L’art de porter la cravate

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Le port de la cravate est un exercice de style obligatoire dans le monde des affaires. Bien choisir ses cravates pour un voyage d’affaires reste un véritable casse-tête. Quelles couleurs, quels motifs, comment l’assortir avec les costumes et les chemises mais surtout, et c’est une question clef pour les cadres en voyage, comment se porte la cravate dans le pays visité. Autant d’interrogations cruciales au moment de faire sa valise.

L’art de porter la cravate
La cravate est l’un des seuls moyens par lequel l’homme peut exprimer son humeur, sa créativité ou sa recherche d’esthétisme. Pour savoir à qui on a affaire, « il suffit de jeter un coup d’œil sur cette partie qui unit la tête à la poitrine » disait Honoré de Balzac en 1830.

Unie, bariolée, avec ou sans motif, large, fine, longue ou plus ramassée, la cravate est multiple. Classique, fashion, sobre ou au goût douteux ? L’important est d’attirer l’œil de son interlocuteur, sans pour autant distraire son attention. Plusieurs facteurs entrent en compte : la texture, la couleur, les motifs et l’assortiment. Choisir sa cravate devient alors un art. Mal s’habiller devient une faute de goût que les collaborateurs ou les clients ne manqueront pas de noter.
L’art de porter la cravate
Adaptation et adéquation

Rares sont les hommes d’affaires à pouvoir se passer d’une cravate pour un rendez-vous professionnel. Si le « casual chic » est désormais accepté dans certains métiers créatifs, à l’heure de signer un contrat ou de formuler une proposition commerciale, la cravate est indispensable. Élément essentiel d’un dress code international, sa mission est double : uniformiser l’apparence de tous ceux qui sont autour de la table et valoriser l’image personnelle de chacun des interlocuteurs. « La cravate doit s’adapter à ceux que l’on rencontre » précise Henri Mallet, styliste et créateur « Et c’est tout l’art de bien la choisir.

Quand on connaît la personnalité de celui qui vous reçoit, il faut trouver la cravate qu’il aurait eu envie de choisir à votre place. Elle ne doit pas écraser ostensiblement le partenaire. Elle est sobre et mate dans l’univers de la banque ou de l’assurance, légèrement et finement rayé dans le monde de la finance…. ».

La première rencontre est donc essentielle à la connaissance du client. Quand la réunion se passe chez soi, dans son bureau, la cravate que l’on porte est un signe fort donné à ses visiteurs. Selon sa couleur ou sa texture le message passé par la cravate sera différent. Il révélera une partie de votre personnalité.

« On peut même en jouer et porter une cravate originale, colorée pour laisser croire que vous êtes moderne, bon enfant ». poursuit Henri Mallet « elle devient alors un outil de stratégie qui peut cacher votre jeu ». Inutile de risquer l’erreur. Il vaut mieux être trop classique que débridé. Costume foncé, chemise blanche et cravate noire feront l’affaire. Un peu formel mais sobre, neutre et de bon goût. Le ton sur ton, chemise foncée et cravate claire ou l’inverse, est aussi une valeur sûre, toujours en vogue.

Nouveau sur le marché de la cravate, le gris, légèrement moiré fait fureur tout comme le gris perle. Idéalement, il faut changer de cravate tous les jours et ce pour lutter contre le déjà-vu, interprété comme un manque de moyens dans les pays du Golfe. Deuxième raison : une cravate a besoin de se reposer pour reprendre sa forme initiale.
Les trouver ?

  • Dans les aéroports à l’arrivée comme au départ. C’est l’un des 5 objets les plus achetés en duty free. A noter qu’aux États-Unis des boutiques spécialisées se sont installées dans la plupart des grands aéroports.
  • Sur le net, http://www.wildties.com. Un service qui propose plus de 5000 cravates différentes, à tous les prix et de toutes les couleurs.
  • Dans les boutiques spécialisées. La dernière en date, à New York, chez Tom (845 Madison Avenue). La seule boutique qui fabrique sur mesure les cravates et ce à partir du tissu choisi pour votre costume. Compter environ 150 euros la cravate.
  • Chez la plupart des grands créateurs de mode. De Dolce & Gabana à Armani, via Cardin ou Dior.

Une couleur pour un message et un pays

L’art de porter la cravate
« Il ne faut pas bien s’habiller, il faut s’habiller juste », tel est le credo de Maryaline Morel, conseillère en communication et en marketing personnel chez Image Performance, qui ajoute : « L’habillement est une question d’adaptation en fonction de son interlocuteur et du message que l’on veut faire passer. Dans les affaires, le costume cravate est de rigueur, mais on ne s’habille pas de la même façon en Italie, en Allemagne ou en Roumanie ».

Lors d’un voyage en Italie, pays de la mode par excellence, un homme peut oser porter des cravates colorées et branchées, sans pour autant choquer, tandis qu’en Allemagne, une cravate sombre et classique sera mieux interprétée. Autre critère à prendre en compte : le lieu de rendez-vous.

Selon que l’on se retrouve dans une usine, un restaurant chic en ville, dans un bureau ou dans une boîte de nuit, il convient d’adapter l’appendice de tissu à la situation. Pour chaque pays enfin, il est conseillé de se renseigner sur la signification des couleurs pour éviter des erreurs qui pourraient compromettre le bon déroulement des affaires.
En Chine, le jaune a une connotation pornographique tandis que le rouge porte chance par tradition. Le blanc est à éviter car synonyme de deuil dans ce pays ainsi qu’en Inde et au Japon.

