Cannes ou comment devenir la meilleure destination événementielle du monde (1/4) – La magie du cinéma

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Cannes ou comment devenir la meilleure destination événementielle du monde (1/4) - La magie du cinéma
Le grand auditorium Louis Lumière, au Palais des Festivals de Cannes. (@Herve-Fabre)

Alors qu’à la fin de l’année 2023, Cannes a été gratifiée du World Travel Award de la meilleure destination événementielle pour la deuxième année consécutive, nous explorons, à travers une série de quatre articles, à paraître jusqu'au fameux Festival, les raisons d’une réussite exceptionnelle.

C’est un monde à part. Une sorte d’îlot où même le décompte du temps passé et à venir s'affranchit du calendrier le plus communément adopté : à Cannes, ce n'est pas le grégorien mais celui des grands événements qui scande le rythme d’une année. Chez les professionnels du secteur, bien sûr, mais aussi - nous avons pu le vérifier - chez le Cannois lambda, on ne dit pas “Nous nous sommes aimés au début de l’automne et nous quittâmes au mitan du printemps” mais : “On est sorti ensemble du MIPCOM au Festival du film”.

Un îlot où les ordres de grandeur sont distordus : la ville de Cannes, 75.000 habitants à peine, regarde droit dans les yeux des Londres, Paris, Vienne, Amsterdam ou Barcelone (pour ne parler que d'Europe) en matière d’events.

Bien sûr, les infrastructures, bien sûr la Riviera… Mais si Cannes est un spot mondialement détectable sur la carte mondiale des événements, elle le doit avant tout à son festival de cinéma. Il ne s’agit pas ici de dévaloriser le mérite de cette destination. De considérer que son succès tient à peu de chose, ne serait-ce qu’à cette année 1939, où, dans un premier temps, c’est Biarritz qui avait été retenue pour accueillir l'alternative à l'alors mussolinienne Mostra de Venise.

Non, pour deux raisons. D’abord, parce que Cannes n’a pas attendu que les Palmes d’Or s’y implantent pour attirer une jetset des plus internationales. La preuve : Martinez, Majestic et Carlton - pour s'en tenir aux établissements les plus mythiques de la Croisette - ont ouvert leurs portes, respectivement, en 1929, 1926 et même 1911, bien antérieurement à la première “vraie” édition (non interrompue par la guerre comme ce fut le cas en 1939) du Festival : 1946.

Bangalore ?

Ensuite, parce que c’est une chose que d’accueillir un événement, c’en est une autre de se l’approprier, de participer à son rayonnement (et vice-versa), de le faire correspondre au millimètre à sa localisation, au point qu’à “Festival international du film” s’est naturellement substituée la synecdoque “Festival de Cannes” (à l’usage, très rapidement; officiellement, en 2002). 

Dès lors, si, dans un moment d‘égarement assez insensé, l’organisation du Festival décidait de se délocaliser, Cannes en souffrirait, indubitablement. Mais le Festival, lui, que deviendrait-il à Miami, Hollywood, Dubaï, Séoul ou Bangalore ? Autre chose. En forcément beaucoup moins bien.

Car l'invraisemblable tient en ceci : le Festival de Cannes, c’est le lieu où le monde a découvert la richesse du cinéma asiatique, ou scandinave, ou d’Europe de l’Est, bien avant la chute du Mur. Mais c’est aussi ses marches au tapis rouge, gravies par un gotha cinématographique à faire pâlir n’importe quel Hall of fame. Le Festival de Cannes ne se bat pas pour accueillir les VIP+++ : c'est le contraire. C’est l’exigence et les paillettes, l’Art et les stars, les Cahiers du Cinéma et Paris Match. 

Le plus brillant des marketeurs, la plus inventive des communicantes ne peut fabriquer une telle identité, vendre tous ces alléchants oxymores et les faire incarner par une destination d'un coup de baguette magique. A Cannes, le terrain est bien préparé en matière de magie, et les professionnels du MICE ne se gênent pas pour le travailler. Témoignage de l’un d’entre eux : "Il est rare qu’un événement d’entreprise cannois ne compte pas dans son planning un moment "photo" de la montée des marches du Palais des Festivals". Ben voyons, pourquoi s’en priver ?

Dans la série “Cannes ou comment devenir la meilleure destination événementielle du monde”, les épisodes à venir…

  • Le "Palais", vaisseau-amiral
  • La ville dont le maire est un pro de l'event
  • Des lieux d'exception