Le marché du transport a été particulièrement touché par la crise liée au coronavirus. En cause : les divers confinements, restrictions de déplacements et modalités de voyage à travers le monde. Aujourd’hui, si le secteur de l’aérien n’ose pas encore parler de « reprise », de nombreux acteurs s’allient pour aider à la relance économique et rassurer les voyageurs. Le Bar France et IATA, prônent notamment pour la cohésion afin de pouvoir avancer et espérer une sortie de crise le plus rapidement possible… tout en limitant la casse.
Pour Jean-Pierre Sauvage, Président du BAR France, le COVID a impacté de façon dramatique le secteur de l’aérien, que cela soit sur l’aspect économique ou social : « Les pertes d’emplois ont été particulièrement importantes, tout comme les recettes en 2020-2021. Il a fallu œuvrer sur ces 2 aspects principaux ». L’association professionnelle a ainsi accompagné ses membres selon les dispositions et les contraintes sanitaires : « Nous sommes passés par toutes les émotions possibles depuis mars 2020, allant de l’espoir à la douche froide. Notre rôle d’informateur a été essentiel et très administratif ». Selon Robert Chad, Area Manager France, Belgique et Pays-Bas chez IATA : « Pré-COVID, le secteur de l’aviation représentait 4,4 milliards de passagers dans le monde. Aujourd’hui, nous atteignons seulement 35% de ce chiffre. Nous avons du mal à avoir une véritable visibilité sur l’avenir à cause de toutes ces restrictions ». « Dès le début de la crise nous avons identifié 3 priorités : l’aspect social et économique, la réduction des coûts et penser à préparer le redémarrage de l’industrie », ajoute-t-il.
Faire front commun face à la crise
Les associations professionnelles ainsi que les différents acteurs du secteur ont alors décidé de s’unir dans un but commun : survivre à la crise et préparer la reprise. « Nous avons connu la guerre d’Irak, le 11 septembre… Mais lors de toutes ces situations il y avait des perspectives. Là c’est la première fois que les avions étaient cloués au sol pour des contraintes sanitaires et sur une situation qui dure ! Cette crise a indéniablement révélé un besoin de rapprochement entre nous tous afin de faire face ensemble à cette situation de ‘guerre’ », confie Jean-Pierre Sauvage. « Il a fallu que nous nous préoccupions très vite des différentes mesures applicables dans les aéroports et les avions, mais également travailler main dans la main avec les instances européennes pour assurer une certaine ‘parité’ en UE », ajoute Robert Chad. Pour la reprise, le marché de l’aérien et les différents gouvernements devront avant tout trouver un terrain d’entente : « Les contraintes sanitaires nous les subissons. Rien qu’en Union Européenne il y a un réel manque de cohésion, si ce n’est de cohérence qui sanctionnent considérablement les compagnies », déclare Jean-Pierre Sauvage.
La digitalisation comme planche de salut
Alors quelles seront les priorités pour cette année 2021, après une année 2020 quasi « à l’arrêt » ? Pour IATA, la priorité est de redémarrer le secteur et pour cela : « Il faut un plan coordonné entre les différents pays selon leur stratégie de vaccination. Nous avons besoin de visibilité pour pouvoir nous organiser et un allègement des contraintes sanitaires. En parallèle, ce redémarrage ne pourra se faire sans une digitalisation poussée des process, car ces derniers sont devenus encore plus complexes qu’auparavant. Ne serait-ce que sur les documents demandés aux passagers, la digitalisation va permettre une meilleure gestion des flux et de la sécurité à bord, d’où la création du IATA Travel Pass ». Ce pass sanitaire digital s’appuie sur une technologie déjà existante et permet d’y déposer des documents relatifs à la santé du passager (test PCR, attestation de vaccination…) avant se voir attribuer le statut « apte à voyager » … ou pas. « Pour que cela fonctionne il faut que cette digitalisation soit ouverte et interopérable afin que les passeports sanitaires puissent être utilisés à travers le monde . »
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La reprise oui, mais quand et à quelles conditions ?
Pour le BAR France, il faudra également prêter attention à comment le marché réagit lors de la reprise, à quel horizon et avec quels « participants » : « Les compagnies aériennes ont beaucoup souffert mais la majorité seront présentes pour la reprise. En revanche, il faudra prêter attention aux différents segments de marché, que cela soit pour des déplacements individuels, touristiques ou affaires. Concernant le business travel, de nombreuses entreprises vont mettre le verrou sur les déplacements professionnels et certaines vont prendre goût au gain économique ou aux réunions à distance. Le marché va repartir mais quand, comment et dans quelles conditions ? Nous n’avons pas les réponses ». Selon Jean-Pierre Sauvage, l’industrie devra également composer avec une clientèle Affaires en pleine (r)évolution : « Les voyageurs d’affaires de demain ne sont plus ceux d’hier. Il y a de réels changements de comportements qui devront être pris en compte pour pouvoir s’adapter. Il y a, entre autre, davantage de considération écologique ou sociale. Mais je reste persuadé que les déplacements et les rencontres physiques resteront incontournables ».
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Selon Robert Chad, la problématique à court et moyen terme concernera également l’endettement des compagnies aériennes, « à des niveaux très élevés qui amèneront à une remise en question du modèle économique en lui-même. La question environnementale va évidemment persister mais il va falloir que nous ayons les moyens d’investir pour préparer le futur. Il va donc falloir se poser la question de : où va-t-on trouver les fonds pour s’améliorer ».
Les asso face au Covid :