Aéroports de Paris : une pépite de l’Agence de participation de l’Etat (APE)

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Le groupe ADP vient de publier ses résultats 2017 faisant ressortir une croissance de ses bénéfices de 31,2% à hauteur de 571 millions d’euros et un EBITDA passant de 40,6 à 43,3% pour un chiffre d’affaires de 3617 millions € en hausse de 22,7% !

L’Etat, par son bras armé financier l’APE, ne peut que se féliciter d’une si belle réussite d’une de ses filiales (50,6% de participation) qui va se traduire par une rentrée d’argent importante s’élevant à 289 millions d'euros, correspondant au montant des dividendes versés selon les règles de cette institution auxquels s’ajoutent les 260 millions d’impôts perçus sur les bénéfices. Soit un total de 549 millions d’euros.

Parallèlement à ces résultats, la valeur boursière d’ADP s’établit aux alentours de 16 milliards, c’est donc une valeur de plus de 8 milliards s’inscrivant dans le portefeuille de l’APE, la troisième par ordre d’importance après EDF et ENGIE ! Ce qui représente 7,5% de la valeur total capitalistique des participations cotées de l’Etat (100mds le 15 novembre 2017) pour seulement 0,6% du CA cumulé de l’APE.

Une belle performance financière qui mérite d’être saluée comme il se doit et qui doit très certainement aiguiser les appétits des éventuels investisseurs, alléchés par la perspective d’une possible privatisation du Groupe ADP dont il est fait état maintenant dans la presse.

Il est toutefois intéressant de rapprocher ces chiffres avec ceux récemment publiés par le groupe Air France-KLM et également IATA au niveau mondial qui ne reflètent pas les mêmes ratios et traduisent le déséquilibre quasi abyssal entre les compagnies aériennes et les opérateurs aéroportuaires dans la chaîne de valeur du transport aérien.

Pour le seul transporteur du groupe national français, il est intéressant de retenir qu’après une année 2017 remarquable avec un chiffre d’affaires de plus de 22 milliards, son EBITDA s’établit à 12,6% c’est-à-dire moins d’un tiers de celui d’ADP!
Parallèlement, rappelons que IATA indique un EBIT globalisé de 8,3% pour une marge nette de 5,8% !

Cette lecture des chiffres est particulièrement édifiante et, dans la perspective des prochaines Assises du transport aérien axées sur le thème de la compétitivité, ils prennent une certaine acuité quand on considère le déséquilibre systémique flagrant, par ailleurs dénoncé par la Cour des Comptes dans son rapport publié en 2016, entre les intérêts des aéroports et ceux des compagnies ariennes.

Que ce soit dans l’élaboration des contrats de régulation économique (CRE) ou dans le non partage des recettes commerciales (pour mémoire, ADP dégage pour ses recettes commerciales issues des propres clients des compagnies un EBITDA de 56% !!!),il apparait clairement comme il est indiqué ci-dessus que les objectifs des aéroports sont prioritairement financiers avant ce qui devrait être leur raison d’être essentielle, la facilitation du transport aérien au service des utilisateurs.

C’est oublier que la finalité d’un aéroport est de contribuer à créer de la valeur pour une ville, une région, un pays qu’il dessert et que cette valeur doit être partagée équitablement entre tous les acteurs, notamment par un système de redevances modérées en adéquation avec les coûts dans un cadre de caisse unique et non dite "aménagée", impliquant un juste retour de bénéfices commerciaux pour les compagnies apporteurs de clientèle aux aéroports avec leurs partenaires de la distribution.

Jean-Pierre SAUVAGE
Président
BAR France