Le bon goût, oui. Le conformisme, non.

L’art de porter la cravate
Le conformisme n’est pas obligatoire en matière d’habillement. Il est possible de faire preuve d’originalité sans pour autant passer pour un « original ». Dans les affaires, l’originalité a souvent un prix et il sera rarement reprocher à un cadre une touche de fantaisie dès lors qu’elle est signée d’un grand couturier !

Ainsi le créateur Paul Smith et ses cravates aux couleurs vives sont-ils du dernier chic. Une limite à ne pas dépasser : la cravate à fleurs ou les héros de dessins animés ou de bandes dessinées sont à éviter car ils véhiculent une image négative et très infantile de la personne. A proscrire également les cravates à message. Que penser, par exemple, d’un collaborateur arborant avec fierté une cravate avec des motifs de drapeaux français ?

La décontraction s’invite chez certains hommes d’affaires qui se permettent d’ouvrir le premier bouton de leur chemise. La cravate, légèrement desserrée, fait alors office de bouton et le tout peut conférer un air décontracté. Une mise en garde cependant : ce type de légèreté doit aller de pair avec une mise impeccable, rasage au millimètre, chemise parfaitement repassée et pantalon mat au pli rectiligne sont alors de rigueur.
L’art de porter la cravate
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Même si les cravates en polyester ont beaucoup d’adeptes car elles se révèlent moins chères et moins fragiles, il est toutefois recommandé de privilégier la soie qui est la matière de prédilection des cravates même si elle est très fragile.

Évitez le tricotage que l’on dit revenir à la mode et qui, pour beaucoup de spécialistes, reste ringard. Enfin, pour bien les conserver, il convient de transporter ses cravates dans un étui prévu à cet effet et de les enrouler correctement. Une astuce, faute d’une cravate impeccable, la poser à plat, pliée entre deux dossiers ou sous le matelas le temps d’une nuit de sommeil.

Le nœud doit être défait chaque jour car il peut marquer le tissu. Dernier conseil en terme de longueur, une cravate doit descendre juste au niveau de la ceinture. Pas plus long et surtout pas plus court, sous peine de devenir ridicule.

Hortense des Dorides
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La cravate n’est pas ringarde !
Questions à Hervé Borne, spécialiste de la mode masculine au magazine « Monsieur ».

V&B : Comment choisit-on sa cravate?
Hervé Borne : Il faut tenir compte de son propre goût ainsi que de l’harmonie avec sa tenue. Il ne faut pas subir la cravate, mais la choisir. Arrêtons de dire que la cravate est ringarde ! Elle ne l’a jamais été et elle est toujours beaucoup portée lors des défilés de mode. La plupart des hommes d’affaires sont habillés de la même façon. Une petite touche d’originalité dans la couleur n’est donc pas une mauvaise chose.

V&B : Quelles sont les tendances de l’année?
H.B. : Les tendances sont à la cravate fine et à la cravate tricotée, autrefois ringarde mais qui revient au goût du jour. Côté couleurs, le brun, le mauve et le caramel sont les couleurs de l’hiver. La cravate club de Paul Smith, avec rayures sur le côté, reste indémodable.

V&B : Quelles sont les fautes de goût à éviter ?
H.B. : Une cravate rouge ou blanche avec une chemise noire est à proscrire. De même, une cravate noire avec une chemise blanche donne un côté « smoking » trop habillé pour un homme d’affaires. Autant mettre un nœud papillon! Il ne faut jamais assortir une cravate avec une pochette. Enfin, on ne met jamais une chemise à col boutonné, cela fait VRP.
V&B : Comment s’organiser lors d’un voyage ?
H.B. : Une cravate par jour est suffisante. Cet accessoire n’est pas encombrant donc il est possible d’en emmener sept pour une semaine sans surcharger sa valise. Pour les ranger, il faut les plier en deux et les mettre à plat entre deux pantalons.
SOS cravates… A situation d’urgence, solutions d’urgence.

Une cravate froissée dans la valise ?
Pendue sur un fil le temps d’une nuit, elle se défroisse naturellement. Attention à ne pas l’exposer au soleil car les couleurs ternissent. Dans l’urgence et en dernier recours, il est possible de la repasser, en sachant que ces accessoires supportent mal la chaleur car la soie et le polyester sont des matières fragiles. Petit conseil de grand-mère : intercaler un tissu fin entre le fer et la cravate et mettre la température du fer au plus bas. Pour s’éviter ce genre de désagrément, rien de tel cependant qu’un étui à cravate et un nœud léger pour éviter les plis.

Une cravate tachée lors d’un déjeuner ?
Une tache sur une cravate en soie est difficilement rattrapable. Le premier geste est d’absorber la tache avec un mouchoir, puis de la nettoyer avec un linge légèrement humidifié. A bannir impérativement, les vieilles astuces entendues mille fois et à l’efficacité peu prouvée (du sel pour absorber les taches de vin par exemple). Si vous n’êtes pas homme à prendre de risques, le pressing ou la boutique de vêtements sont encore les deux options les plus sûres.

Une cravate oubliée
La plupart des grands hôtels disposent d’un service « cravates » et d’un petit stock de dépannage pour les clients. Dans le pire des cas, demandez à un collaborateur ou un collègue de vous dépanner sinon utilisez les services (miraculeux) du concierge… Un petit billet glissé dans la main devient alors un sésame parfait pour trouver en quelques dizaines de minutes une nouvelle cravate.