Amex GBT publie son baromètre du voyage d’affaires 2023, à travers lequel il est possible d’observer les tendances et projections du marché. Après une année de reprise confirmée, 2023 devrait être marquée par la consolidation du marché.
En 2022, la reprise du voyage d’affaires a belle et bien eu lieu. Andrew Crawley, Président d’Amex GBT a même qualifié 2022 d’année de référence lors de la présentation du baromètre : « La pandémie est derrière nous, il faut regarder en avant et 2019 n’est plus l’année de référence chez Amex GBT ». Après plus de deux ans de crise sanitaire, la dépense aérienne entre Q4 2021 et Q4 2022 a augmenté de 90% dans les entreprises et de 18% pour le rail sur la même période, soit un peu moins que ce que le modèle prévisionnel avait estimé. En cause : les grèves ou bien encore le manque de personnel. La démocratisation des systèmes de visio-conférences et du télétravail, définis comme étant la « nouvelle normalité » et considérés dans certains cas comme une alternative aux déplacements. Selon Amex GBT, cette tendance est un véritable vecteur de croissance pour l’économie française, complémentaire aux déplacements professionnels.
Pour l’édition 2023 de son baromètre, la TMC révèle 10 enseignements principaux, dont la confirmation de la reprise, une prise de conscience grandissante en matière d’empreinte carbone, la progression des événements et réunions internes, la nécessité du voyage d’affaires pour les entreprises, l’importance de l’optimisation des coûts et de la satisfaction des voyageurs, la problématique du leakage hôtel, le sujet de la sécurité, l’utilisation croissante des canaux digitaux ou bien encore la gestion des notes de frais.
L’utilité des agences de voyages enfin reconnue ?
Selon le baromètre, le voyage d’affaires et avant tout perçu comme un moyen d’interagir en personne. 92% des sondés considèrent que le voyage d’affaires est une dépense nécessaire ou une contribution au développement de l’entreprise (vs 91% en 2022 et 99% en 2019). La première raison s’avère être commerciale (83%), devant les raisons internes (67%), la visite des fournisseurs (52%) et la participations à des évènements corporates (52%). Selon Yorick Charveriat, directeur général d’Amex GBT France, le MICE pourrait être le 1er motif de déplacement professionnel cette année. Pour les collaborateurs, ces déplacements permettent de garder un lien social pour la majorité d’entre eux et de s’épanouir dans son travail. « Ces nuances traduisent un besoin accru de support avant, pendant et après le voyage d’affaires et ça, c’est le rôle d’une agence de voyages« , déclare Yorick Charveriat.
En parallèle, 85% des répondants estiment que les agences de voyages ont une véritable utilité, soit 7 point de plus qu’en 2022. Dans les grandes entreprises, ce chiffre monte à 90%, contre 68% pour les PME/PMI. Et les critères essentiels au rôle de la TMC sont le duty of care et atténuation des risques en première position, à égalité avec la sécurité des données, suivis de la mise en œuvre des technologies pour offrir aux voyageurs une expérience « sans faille » et le reporting ou la gestion des données. Pour ce qui est des SBT et outils de gestion des notes de frais, le critère le plus important est le remboursement rapide des employés (63%), devant l’augmentation de l’adhésion à la PVE (59%) et la conformité réglementaire accrue avec la protection des données (57%). Les SBT sont par ailleurs les outils les plus plébiscités par les voyageurs, devant la gestion des notes de frais, la centralisation des documents dématérialisés ou les outils conversationnels.
Entre optimisation des coûts et objectifs RSE
Concernant l’optimisation des coûts en entreprise, l’anticipation des déplacements reste le levier principal selon les sondés, notamment pour pallier le yield management des compagnies aériennes et le demand management (soit la raison des déplacements) retrouve l’importance de 2019 dans les leviers des décisionnaires. En parallèle, la révision des politiques voyages dans un but de contrôle des budgets est considérée par de nombreuses entreprises comme essentielle. Par catégorie d’achat, la priorité se porte sur « l’air » (75%), devant la location de voiture (66%), l’hôtellerie (65%), le rail (55%), le MICE (53%) et les dépenses de taxi (38%). Pour la dépense hôtelière, le leakage est une véritable problématique puisque seules 39% des réservations passent par la plateforme d’une TMC. « Avoir une plateforme qui a un maximum de contenu est primordial pour permettre au voyageur de se servir lui-même et faire en sorte qu’il y trouve ce qu’il recherche sinon on prend le risque qu’il aille réserver ailleurs. On va alors avoir un vrai problème de leakage et de duty of care », ajoute Yorick Charveriat.
