La SNCF veut innover dans les territoires avec les projets Draisy et Flexy

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Si la compagnie ferroviaire n’entend pas rouvrir des petites lignes où le trafic est faible, elle envisage en revanche d’en faire revivre un certain nombre avec des petits trains modulaires et des petits véhicules automatisés. Leur expérimentation doit commencer d’ici deux ans.

Un rapport rédigé par un ancien président d’Air France, Jean-Cyril Spinetta, remis au gouvernement il y a quatre ans, préconisait la suppression des petites lignes ferroviaires, très coûteuses et ne profitant qu’à un nombre très réduit de voyageurs. Et le rapport de souligner que les 10.000 kilomètres de lignes les moins empruntées ne représentaient que 10 % des trains et surtout moins de 2 % des voyageurs. Bref, la solution était toute trouvée : il fallait développer l’offre de cars et le covoiturage. Mais la SNCF pourrait bien proposer des alternatives à la route, plus vertueuses sur le plan environnemental, et redonnant une place au rail dans l’aménagement des territoires ruraux et péri-urbains.

Navette Flexy. Copyright Milla

Ainsi, Milla a été désignée partenaire technologique de la SNCF lors du Sommet Ferroviaire Européen, le 21 février dernier. Cette start-up française spécialiste du véhicule autonome a développé une navette électrique et ultra-légère, en partenariat avec Michelin et l’institut de recherches Railenium. Capable de rouler à la fois sur rail et sur route, Flexy – tel est son nom – s’adressera en priorité aux petites lignes ferroviaires fermées, dont la longueur varie entre 10 et 30 km. Cette approche rail-route permettra à cette navette d’assurer une desserte des zones d’habitation et villages situés dans un voisinage proche de la ligne ferroviaire, en quittant la voie ferrée pour emprunter la route, lors de tournées où sont pris en charge les voyageurs. Son expérimentation sur une ligne pilote en région est prévue courant 2024.

La SNCF travaille aussi sur une alternative aux TER, parfois surdimensionnés par rapport à la réalité du trafic sur certaines lignes. Petit train modulaire de 80 voyageurs dont 30 places assises, Draisy est destiné aux lignes (ou tronçons) d’une centaine de kilomètres. Il permettrait d’offrir une souplesse d’usage tels par exemple des arrêts « à la carte ». L’utilisation de nouvelles technologies et de matériaux issus de l’automobile permettront à Draisy d’avoir une masse réduite, de moins solliciter la voie et de limiter les coûts de maintenance. Son impact environnemental sera en outre limitée, étant dotée d’une motorisation électrique et d’un stockage d’énergie embarqué par batterie. Son expérimentation sur une ligne pilote en région est prévue courant 2025.

la PIOMA (ou Plateforme d’innovation ouverte pour le développement de la mobilité autonome). Photo SNCF

La SNCF teste aussi, en partenariat avec l’ADEME et Stellantis, des systèmes de conduite autonome sur des emprises ferroviaires reconverties en routes connectées et intelligentes, capables d’accueillir des véhicules collectifs autonomes (bus/cars, minibus et véhicules de 9 places). Une plateforme de test a déjà été construite, située sur l’ancienne ligne ferroviaire Nantes-Doulon-Carquefou (Loire-Atlantique), et dont le tronçon sera porté à 2 kilomètres dans les prochains mois. Les transports publics ont visiblement quelques bonnes cartes dans leur manche…