Déplacements professionnels: 6 raisons qui font haïr son collègue en voyage d’affaires

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Heureusement, ils ne sont plus trop nombreux ces voyages que les vieux de la vieille appellent les déplacements «troupeau». Fini le temps où l’on partait à trois ou quatre pour aller voir un client et le convaincre de la qualité des produits ou des services que l’on voulait lui vendre. Mais il n’est pas rare aujourd’hui de partir à deux, une sorte de tête-à-tête où les défauts de chacun apparaissent au grand jour. Un voyage cauchemar que l’on peut dès le début essayer de maîtriser au mieux en repérant ce qui vous exaspère et en trouvant les mots pour le dire à votre collègue. Petit florilège de ce que vous risquez de rencontrer en voyage.


L'anxieux

Dès l’aéroport, il commence à parler boulot. Il va téléphoner quatre ou cinq fois à son assistante et ouvrir machinalement sa mallette deux ou trois fois pour vérifier que tous les documents sont là. Son seul sujet de discussion : la mission. Sa seule peur, qu’elle soit ratée ! Et pour se rassurer, vous allez devenir sa lumière, son phare dans la nuit. Il ponctue ses questions de "tu crois" et vous fait répéter les points positifs pour s’en convaincre. Bref, avant même que l’avion ne décolle, vous serez définitivement convaincu qu’il n’était pas l’homme de la situation. Surtout qu’au fil des heures, il risque de vous communiquer sa vision pessimiste de la mission et vous conduire à faire des erreurs qui seraient préjudiciables au déplacement professionnel qui s’engage.

Que faire ? Face à une telle situation, tous les spécialistes le confirment : il faut mettre un terme très rapidement à l’angoisse de votre collègue. Premier point, essentiel, lui dire clairement qu’il est pessimiste et anxieux et mettre les points sur les aspects positifs du voyage d’affaires qui débute. Ne pas hésiter à le rattraper à chaque fois qu’il dérape pour plonger dans les affres de l’angoisse. Ne pas hausser la voix, mais utiliser l’humour pour lui faire remarquer le ridicule de la situation et l’obliger à se calmer.

Le buveur qui ne sait pas s’arrêter

Nous connaissons tous des voyageurs plutôt portés sur la bouteille et qui ne savent pas forcément trouver leurs limites. En règle générale, ce collègue là commence dès le salon à l’aéroport. Un petit verre censé redonner du courage voire, plus prosaïquement, "assurer un sommeil plus régulier dans l’avion". Souvent, le buveur joue sur la distance affectée par son accompagnant pour dépasser les limites acceptables. Et lorsque le voyage met en scène un homme et une femme, notre compagnon buveur joue sur la virilité de l'acool pour dépasser les bornes. Et malheur, si vous n'êtes pas spécialiste en vins et en alcool… Il n'aura de cesse de vous enseigner sa science.

Que faire ? La fermeté est indispensable. Il faut savoir mettre des limites à la situation. Il est difficile de faire entendre raison à un vrai buveur, un alcoolique. La seule solution, celle qui du moins qui peut se trouver en quelques minutes, c’est la fuite. N’hésitez pas à préciser que vous n’êtes pas porté sur la bouteille et que vous aimez boire modérément. Dites-lui que c’est avec plaisir que vous accepterez un verre dans l’avion. Un seul. Et que tout débordement vous dérangera fortement. Exprimez clairement que vous ne souhaitez pas être associé(e) à sa façon de faire et que dans ce cas, vous préférez vous éloigner de lui, quitte à changer de place dans l’avion. N’hésitez pas à vous fâcher, ou du moins à montrer votre agacement, pour bien lui faire comprendre que vous ne partagez pas sa vision de la boisson pendant un déplacement professionnel. Enfin, jouez la carte professionnelle et rappelez lui que rien ne choque plus un client ou un prospect que d’avoir en face de lui un buveur. Même si il est Français et que, c’est bien connu, nous sommes perçus comme les champions de la bouteille.

Le dragueur

Quoique vous fassiez, le dragueur impénitent trouvera toujours de quoi assouvir sa passion de séducteur. Mais ne nous trompons pas de personnage, le dragueur est généralement un homme. Et dans tous les cas, il cherchera à vous entraîner dans son délire même si vous êtes une femme. Il n’hésitera pas vous demander votre avis sur telle ou telle passante et vous fera remarquer, l’œil pétillant, que l’hôtesse de l’air doit être une femme « facile » ! Il aura le regard appuyé sur les femmes qui passeront dans la cabine, éventuellemnt (plus rarement, il est vrai) des gestes plus audacieux envers la gente féminine. Le dragueur, le plus souvent, ne se rend pas compte qu’il dérange voir même qu’il agace pour ne pas dire qu’il exaspère. Le plus souvent, il se croit véritablement séducteur et reste persuadé qu’il plaît aux femmes.
 
Que faire ? Là encore, il faut très vite imposer ses limites ! En un mot, mettre une barrière solide entre ses fantasmes et la finalité du voyage. N'entrez pas dans son jeu, faites-lui comprendre que ce qu'il attend de vous n'existe pas.

Le bavard incorrigible

C’est le pire de tous les voyageurs que vous risquez de croiser. Car si, dans un premier temps, vous vous imaginez qu’il se bornera à évoquer une situation professionnelle, vous vous trompez. Une fois passées les premières heures, il abordera sa vie privée, ses déboires amoureux, ses enfants, ses vacances… la liste est sans fin. Le bavard en a souvent conscience, mais il ne saura pas s'arrêter. Le besoin de parler est le plus fort. Il a besoin d’être aimé, de convaincre, d’avoir le sentiment d’être écouté ce qui le rassure pleinement. Son sujet préféré, si vous n'entrez pas dans les confidences privées ? Le boulot, les supérieurs, les clients, les collègues sans oublier l’environnement de travail lui même. Il est très souvent prêt à échanger avec vous les sentiments qu’il a sur tel ou tel collaborateur, directeur…. Il aime les ragots, Les « on dit » et les petits secrets qu’il a le sentiment d’être le seul à posséder.

