Les grèves des contrôleurs français aériens ont augmenté de 300% en un an

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Airlines for Europe (A4E) s'agace une nouvelle fois de l'augmentation du nombre de grèves des contrôleurs aériens de l'UE, et plus particulièrement des Français. L'association qui représente les compagnies aériennes européennes, réclame des mesures pour réduire leur "impact destructeur sur le trafic aérien et les économies européennes".

Depuis le début de l'année, le ciel européen a connu 24 jours de grève des contrôleurs, contraignant les membres d'A4E d'annuler alors près de 5 000 vols. Ces différentes actions ont touché 784 000 passagers à travers l'Europe. Rien que sur la France, les mouvements sociaux des contrôleurs aériens ont augmenté de 300% par rapport à 2017. Cette situation problématique du ciel de l'Hexagone a d'ailleurs aussi été épinglée en début de semaine dans le rapport du sénateur Vincent Capo-Canellas.

A son tour, l’association Airlines for Europe est fortement agacée par les mouvements sociaux des aiguilleurs du ciel européens, plus particulièrement des Français. Deux de ses membres – Ryanair et IAG – envisagent même de déposer une plainte auprès de la Commission européenne.

L'organisation explique dans un communiqué de presse que "l’augmentation alarmante des grèves du Contrôle du Trafic Aérien (ATC) à travers l'Europe a des effets ravageurs sur les compagnies aériennes, leurs passagers et leurs activités. 2018 s'annonce comme l'une des pires années en termes de grève de l'ATC en Europe".

Plus de retards également
Les délais deviennent également plus nombreux sur les pistes. 39 000 liaisons ont été retardées pendant les actions, soit environ 30% du total des retards en route en mai. De plus, Eurocontrol projette que le nombre total de minutes de retard en 2018 sera en hausse de 53% par rapport à 2017 en raison des grèves et du manque de capacité (14,3 millions en 2018 contre 9,3 millions de minutes en 2017).
 
L'A4E précise dans son communiqué que "Les grèves de l’ATC ont un impact très coûteux sur les consommateurs, les économies européennes et l’environnement". Elle détaille : "Elles enfreignent le principe de libre circulation des personnes et des biens à travers l’Europe pour plusieurs raisons : Les trajets des voyageurs et les chaînes d'approvisionnement sont sévèrement perturbés, les déviations pour éviter les espaces aériens fermés augmentent le temps de vol des appareils et donc leurs consommations en carburant, desquelles découlent des émissions de CO2 plus élevées, l’industrie du tourisme est la plus touchée en raison de l'annulation de vols vers des destinations loisir phares, mettant en péril les petites et moyennes entreprises du secteur, les compagnies aériennes doivent indemniser les passagers pour les retards et prendre des mesures pour les faire embarquer sur d’autres vols, ce qui perturbe considérablement les plans de voyage des clients et les opérations des compagnies aériennes. Ces dernières n'ont pas le droit d’imputer ces coûts aux prestataires de l’ATC qui les ont causées".
 
L'organisation rappelle que PriceWaterhouseCoopers (PwC) estime le coût économique des grèves de l'ATC dans l'UE entre 2010 et 2017 à 13,4 milliards d'euros.
 
Willie Walsh, PDG d'IAG, a ajouté "IAG et Ryanair envisagent de déposer une plainte auprès de la Commission européenne car les grèves de l’ATC représentent le plus grand défi pour notre industrie. Elles sont en train de détruire le trafic aérien européen et ont un impact énorme sur les consommateurs. Ces perturbations affectent toutes les compagnies aériennes, mais ont un impact particulièrement négatif sur le tourisme et l'économie espagnole. Les grèves continues du personnel de l'ATC à Marseille ont un impact disproportionné sur les compagnies aériennes qui partent de Barcelone puisqu’ils contrôlent les vols dans la majeure partie de l'espace aérien méditerranéen. Pour Vueling, cela veut dire que 50% de ses vols sont affectés. L'UE doit agir dès maintenant pour protéger les droits des consommateurs et prévenir les dommages à long terme sur les économies européennes".
 
Pour remédier aux perturbations des grèves de l’ATC, A4E propose une nouvelle fois d’imposer une période individuelle de préavis de 72 heures pour les contrôleurs aériens. Une pétition à cet effet – toujours en ligne - avait été lancée en 2015. Elle sera présentée aux autorités compétentes à Bruxelles et dans les capitales de l’Union européenne d'ici fin 2018.