurowings. L’entreprise allemande vient d’annoncer qu’elle allait en supprimer 2 200 supplémentaires, surtout au départ et à l’arrivée de Francfort et Munich.
. British Airways : Le personnel au sol de British Airways a voté jeudi soir une grève à Londres-Heathrow. Le syndicat GMB devrait annoncer les dates des jours de cessation du travail dans les jours à venir.
. SAS Scandinavian Airlines : SAS entre elle aussi dans une zone de turbulence. En pleine restructuration, elle est confrontée à deux menaces de grève, l’une de ses pilotes ayant appelé à débrayer le mercredi 29 juin en raison de leurs conditions de travail et de leurs rémunérations, l’autre de ses mécaniens qui envisagent d’arrêter le travail le 5 juillet. Le transporteur aurait été contraint, depuis le début de l’année, de supprimer 4 000 vols en raison d’un manque de personnel.
Volotea : en Italie, le syndicat Uil a appelé ses navigants à cesser le travail ce samedi 25 juin.
. Wizzair : La colère gronde chez les pilotes de Wizzair. Ces derniers s’estiment fatigués – ce qui potentielement peut nuire à la sécurité des opérations – mais le patron-fondateur de la low-cost hongroise, József Váradi, a déclaré ces jours-ci qu’ils devaient travailler davantage… La compagnie a du récemment annuler des vols. Mais Wizzair rappelle néanmoins qu’elle a recruté plus de 2 000 employés supplémentaires l’an dernier.
. Air France : le syndicat de pilotes Alter a annoncé une journée de grève pour ce samedi 25 juin. Mais l’impact devrait être très limité. Le syndicat national des personnels navigants commerciaux (SNPNC) envisage pour sa part de déposer un préavis pour Transavia. Avec là en revanche un plus fort impact probable sur l’activité de la low-cost.
Air France déclare avoir anticipé depuis des mois déjà la reprise de l’activité et embauché 300 pilotes, 200 mécaniciens et 200 agents d’escale saisonniers. Mais cela ne sera probablemnet pas suffisant pour éviter des moments compliqués dans certains aéroports français, notamment Paris CDG et Orly. Mais les observateurs du usecteur, qui ont souvent la dent dure avec le transporteur national, aurait tort de ne pas en souligner ses mérites. Avec de vrais résultats qui ne doivent pas qu’au “quoi qu’il en coûte”, au chomage partiel et autres aides d’Etat.