Que faire ? Là aussi la franchise est de mise pour éviter que le voyage ne devienne un enfer. N’hésitez pas à lui dire que vous avez besoin de moments de silence, pour réfléchir ou vous reposer. Évitez soigneusement d’avoir des sièges côte à côte et expliquez lui que vous devez prendre le temps de relire un dossier ou d’analyser la situation que vous allez trouver à l’arrivée. Ne le laissez jamais plonger dans vos problèmes, encore moins dans les interrogations que vous avez sur le déplacement professionnel. En un mot soyez distant, sans être lointain. N’oubliez pas que vous travaillez dans la même entreprise et que c’est ce travail qui vous réunit. N’hésitez pas à lui dire, au risque peut-être de le fâcher quelque peu, que vous préférez vous limiter à des rapports strictement professionnels sur le but du voyage. Surtout, soyez sûr que ce qu'il dit sur les autres, demain il le dira sur vous. N'offrez pas de prise.

Le pressé, débordé qui veut aller toujours plus vite

Avec lui, tout doit aller vite. Le premier à passer les formalités d’immigration, le premier à récupérer ses bagages ou le premier à se retrouver au taxi pour rejoindre le plus rapidement son hôtel. Si vous êtes en groupe, c’est celui qui se précipitera vers la réception pour obtenir ses clés en premier. Toujours le même que vous retrouverez en bas avant l’heure, à vous faire remarquer que les autres traînent. Le pressé est fatiguant d’autant que dans tous les cas il a de bonnes raisons pour vous stresser. Il est capable d’inventer une circulation imaginaire, un accident de train ou de métro ou un manque crucial de taxis dans la ville où vous êtes pour vous forcer à partir une heure avant votre rendez-vous,  par sécurité bien sûr. Une fois sur place, chez votre client ou votre prospect, il voudra aller vite, aller directement à l’essentiel et présenter les slides immédiatement. En un mot, il veut forcer l'accord, avoir de suite une réponse. Il insiste, il agace. Bref,  il est capable de faire capoter le déplacement professionnel en quelques minutes.
 
Que faire ? Il n’y a pas d’autres solutions que de le calmer dès le début du voyage. En règle générale, il est même bon d’établir avec lui un calendrier d’actions pour les prochaines heures que vous allez passer ensemble. Le pressé a besoin d’être rassuré et de comprendre que l’objectif ne dépend pas de sa capacité à débiter, telle une mitraillette, des phrases toutes faites censées séduire le client. Le pressé a besoin de s’appuyer sur des faits, des éléments concrets, comme une présentation PowerPoint. Profitez-en pour la travailler avec lui, vous la mettre en bouche afin de lui laisser des places disponibles pour qu’il puisse intervenir en complément de vos arguments. Faites remarquer sur le ton de la plaisanterie qu’il vous fatigue à toujours vouloir être le premier. Dites lui qu’il est parfois bon d’apprendre que le temps est une qualité professionnelle. Faites attention, le pressé est souvent susceptible, il se vexe facilement, persuadé que vous mettez en cause ses compétences professionnelles. Soyez diplomate, vous réussirez plus aisément à le maîtriser.

Sportif un jour, sportif toujours !

Sa vie est un match, une bataille, une compétition permanente. Il doit être le meilleur. C’est un combattant qui a besoin d’un partenaire pour s’exprimer pleinement. Tout passe par le prisme du sport. Chaque voyage est un combat de boxe, une rencontre footballistique, un challenge où le besoin de gagner est essentiel. Pour le sportif, son premier challenger, c’est vous. Il ne part pas pour conquérir un client, mais pour lui montrer qu’il est le meilleur. Et pour conforter le regard qu’il porte sur le déplacement professionnel, il utilisera tout le vocabulaire sportif mis à sa disposition. Pire, les vrais amateurs iront jusqu’à comparer le voyage à une compétition qu’ils ont vécu il y a quelques années. Même chez votre client, il utilisera des termes sportifs pour l’amener sur son terrain, là ou il sait qu’il a des chances de gagner. Ce qu’il oublie souvent c’est qu’il finit par lasser. Tout le monde n’aime pas forcément le sport.

Que faire ? Vous devez faire en sorte qu'il appartienne à votre équipe et lui répéter qu'il est un maillon de la réussite. Sans lui, le match est perdu. Là aussi, la diplomatie est essentielle. Pour ce combattant, ce gagnant persuadé que tout est opposition, il est nécessaire de remettre à plat la mission et d’étudier avec lui les angles les plus propices pour convaincre le client. Il faut presque se placer sur son propre terrain. Devenir une sorte d’entraîneur pour ne pas dire un coéquipier qui atteindra avec lui vers les buts adverses. Mais il faut aussi apprendre à le calmer, à le rendre plus serein et plus objectif. Ne jamais oublier de lui faire remarquer que la vie n’est pas forcément un terrain de sport et qu’il est bon parfois d’apprendre à écouter et à regarder avant de se jeter à corps perdu dans la bataille. Devenez pour lui une sorte de coach qu’il écoutera et qu’il appréciera lorsqu’il se rendra compte que vos conseils sont utiles à son avancement professionnel, sa feuille de match.