Contrôle aérien : la France est responsable d’un tiers des retards en Europe

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Le sénateur Vincent Capo-Canellas (Union Centriste – Seine-Saint-Denis) s'alarme face à la situation du contrôle aérien français. Dans un rapport d'information, l'élu déplore la vétusté des systèmes, qui sont à l'origine de nombreux retards dans l'Hexagone ainsi qu'en Europe. Il propose également que la loi Diard soit étendue aux contrôleurs aériens.

Ryanair et l'association A4E ne sont pas les seules à déplorer le manque d'efficacité du contrôle aérien français. Le rapport d’information du sénateur Vincent Capo-Canellas, réalisé après une quinzaine d’auditions au Sénat et plusieurs déplacements dans des centres de contrôle de la navigation aérienne, pointe du doigt des dysfonctionnements et la vétusté de ce service.

L'élu explique : "La situation actuelle du contrôle aérien français est inquiétante de par l’obsolescence de ses systèmes qui, si elle ne pose pas de problème de sécurité, crée de nombreux retards et conduit la France à être pointée comme un élément bloquant du Ciel unique européen". Il poursuit "Les différents retards accumulés (en nombre de minutes comme s’agissant de la modernisation des systèmes) conduisent à un véritable décrochage par rapport à nos partenaires européens, avec qui nous bâtissons un Ciel unique européen".

Le rapport déplore "La France peine à faire aboutir les grands projets technologiques que porte la DSNA depuis parfois le début des années 2000 et dont le coût total est désormais estimé à 2,1 milliards d’euros. Les délais sont sans cesse repoussés et les coûts de maintenance du système actuel explosent. Alors que les équipements des contrôleurs aériens français sont aujourd’hui largement obsolètes, des systèmes plus capacitifs permettraient d’augmenter considérablement leur productivité. Tous les grands pays européens y parviennent".

Le rapport complet est disponible sur le site du Sénat

Les minutes de retard, provoquées par le contrôle aérien français, représentent à elles seules 33% des retards européens pour 20% du trafic contrôlé. Et la situation pourrait encore empirer. En effet, selon le document, les équipements et l'organisation des ressources humaines du service actuelle ne parviendront pas à faire face à la hausse du trafic aérien contrôlé estimée à 4% par an. Outre la modernisation des installations, l'élu prône une gestion du personnel plus flexible et mieux adaptée à la saisonnalité du trafic et à sa concentration sur des périodes de pointe.

Vincent Capo-Canellas partage l'analyse des nombreuses compagnies aériennes européennes agacées par les nombreux mouvements sociaux français sur leurs propres activités. "Il est indispensable de limiter l’impact des grèves des contrôleurs aériens français sur l’organisation du trafic aérien européen. Ces grèves ont représenté de 2004 à 2016 rien de moins que 67 % des jours de grève des contrôleurs aériens en Europe. La France est montrée du doigt dans toutes les instances internationales. Le système actuel de réquisition de 50% du personnel conduit à de fortes réductions préalables du nombre de vols alors que les contrôleurs sont in fine peu nombreux à être grévistes".

Pour diminuer l'impact des actions des contrôleurs français sur le ciel européen, il propose que la loi Diard - qui oblige les personnels à se déclarer soit grévistes soit non-grévistes - soit transposée aux contrôleurs aériens "moyennant des adaptations".

Il conclut "la DSNA est en mesure de redresser la barre grâce à la qualité de ses équipes et de retrouver l’ambition qui doit être celle des services de la navigation aérienne de la deuxième puissance aéronautique mondiale. Mais cela impliquera de tirer les leçons des erreurs passées et de consentir des efforts très significatifs pour accompagner avec une efficacité renouvelée un trafic aérien en plein essor".