Air France : lettre ouverte contre préavis de grève, le dialogue est difficile…

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L’affaire de la rémunération des dirigeants d’Air France ne passe pas et à quelques jours des négociations salariales, prévues les 7 et 10 mars prochain, le ton est plus à la grogne qu’au dialogue. Le patron Franck Terner répond par une lettre ouverte aux préavis de grève déposé pour le 7 mars.

Depuis sa nomination en juillet dernier, Jean-Marc Janaillac est en opération déminage et il se murmure qu’il a même été nommé spécialement pour favoriser le dialogue en période pré-électorale. Patatras, quelques jours à peine après avoir obtenu un oui – méfiant mais un oui tout de même – des pilotes à son projet Boost, le CCE a mis la main sur un pataquès de rémunération en hausse.

Même révisée par la direction à 17,6%, cette progression passe mal auprès de salariés mis à la diète par Transform 2015 et Trust Together. Les préavis pleuvent pour protester et mettre la pression au 1er jour des négociations salariales obligatoires, organisées le 7 mars. La CGT (tous personnels) et le syndicat Alter (pilotes) ont été les premiers à lancer un mot d’ordre de grève, suivis par FO et Sud mais aussi l’Unsa aérien à la maintenance. Les syndicats de PNC Unac et SNPNC ne se joignent pas au mouvement – ils sont mobilisés pour demander le retrait du projet Boost - et la CFDT doit faire savoir sa position ces prochains jours. A tout le moins, il est recommandé aux voyageurs d’affaires d’éviter de programmer des déplacements importants ce mardi 7 mars.

De son côté la direction, par la voix de Franck Terner, tente de déminer. Le DG s’est à nouveau fendu d’une lettre ouverte aux salariés, après celle déjà adressée il y a peu aux pilotes pour les inciter à accepter le projet Boost. Dans ce courrier, le DG se dit "désolé" du cafouillage "qui est le résultat d'une grossière erreur de calcul et de présentation", selon lui, reprenant ainsi à son compte les explications embarrassées précédentes. "Le chiffre de 4,8M€ qui a été initialement publié intégrait des sommes qui n'auraient pas dû être imputées à cette rubrique", écrit-il, détaillant les calculs et affirmant, pour être sûr d'être bien compris, que "la hausse globale de l’enveloppe des quatorze dirigeants « ne signifie absolument pas que les membres du comité exécutif ont été augmentés individuellement de 17,6 %". Il précise d'ailleurs que la rémunération 2017 des dirigeants va, du fait des variables, baisser de 10% en 2017.

Pour enfoncer le clou, Franck Terner précise que "le montant de la rémunération moyenne perçue par les membres du Comité Exécutif d'Air France en 2016 est inférieur de 7% à celui de 2012. (…) Par ailleurs, ces rémunérations sont inférieures, à responsabilités équivalentes, à celles perçues par les cadres dirigeants de nos principaux concurrents". La démonstration sera-t-elle audible par des syndicats qui veulent en découdre ?