Un rapprochement entre La Compagnie et XL Airways peut-il inquiéter les acheteurs voyages?

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En évoquant le 17 novembre dernier, dans une interview à BFM Business la notion de « négociations exclusives » avec XL Airways, le patron de La Compagnie Frantz Yvelin, pose indirectement la question de l’avenir du concept du « tout business ». Pour les acheteurs séduits par le prix, que penser de ce rapprochement ?

Ils n’étaient pas nombreux ceux qui, en ce lundi matin, se prêtaient au petit jeu des pronostics sur l’avenir de La Compagnie, mariée à XL Airways. Et pourtant, dans les entreprises, l’offre « tout business » du transporteur créé par Franz Yvelin a fait son petit bonhomme de chemin. "C’est un rapport qualité/prix inégalé", souligne Yann Le Goff, acheteur qui veut croire que "le produit ne peut que s’améliorer avec le temps". Mais il reste lucide: "il faudra plus de fréquences pour séduire tous les voyageurs d’affaires et la concurrence engagée par les legacy sur le full flex est dangereuse car les prix se stabilisent et l’effet Miles joue encore à plein au profit des compagnies traditionnelles".

Tarifs attractifs, arrivée sur Newark jugé plus facile que sur Kennedy Airport et un programme de fidélisation simple, c'est ce qui a réussi à attirer les voyageurs d’affaires même si, à ce jour, la rentabilité n’est pas encore au rendez-vous. "En deux ans nous avons transporté 100 000 passagers", précise Frantz Yvelin qui ne fait pas l’impasse sur le relatif échec à Londres: "Nous avons craint que le Brexit ne vienne perturber notre développement. Nous avons préféré suspendre la ligne". Décision sage mais au sein de British Airways, alors concurrencée sur la première ligne mondiale que constitue Londres/New York, on parle d’échec. Sans la citer, Willie Walsh a évoqué au WTM la notion de "risques inutiles" pour les low cost long courrier qui ne possèdent que très peu de fréquences et peu de marges de manœuvre tarifaire. Suivez son regard.

Il est vrai que La Compagnie a bousculé les codes de la business par son concept, même si les puristes affirment que c’est une business simplifiée. Pour un acheteur, payer un A/R vers New York à 1300 € - prix de base moyen - c’est la garantie d’un voyageur satisfait. Et cela n’a pas de prix ! "Avec les restrictions budgétaires engagées, la Compagnie, comme son concurrent OpenSkies, sont parfaitement adaptées aux politiques voyageurs que nous voulons centrer sur l’humain et non plus sur le prix", note l'acheteur d’un groupe de luxe français qui croit au développement du concept et qui a intégré l’offre dans son SBT

L‘arrivée de XL Airways, compagnie très low cost au confort limité pour ne pas dire absent est à l’opposée de la vision de la Compagnie. Là où les deux entreprises se rejoignent, c’est sur le prix. Ce dénominateur commun sera-t-il suffisant pour porter le développement de la Compagnie ? C'est tout l’enjeu. Seule certitude, Frantz Yvelin et Laurent Magnin sont deux entrepreneurs talentueux reconnus par l’ensemble de la profession. Et si de cette fusion naissait une nouvelle idée, un nouveau concept ? Chiche.

Hélène Retout