L’étude démontre également que l’adoption d’outils en ligne était une priorité pré-Covid mais devient un acquis depuis 2023. Pour la majorité des entreprises, la visibilité sur les dépenses des voyages est un facteur important, tout comme l’optimisation du programme voyages comprenant la sélection des prestataires et leur modèle économique. Sur ce dernier volet, les entreprises plébiscitent à 48% un modèle économique reposant sur les frais de transaction, devant le système d’abonnement (37%) et les frais basés sur le nombre de contacts avec l’agence (33%).
RSE : y-a-t-il un pilote dans l’avion ?
La responsabilité environnementale gagne également du terrain avec 66% des répondants qui affirment mesurer leurs émissions de CO² (vs 53% en 2022). En revanche, cette mesure apparaît encore comme dépendante du secteur d’activité et de la taille des entreprises avec des entreprises du secteur tertiaire qui mesurent leurs émissions de carbone à 77%, contre 56% pour celles du secondaire. Sur la partie voyage d’affaires c’est sans surprise la catégorie « air » qui est la plus contrôlée (56%), devant la location de voiture (44%) et le rail (35%). Au sein du panel, 76% des entreprises confirment avoir un responsable RSE dédié à la responsabilité et le pilotage des indicateurs environnementaux. Pourtant, la majorité des voyageurs d’affaires estiment que trop peu d’actions concrètes sont mises en place au sein même de leur entreprise.
La question de la sécurité prioritaire lors d’un déplacement professionnel
Dans un contexte géopolitique complexe et un environnement sanitaire imprévisible, la sécurité du voyageur lors d’un déplacement professionnel est plus que jamais une priorité pour les entreprises. Avec la fin de la pandémie, les processus d’approbation se sont assouplis et les politiques directives mises en place par les entreprises pour protéger leurs collaborateurs se sont réduites. Ainsi, le processus d’approbation est passé de numéro 2 en 2022 à numéro 4 cette année. Pour assurer le devoir de protection, l’élément principal selon les sondés montre un besoin d’information avant le déplacement sur les processus d’assistance et d’information mis en place à destination du collaborateur (70%). En seconde position (65%) se place la capacité de savoir à tout moment où se trouvent les collaborateurs, suivie par la possibilité de les rapatrier immédiatement (63%). « Nous constatons que le nombre d’entreprises pilotant la conformité à la politique voyages est en forte hausse avec 63% des répondants confirmant un suivi détaillé (+22pts vs 2022) », indique AMEX GBT à travers son baromètre.
Sur la partie Expense, la gestion des notes de frais est de plus en plus associée au voyage d’affaires. En 2023, 59% des sondés affirment que la politique voyages de leur entreprise comporte un volet sur la gestion des notes de frais et les outils de gestion des notes de frais sont désormais incontournables pour les entreprises qui peuvent se le permettre (71% vs 50% en 2022). Le parcours digital est également un pilier essentiel dans le service proposé. Les applications mobiles sont notamment utilisées par 49% des collaborateurs durant un déplacement, 30% au moment de la réservation et 21% après le déplacement. Parmi les fonctionnalités les plus plébiscitées : l’enregistrement en ligne, la modification de la réservation et la réception d’alertes. Sur les outils conversationnels, l’étude met en avant une augmentation significative de l’utilisation des messageries instantanées comme WhatsApp ou un Chat (+170% entre Q4 2021 et Q4 2022), ce qui montre la démocratisation des canaux digitaux comme moyen de communication. Le téléphone reste toutefois la solution privilégiée en cas de problème impactant le voyageur.
Pour conclure, l’utilité du voyage d’affaires n’est pas remise en cause mais les motifs de déplacements sont monitorés. La TMC est attendue pour aider à l’optimisation et les voyageurs décisionnaires sont globalement alignés, malgré des objectifs différents. Enfin, le dernier point, et celui qui a le plus d’importance selon le directeur général France d’Amex GBT, est « qu’il faut passer à l’action notamment sur les sujets de l’empreinte carbone et du leakage hôtel. Ce sont deux points qui, à mon sens, sont vraiment très importants. »
L’interview de Yorick Charveriat est à retrouver dans son intégralité ici.