Air France : un séminaire clé ce mardi

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Le nouveau patron d’Air France KLM sera-t-il déterminé dès ce mardi ? Un séminaire stratégique du Conseil d'administration se tient à Amsterdam avec un ordre du jour chargé qui devra, pour commencer, calmer l’agacement – euphémisme – des actionnaires. Et, par contre-coup, tenter de fixer un cap pour les salariés.

Si l’ambiance sociale est tendue depuis quelques mois chez Air France, ce qui a coûté de fait la tête au Président Janaillac, la nomination de son successeur a également sérieusement provoqué des frictions au sein du groupe aérien. Avec KLM tout d’abord, puis avec Delta et China Eastern, même si la deuxième est à la fois un partenaire plus récent et plus mesuré. Mais pour les 3 associés, c’est le même sujet qui agace les dents : le manque de transparence sur la nomination du nouveau futur patron du groupe.

Chez KLM, qui a le sentiment justifié de tirer la croissance, il est temps que les traditions changent et qu’un Néerlandais puisse éventuellement prendre la direction du groupe. Les fuites – arrangées ? – sur l’éventuelle nomination du candidat Capron a plus qu’agacé, les KLM y voyant à la fois une erreur sur le choix d’un patron qui n’a aucune compétence dans l’aérien et un manque d’explications sur le non-choix de Pieter Elbers. Autrement dit, une vexation absolue et une nouvelle preuve de l’arrogance française.

Les Néerlandais voudraient par ailleurs que soit mieux étudié le mode de gouvernance qu'ils ont proposé et qui, d'évidence, lorsqu'il a été appliqué entre 2012 et 2016, leur convenait parfaitement : un PDG de groupe chargé de la stratégie globale, accompagné de 2 PDG musclés pour gérer chaque leur compagnie, KLM d'un côté et Air France de l'autre. Cette formule leur garantissait à la fois plus d'autonomie - relative - et un mode de gestion qui leur correspondait mieux, et ils tiennent à ce que l'éventualité de revenir à cette formule ne soit pas si facilement balayé.

Du côté de Delta, partenaire de longue date mais aussi désormais actionnaire, comme China Eastern, il s’agit d’avoir un droit de regard lié aux 375 millions de dollars investis en septembre dernier pour prendre 9% du capital. L’action a depuis fondu, il est temps de comprendre ce qui se passe. Et la main-mise supposée de Bercy sur la nomination du patron agace au plus au point ces tenants du libéralisme !

On peut imaginer que le séminaire stratégique devra répondre à toutes les susceptibilités. Y compris à celle des salariés qui attendent avec inquiétude la fumée blanche au-dessus du siège social, tant il est vrai que la personnalité du nouveau patron du groupe sera déterminante pour savoir s’il peut emporter l’adhésion de tous et porter un projet. Il est vrai que jusqu’ici, le profil d’énarque du supposé impétrant est loin de provoquer l’enthousiasme. Au point que, selon certaines sources que nous n'avons pu confirmer, la candidature Capron serait définitivement écartée.