Le Pass Navigo remplacé par la reconnaissance faciale ?

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Valérie Pécresse, présidente d’Île-de-France Mobilités, envisage de faire appel à la reconnaissance faciale pour renforcer la sécurité dans les transports en commun franciliens. Mais cette technologie pourrait aussi aller au-delà de ce rôle sécuritaire, en remplaçant tout simplement le Pass Navigo.

Valérie Pécresse a expliqué lors d’une audition devant les sénateurs début février qu'elle souhaiterait "expérimenter la reconnaissance faciale dans les transports d’Île-de-France". Selon Le Parisien, l'élue a justifié sa position en ajoutant "Il n’y a pas de raison qu’il y ait des degrés de protection différents entre les avions et les trains. Et le fait qu’un terroriste recherché puisse passer devant les caméras sans être empêché de prendre le métro me paraît une source d’insécurité".

Toutefois, cette proposition également présentée lors du conseil d’administration d’Ile-de-France Mobilités ne fait pas l'unanimité. Céline Malaisé, présidente du groupe Front de gauche, déplore "Il y a un vrai risque d’atteintes aux libertés individuelles d’aller et venir". Elle craint entre autres les dérives "Qui nous garantira que ça ne sera pas utilisé pour d’autres motifs. Par exemple pour suivre des Gilets Jaunes qui vont manifester?", ajoute-t-elle.

La CNIL, Commission nationale Informatique et Libertés, met de son côté en garde la région "les enjeux de protection des données et les risques d’atteintes aux libertés individuelles sont considérables (…). Tout projet d’y recourir devra à tout le moins faire l’objet d’une analyse d’impact relative à la protection des données".

Concernant l'axe sécuritaire, les caméras installées dans les couloirs pourraient filmer aléatoirement les usagers et reconnaître ainsi les personnes recherchées. Elles pourraient aussi être placées aux portiques et vérifier que le visage de la personne qui se présente est bien identique à la photo du Pass Navigo.

La reconnaissance faciale pourrait également être utilisée à d'autres fins que la sécurité et finalement remplacer les titres de transport. L'usager qui accepterait que sa photo intègre une base de données, aurait simplement à présenter son visage devant la caméra d'un portique dédié pour être identifié et poursuivre son voyage sans perdre une seconde.

Si cette nouvelle solution – qui pourrait être prochainement testée dans le métro de Londres – arrivait à Paris, elle rendrait rapidement obsolète l'expérimentation de dématérialisation des titres menée actuellement avec les smartphones et l'application Navigo LAB.