Chine : Air France suspend ses vols… sous la pression

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Air France-KLM, à l’instar de nombreux autres grands groupes aériens dont IAG et Lufthansa Group, a supprimé à son tour, ces dernières heures, ses dessertes de la Chine, répondant à une demande pressante de ses salariés et de syndicats.

Air France avait annoncé mercredi soir qu’elle réduisait ses vols de Paris vers Pékin et Shanghai, et suspendait ses vols sur Wuhan finalement jusqu’au 29 février. Jeudi, la compagnie décide de supprimer, à compter du même jour, ses vols sur la capitale chinoise et sur la grande cité portuaire de l’Est, au moins jusqu’au 9 février. Et le transporteur de préciser que des vols spéciaux étaient prévus afin d’assurer le vol retour de ses clients et employés, avec des équipages volontaires. KLM, compagnie sœur d’Air France, a annoncé à son tour jeudi soir la suspension de tous ses vols d’Amsterdam vers la Chine, soit Chengdu, Hangzhou et Xiamen, Shanghai et Pékin.

Ces décisions ont bien sûr été prises au regard de l’évolution de l’épidémie de coronavirus. Air France a pris en compte l’avis du ministère des Affaires étrangères recommandant d’éviter les vols en Chine. D’autant que l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a finalement acté jeudi que l’épidémie chinoise était une urgence de santé publique mondiale. Mais l’OMS considère dans le même temps qu’il n’y pas lieu de limiter les voyages et le commerce avec la Chine, et « s’oppose même à toute restriction aux voyages», a d’ailleurs précisé le directeur de l’organisation, Tedros Adhanom Ghebreyesus, lors d’une conférence de presse jeudi.

Air France a du considérer aussi (surtout?) la situation en interne, et les pressions dont elle fait l’objet depuis quelques jours. La direction de la compagnie aurait même indiqué avoir supprimé les vols à la demande de ses salariés. Lors d’un conseil social et économique (CSE) central extraordinaire jeudi après-midi, le personnel aurait présenté une motion à la direction faisant état de l’inquiétude des salariés amenés à desservir la Chine. Une motion soutenue aussi bien par le personnel au sol que par le personnel naviguant. Les PNC avaient auparavant fait état de «psychose» à bord de certains avions, au regard du nombre de passagers suspects bien que touchés par une simple grippe. Et un appareil devant rejoindre Pékin mercredi soir aurait été annulé en raison du manque d’effectifs, des PNC ayant fait valoir leur «droit de retrait».

Le SNPNC s’estime donc satisfait par la décision d’Air France au regard des «risques sanitaires qui pesaient sur les personnels, les passagers, et le risque pour l’image et l’économie à terme de la compagnie». Si la priorité d’Air France est bien sûr d’assurer la santé et la sécurité de ses clients et de ses personnels, la compagnie aura aussi regardé les dimensions économique et diplomatique d’une telle décision.