MICE : le grand enjeu du CO2

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A l’occasion d’une table-ronde Carrefour des Experts GBTA dédiée aux défis environnementaux du MICE, plusieurs experts ont pris la parole pour dresser un état des lieux du segment et en identifier ses leviers de décarbonation. Si la réglementation et certaines technologies rendent plus concrets les enjeux de réduction de l’empreinte carbone, la sensibilisation et la formation à cette question doit être une priorité pour l’ensemble du voyage d’affaires.  

Si les problématiques écologiques intègrent de plus en plus les politiques voyages des entreprises, il reste encore du chemin à parcourir aux acteurs du MICE désireux de réduire l’empreinte environnementale des événements professionnels.

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“C’est un segment qui souffre du manque de consolidation des données qui découle notamment de l’incapacité à tracer les petits meetings où l’on ne dispose d’aucune donnée”, rappelle Yanisse Belarbi, Directrice générale adjointe IME. La partie n’est pas jouée pour autant pour les acteurs du MICE qui peuvent mettre en place une méthodologie simple en vue d’organiser des événements plus verts. 

Réduire l’empreinte du MICE, c’est possible

“Cartographier les dépenses peut non seulement permettre d’identifier les fournisseurs labellisés mais aussi constituer une base de données sur laquelle l’acheteur peut identifier des objectifs précis et constituer une charte des événements responsables”, illustre-t-elle. Un document de référence listant les incontournables et les bonnes pratiques pour réduire l’empreinte environnementale d’un événement en excluant le plastique du service par exemple. 

Reste à faire connaître cette charte de l’ensemble des parties prenantes de la chaîne de valeur du MICE. “On a beau avoir la meilleure stratégie MICE responsable, si les organisateurs n’inscrivent pas les critères écologiques dans les cahiers des charges, c’est inutile”, rappelle Yanisse Belarbi qui conseille d’identifier des intermédiaires capables de prêcher la bonne parole en se tournant par exemple vers les assistantes de direction pour conduire le changement. 

MICE : les labels couvrent 10% des prestations

“Sans mesure, pas de progrès”, conclut-elle en suggérant au public de mettre en place un reporting de façon en coordination avec les acheteurs, les acteurs du marché et les intermédiaires. Un organisateur d’événement n’est pas toujours formé aux questions de décarbonation, dont le calcul des émissions n’est pas aussi intuitif qui n’y paraît. “Si je donne un t-shirt à la fin de chaque événement à chaque participant, c’est 6kg carbone par t-shirt. Si j’emmène mes participants à 30km de Paris en bus, c’est 1,8 kg de carbone. Ce n’est pas évident”, souligne Laurent Gabard, Directeur général Rejolt. 

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Comment parvenir à définir ce qu’est un bon événement d’un point de vue commercial et environnemental ? La clé réside une fois encore dans la sensibilisation du plus grand nombre puisque les labels, qui couvrent actuellement 10% des prestataires utilisés sur le MICE, ne suffisent pas, d’autant plus que l’impact environnement peut varier au sein d’un même label en fonction du type de prestation. 

Au-delà des labels, la direction RSE doit être en mesure de donner les grandes lignes d’une politique carbone. “Faut-il supprimer les goodies d’un événement B2C ?”, illustre Laurent Gabard. Comme sa prédécesseure, il s’accorde sur le fait qu’organiser des événements plus verts implique un travail de sensibilisation important sur l’ensemble de la chaîne de valeur du MICE. Et si le sujet est traité à toutes les étapes, depuis l’élaboration du cahier des charges, en passant par la négociation des propositions commerciales et le jour J lors du déroulé de l’événement, il insiste sur la nécessité de partager ensuite le reporting avec tout l’écosystème. 

Un défi global

Le grand enjeu du CO2 ne se cantonne pas qu’au segment de l’événementiel professionnel et concerne finalement toute la chaîne de valeur du Voyage d’Affaires. Pour rappel, depuis le 1er janvier 2023, toutes les entreprises de plus de 500 salariés ont une obligation de déclarer dans leur bilan carbone tous les services du scope 3. A mesure que de nouvelles  réglementations voient le jour, le sujet semble davantage pris à bras le corps par les dirigeants. 

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Mais celles-ci pourraient se durcir plus rapidement que certains ne l’imaginent, poussant les entreprises à trancher comme c’est peut-être le cas dans le secteur de la mobilité où un projet de loi est susceptible, s’il est adopté, de durcir les conditions de la transition électrique des flottes de véhicules d’entreprise actuellement établies par la loi LOM.

“Le projet de loi porté par le député Damien Adam impose une transition de 10% de la flotte de l’entreprise vers l’électrique chaque année et exclut l’hybride comme alternative”, explique Jacques de Villeplée, Senior Director Sales France & Bénélux SIXT. Et de prévenir : “Contrairement à la loi LOM, le projet de loi prévoit des sanctions financières qui devraient représenter 1% du chiffre d’affaires de l’entreprise.”