Expansion du low-cost, développement de l'offre ferroviaire avec l'ouverture à la concurrence et la relance du train de nuit... l'intervention du responsable des questions de transport chez Roland Berger, jeudi au Pavillon Cambon Capucines, a permis de dresser un panorama de l'évolution du transport en France.
Le transport hexagonal en pleine ébullition, tel était l'intitulé de l'intervention de Didier Bréchemier, lors du dernier TOTEC, "la journée de conférences et de networking du tourisme et de la technologie". Dans le cadre de cette édition sous-titrée « French Connections », l'ancien naviguant, associé au sein de l'agence de conseil Roland Berger, a fait un tour d'horizon du secteur des transports.
Les low costs plus résilientes que les legacy
Premier constat, les low-costs sont bien sûr touchées par la pandémie, mais leur flexibilité et santé financière, comparé à celles des compagnies traditionnelles, devraient en faire le modèle gagnant à l'issue de la crise. Sauf régulation contraignante : l'Autriche a ainsi souhaité, l'an dernier, interdire les billets d’avion vendus à moins de 40 euros. Une initiative retoquée par la Commission européenne. Et le modèle ultra-low-cost, celui porté par Ryanair et Wizzair, sera toujours très présent à l'horizon de cinq ans, selon Didier Bréchemier. Ce dernier a également relevé que le développement du low-cost concernait aussi bien les radiales que les transversales et l'Europe des territoires, à l'instar de Volotea.
Pour lui, aucun doute que les low-costs vont porter la croissance du transport aérien court et moyen courrier dans les prochaines années. Et les bases qu'elles continuent d'ouvrir témoignent de leur optimisme. "Point important également, les passagers affaires sont adressés maintenant par ces compagnies, et notamment par les mid-costs" a-t-il souligné, rappelant certaines initiatives prises pour s'attirer les bonnes grâces de cette clientèle, via des outils de fidélisation ou des services de connexion avec des offres d'autres compagnies (Worldwide by easyJet par exemple), y compris sur le long-courrier, avec plus ou moins de succès.
Train : quand la concurrence dynamise le marché
A quoi ressemblera la France du transport dans les prochaines années ? Les acteurs doivent bien sûr tenir compte de la géographie du pays, des questions environnementales, de l'offre ferroviaire actuelle et future. Sur ce dernier point, le train de nuit signe son grand retour, cette semaine encore avec le lancement d'un NightJet entre Vienne et Paris. "L'offre de train de nuit n'a jamais été rentable ces dernières années, et répond à une demande très saisonnière", prévient toutefois Didier Bréchemier. Quel sera le choix du consommateur demain, entre la rapidité du trajet d'un côté, le choix d'un transport durable et plus lent de l'autre ? Et le prix du voyage, à l'arrivée, jouera-t-il en faveur du train, même subventionné ? Sur la grande vitesse, avec la libéralisation du rail européen, l'arrivée de nouveaux acteurs tel Trenitalia "dynamise le marché" et "oblige la SNCF à s'adapter, à se réinventer", a-t-il poursuivi.
Demain, l'évolution la plus notable pourrait bien être une coopération renforcée entre les acteurs du transport aérien et ferroviaire, en s'appuyant sur de nouveaux outils tel NDC du côté des compagnies aériennes par exemple. Et le responsable de Roland Berger d'inviter à "consolider une somme de services, qu'ils soient aériens, terrestres ou expérienciels (...). Le nerf de la guerre doit être l'accès au client. Et la question est celle-là : comment on coopère, et comment les alliances peuvent se faire entre les différents acteurs".
Didier Bréchemier est également revenu sur les résultats d'un récente étude menée par Roland Berger auprès de quelque 7.000 voyageurs en Chine, aux Etats-Unis et en Europe (Allemagne, France et Royaume-Uni), afin de connaître leurs intentions de voyages après l’épidémie. L'étude souligne qu'une majorité d’entre eux envisagent de réduire leurs déplacements professionnels une fois la pandémie terminée. Lire aussi notre article publié cette semaine Aérien : le segment affaires pourrait durablement se rétrécir après la crise revenant plus en détail sur les résultats de cette étude.