Comment on se déplacera en Ile-de-France à partir du 11 mai

Dans un métro au ralenti, en voiture à moins de 100 km de son domicile, en taxi avec un masque ou en vélo rue de Rivoli : ce qui va changer dans le déplacement des Franciliens dans la phase de déconfinement.

En Ile-de-France, malgré le rouge qui colore ses huit départements, la règle nationale d'une liberté de circulation sans attestation dans une limite de 100 km par rapport à son domicile s'appliquera à partir du 11 mai.

Cependant, tout ne sera pas comme avant, loin de là. A noter que, sur de nombreux points, des discussions sont toujours en cours. Des ajustements seront donc apportés au dispositif général, dont on vous dresse ici un tableau.

Qui pourra voyager ?

En principe, tout le monde. Mais si l'on se réfère aux préconisations gouvernementales qui relèvent, pour l'heure, du code de bonne conduite et non de l'obligation, les entreprises sont encouragées à maintenir en télétravail tout le personnel dont le présentiel n'est pas indispensable. A l'échelle de la Région, une charte à ce sujet a été signée avec les entreprise. L'objectif, pour elle, serait que 100 % des personnes en télétravail durant le confinement le soient toujours le 11 mai ; puis 90 % fin mai ; puis 80 % fin juin.

Pour les voyageurs hors-motifs professionnels, il est fortement conseillé de se déplacer en dehors des heures de pointe. Le gouvernement ayant demandé aux entreprises d'échelonner les heures d'embauche et de sortie de travail, celles-ci s'étalent sur des plages larges : de 5h30 à 10h30 le matin, de 15h30 à 19h30 en fin de journée. Bien sûr, cette contrainte s'applique aux utilisateurs de transports publics.

En transports publics

Règle arrêtée de façon certaine : le port du masque sera obligatoire pour les voyageurs du réseau RATP et SNCF. La régie parisienne dispose d'un stock de masques suffisants pour équiper les voyageurs des premiers jours. Rapidement, ce sera de la responsabilité des voyageurs d'en posséder un. 300 points Relay du réseau en vendront. Par ailleurs, la régie dotera de 2 masques en tissu chaque abonné mensuel ou annuel "Navigo". Le non respect de cette règle devrait être sanctionné d'une amende de 135 €.

D'après Catherine Guillouard, sa pdg, la RATP envisage de faire circuler en moyenne 75% des métros - 85% sur la ligne 13, très chargée, et 100% sur les lignes automatiques 1 et 14 -, 75% des RER A et B, 75% des bus et de 80 à 100% des tramways. Mais ces véhicules ne transporteront que 15 % de leur capacité en moyenne, mesures de distanciation sociale obligent.

Les risques d'engorgement, si ce n'est de paralysie, sont donc réels. Pour minimiser ce risque, la baisse de la demande par les préconisations citées plus haut (télétravail et échelonnement des entrées/sortie de travail) est l'outil principal. Pour canaliser ces flux, une cinquantaine de stations de métro devraient être fermées le lundi 11 mai.

Risque d'engorgement mais aussi de "pagaille", pour le dire poliment. Des personnes pressées d'arriver à leur travail seront empêchées d'entrer dans des wagons aussi vides qu'un mardi à 23 heures : tensions possibles. La RATP va mobiliser 1.300 de ses agents pour le filtrage des passagers à l'entrée des gares et stations et le respect des règles de distanciation sur les quais et dans les voitures. A priori, des renforts issus des foces de l'ordre compléteront le dispositif

Autrede la Région qui aura finalement aboutie : les voyageurs professionnels empruntant les transports en commun ont une obligation de se déplacer avec une attestation de leur employeur stipulant leurs horaires de travail. C'est une spécificité francilienne.

En voiture

Pas d'attestation nécessaire mais une restriction forte : dans la limite d'un déplacement de moins de 100 km à partir de son domicile. Au-delà, seul un "motif familial ou professionnel impérieux", comme l'avait précisé le Premier ministre lors de la présentation de son plan de déconfinement. Le non respect de cette règle sera sanctionné d'une amende de 135 €.

Les attestations possèdent déjà une option "déplacements professionnels ne pouvant être différés" et une autre "déplacements pour motif familial impérieux, pour l'assistance aux personnes vulnérables ou la garde d'enfants". Selon les cas, il faudra que l'une ou l'autre de ces cases soit cochée.

Pour les déplacements professionnels, une justification supplémentaire pourra être demandée (contrat, convention de stage, document signé par l'employeur...). Demande ou exigence ? Situation précise rendant nécessaire la présentation d'un justificatif supplémentaire ? Ces questions restent dans le flou.

Autre sujet qui reste en suspens : quid des salariés qui travaillent chaque jour à plus de 100 km de chez eux ? Par ailleurs, plusieurs élus ont posé la question des déplacements - fussent-ils pour motifs impérieux - de départements rouges (comme ceux d'Ile-de-France) vers des départements verts et des risques que cela impliquait. Il semblerait, pour l'heure, qu'il n'y aurait pas de restrictions supplémentaires en pareil cas.

En VTC et taxi

Comme annoncé par le Premier ministre lors de la présentation de son plan de déconfinement, le port du masque sera obligatoire pour le chauffeur et le client sauf quand une paroi de protection est présente entre l'avant et l'arrière du véhicule. Par ailleurs, de nombreuses compagnies de taxis et de VTC ont d'ores et déjà annoncé que d'autres mesures seraient prises dans leurs véhicules, telles que la présence d'un distributeur de gel hydroalcoolique.

La pose d'une paroi de protection coûte environ 70 €. Un investissement qui pourrait s'avérer avantageux au regard des autres options pour les chauffeurs : fournir des masques ou refuser des courses.

En vélo (roller, trottinette...)

C'est, avec la marche, la solution qui permet aux Franciliens de se déplacer pour des distances courtes, tout en leur préservant un peu du calme qu'ils ont goûté durant ce confinement à presque "zéro voiture". 

Des pistes cyclables temporaires, sur des voies habituellement réservées aux automobiles, seront ouvertes dans la région, en concertation avec les collectivités territoriales. La carte de ces nouvelles pistes n'est toujours pas publiée. Anne Hidalgo, qui se veut en pointe sur le sujet des mobilités douces, a d'ores et déjà annoncé que 50 km de ces pistes temporaires sillonneront Paris. Plusieurs axe sont déjà connus, et pas des moindres : la rue de Rivoli, l'avenue du Général Leclerc (XIVe arrondissement), le boulevard Saint-Michel ou encore la place de la Porte-Maillot.

Ce temporaire pourrait-il être pérennisé ? "Peut-être", a répondu l'édile au Parisien. L'une de ces réponses qui faisaient dire hier à Olivier Schneider, président de la Fédération des usagers de la bicyclette (FUB) sur France Info, "(avec les mesures prises pour le déconfinement) on va gagner cinq ou dix ans de politique cyclable d'un seul coup"