Durabilité : ce qui est fait et reste à faire dans le voyage d’affaires

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Plainte contre Air France et 16 autres compagnies pour

La GBTA (Global business travel Association) vient de publier son rapport annuel sur l'état des actions en faveur du climat dans le voyage d'affaires. En voici les principale conclusions.

Près de 900 répondants, acheteurs (51%) et fournisseurs (40%) principalement, originaires d'Amérique du Nord (50%) et d'Europe (34%) avant tout. Telle est, à grand traits, la nature du panel qui donne lieu à cette étude GBTA. Plusieurs enseignements peuvent en être tirés...

L'enjeu durabilité continue de se répandre

- Le développement durable reste une priorité : 92% des personnes interrogées déclarent que le développement durable est une priorité pour leur organisation (une augmentation par rapport à 89% l'année dernière). L'Amérique du Nord est légèrement à la traîne par rapport aux autres régions, avec 86 % des répondants déclarant que le développement durable est une priorité, contre 98 % en Europe et 100 % dans les régions Asie Pacifique et en Amérique latine.

- Pour les entreprises, les principaux moteurs de l'adoption du développement durable sont la gestion de la réputation (84 %), mais aussi la volonté réelle d'avoir un impact positif sur la planète (82 %).

- Les acheteurs et les fournisseurs agissent : 81% des acheteurs ont intégré ou prévoient d'intégrer le développement durable dans leurs programmes de voyage (+10 points par rapport à l’année dernière : un chiffre record). Parmi les fournisseurs, 86 % déclarent avoir intégré ou prévoir d'intégrer le développement durable dans leurs objectifs commerciaux.

- Les entreprises investissent dans des équipes dédiées : 71% des personnes interrogées (acheteurs et fournisseurs confondus) déclarent disposer d'une équipe chargée du développement durable, ce qui représente une augmentation par rapport à l'année dernière (66 %). Alors que 90 % des compagnies aériennes déclarent disposer de ressources dédiées au développement durable, ce chiffre tombe à 59% pour l'hôtellerie, 58% pour les TMC, 55% pour les transports terrestres et 50% pour les technologies/plateformes de réservation. En moyenne, 80 % des acheteurs de voyages déclarent disposer d'une équipe chargée du développement durable.

Le suivi des émissions et les objectifs de réduction deviennent la norme

- La mesure des émissions est la première pratique mise en œuvre par les travel managers : 64% des acheteurs de voyages suivent les émissions de leur programme de voyages d'affaires (contre 55% en 2022), 70% d'entre eux s'appuyant sur les données fournies par leur TMC.

- Les travel managers sont chargés de réduire les émissions de leurs programmes : plus de la moitié (54 %) des personnes interrogées déclarent que leur entreprise a fixé des objectifs internes ou publics pour réduire les émissions du scope 3, y compris les voyages d'affaires. 23% prévoient de le faire.

- La divulgation publique des émissions liées aux déplacements professionnels reste peu appliquée : seulement 20 % des personnes interrogées déclarent que leur entreprise rend compte de toutes les émissions liées aux déplacements professionnels.

La gestion durable des déplacements repose sur la communication avec les employés

- La communication avec les employés est essentielle : 73 % des gestionnaires de voyages communiquent actuellement, ou prévoient de le faire, avec les employés au sujet des choix durables.

- La combinaison de voyages est considérée comme un moyen de maximiser le retour sur les émissions : 74% des travel managers encouragent (55%) ou obligent (19%) leurs employés à combiner plusieurs voyages d'affaires en un seul.

- La pratique qui se développera le plus rapidement sera l'activation du point de vente pour encourager les employés à choisir des options moins polluantes. Cette pratique n'est mise en œuvre que par 28 % des gestionnaires de voyages aujourd'hui, mais 32 % d'entre eux prévoient d'intégrer des fonctions de durabilité dans leur outil de réservation en ligne.

- Les gestionnaires de voyages n'agissent pas toujours directement sur l'objectif du voyage dans leurs politiques : 38 % d'entre eux demandent actuellement une justification pour les voyages d'affaires d'une journée en se basant sur le retour sur investissement (ROI) et les alternatives disponibles.

- La tarification du carbone reste une niche : Seuls 10 % des gestionnaires de voyages ont établi des budgets carbone ou des frais carbone, mais 23 % d'entre eux envisagent de le faire.

- 76% des acheteurs de voyages soulignent l'importance des achats durables en intégrant ou en prévoyant d'intégrer des questions relatives au développement durable dans leurs appels d'offres.

- L'élaboration de normes cohérentes à l'échelle du secteur est une priorité pour les acheteurs de voyages. Invités à choisir cinq façons dont l'industrie devrait accélérer le changement durable (sur 10 possibles), une une grande majorité d'acheteurs mentionnent des normes harmonisées sur la mesure, la comptabilisation et la déclaration des émissions (demandées par 65% des acheteurs). D'ailleurs, 60 % des acheteurs demandent à GBTA d'élaborer des questions harmonisées sur le développement durable à utiliser dans le cadre des achats.

- Les intermédiaires de voyage (SBT, HBT), les TMC et les consultants ouvrent la voie en aidant leurs clients à choisir des fournisseurs plus respectueux de l'environnement et à suivre l'évolution de leurs activités. De nombreux intermédiaires de voyage affichent actuellement (ou prévoient d'afficher) les émissions au point de vente (78 %), fournissent des services de calcul des émissions (74 %) et proposent des options de compensation carbone (73 %).

Les investissements dans le SAF sont freinés par le manque de budget

- Un tiers des gestionnaires de voyages se lanceront bientôt dans la course aux certificats de carburant aviation durable (SAF), alors que seulement 18% des acheteurs de voyages investissent actuellement dans l'achat de certificats SAF (16% ont l'intention de le faire). Parmi les entreprises qui achètent des certificats SAF, 84% le font par l'intermédiaire des compagnies aériennes.

- Le montant médian dépensé par ces acheteurs pour les certificats SAF est de 175.000$ par an. 13% de ces entreprises dépensent moins de 25 000 dollars par an, tandis que 17% dépensent plus d'un million de dollars par an. Pour les acheteurs de certificats SAF, les investissements représentent souvent un faible pourcentage des émissions globales (moins de 10 %).

- Pour les entreprises qui n'investissent pas dans les SAF, le manque de budget est le principal problème. Il s'agit de l'obstacle le plus souvent cité (50 %), suivi par le manque de compréhension de la manière dont les certificats SAF peuvent jouer un rôle dans une stratégie de décarbonisation (31%), et la complexité perçue du processus d'achat des SAF (24 %).

Sans faire fi, des progrès effectués par les entreprises clientes et les fournisseurs, on peut en tirer comme conclusion que des niveaux d'investissement et de collaboration sans précédent sont nécessaires pour relever les défis qui subsistent. Car les coûts induits élevés est le premier obstacle pour la deuxième année consécutive cité dans ce baromètre.