Air France : un patron pour l’été

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Un peu médusés par les "mesurettes" annoncées en CCE, les syndicats d'Air France ne retiennent qu'un élément des annonces d'Anne-Marie Couderc, celle de l'arrivée d'un nouveau Président dès juillet et non en septembre. La liste des prétendants s'allonge.

Les commentaires des syndicats aux propositions de la présidence par intérim sont clairs : l'Unsa parle de gâchis, le SNPNC de "coup d'air" , rien qui ne provoque le choc de remobilisation pour éviter la grève annoncée du 23 au 26 juin prochain tandis que la CGT Air France titre "Sidération et Consternation" et appelle à la grève. "Dans un tel contexte, on se demande si les décideurs ont bien mesuré les enjeux qui sont en cours, souligne l'Unsa qui reprend : "Il est impératif désormais que les différentes parties aient l’envie et la volonté de trouver un compromis entre une juste politique salariale et le développement de l’entreprise. Les débats du CCE prouvent clairement que ce n’est hélas pas d’actualité alors que le temps presse en ce début de départs en vacances !

Côté SNPNC, "Pour l’instant, c’est le Conseil d’Administration d’AF-KLM qui mène la danse et il a jugé inutile de donner un mandat à madame Couderc pour dénouer la situation avant l’arrivée du prochain PDG. Cette dernière n’a donc fait qu’annoncer cette nomination imminente en s’engageant à aller chercher un réel mandat en juillet si la date devait être reculée". Le syndicat prend "au pied de la lettre cet engagement" car il est clair que "nous n’accepterons pas une stratégie de la diversion qui consisterait à jouer la montre". Pour le syndicat des hôtesses et stewards, "Le Conseil d’Administration du groupe AF- KLM doit bien entendre la détermination des salariés d’Air France et s’assurer de faire le choix d’un nouveau PDG qui ait un mandat réel pour débloquer la négociation salariale".

Pour l'heure, c'est le statuquo mais le préavis court et il n'y a plus de négociations. Les voyageurs d'affaires doivent s'attendre à des difficultés pour voler avec Air France cette fin juin.

Le petit jeu des supputations

Pendant ce temps, les pronostics vont bon train pour ce fameux PDG du groupe. Côté femmes, selon le Canard Enchaîné qui joue à la boule de cristal dans son édition de mercredi, elles ne sont pas nombreuses. Catherine Guillouard, patronne de la RATP est citée mais ses chances sont limitées. Pas assez d'expérience dans l'univers du transport aérien. Dans les candidats plus classiques, deux tiennent la tête. Lionel Guérin (qui serait partant) et Fabrice Brégier, fraichement sorti d'Airbus. Eux connaissent bien l'aérien… Mais, seul Lionel Guérin a la confiance des pilotes et pour cause, il a exercé le métier. "Elle ne suffira pas", dit-on en interne où l'on souligne les inimitiés passées. Florence Parly est aujourd'hui au Gouvernement, Ministre de la Défense. Son mari, Martin Vial, dirige l'Agence des participations de l'Etat (APE) et il a l'oreille du Comité des Nominations du CA du groupe. Laissera-t-elle passer Lionel Guérin avec qui elle a été en conflit ? Pas certain, elle aurait la rancune solide !

En peloton derrière les échappées, on retrouve une longue liste de candidats comme Denis Olivennes, l'ancien boss de la FNAC qui a le mérite de connaître la maison. Il a été DG adjoint d'Air France de 1993 à 1997. Pour les syndicats, il serait trop entier. Autre nom, celui d'un bon copain de promo de Macron, Matthias Vicherat, aujourd'hui n°2 de SNCF. Seul handicap, depuis deux ans on le cite comme remplaçant de Pépy. Autre souci, proche du Président, il aurait l'image du "copain" placé à un bon poste.

Toujours en course, Pieter Elbers l'actuel patron de KLM (déjà annoncé à l'occasion de l'AG de Iata) qui a le défaut de ne pas être français, un handicap. Outsider, Marc Rochet qui vient de laisser son poste au sein du groupe Dubreuil. Âgé de 67 ans, il aurait trois ans (la limite d'âge du PDG est fixée à 70 ans) devant lui. Il pourrait s'attaquer à la "gréviculture" interne, relancer le groupe sans se soucier de son avenir ! Aurait-il les coudées franches ? Pas certain.

Parmi les loufoques cités dans les couloirs, voilà qu'on reparle ces dernières heures de Bruno Matheu qui a été numéro deux du groupe avant de partir chez Etihad. "Fantaisiste", dit-on à Matignon, l'homme a trop d'ennemis en interne pour prendre sereinement un tel poste. Reste la surprise, venu d'on ne sait où. Seule certitude, s'il n'est pas du sérail ou trop éloigné du transport aérien, sa mission s'annonce difficile voire impossible. Alexandre de Juniac et Jean-Marc Janaillac en savent quelque chose.

Comme le dit un syndicaliste CGT, "nos deux anciens boss avait des noms qui se termine en – ac – comme couac". Prémonitoire ?