Coronavirus : de nombreuses compagnies maintiennent leurs dessertes de la Chine

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Les compagnies aériennes invoquent la santé et la sécurité de leurs clients et personnels pour suspendre leurs vols sur la Chine. De là à pointer du doigt celles qui maintiennent la desserte du pays…

Les compagnies aériennes des grands groupes aériens européens, en raison de l’épidémie de Coronavirus, ont suspendu leurs vols vers la Chine la semaine dernière. Et la liste des autres transporteurs ayant stoppé leurs dessertes n’a cessé de grossir ces derniers jours. Parmi ceux-ci : Finnair, LOT, American, Delta, United, Qantas, Air Austral, El Al, Vietnam Airlines, Qatar Airways, Air India, Air New Zealand, Air Madagascar…

La plupart des compagnies stoppent leurs dessertes de la Chine mais pas celles de Hong Kong, à l’instar de Finnair, Qantas et Qatar Airways. Le territoire commence toutefois à être touché, avec des réductions de capacité. Air Mauritius a été plus loin en supprimant tous ses vols entre Maurice et Hong Kong à compter du 4 février.

Certains transporteurs aériens marquent leurs différences en maintenant leurs dessertes de la Chine continentale, y compris au départ de France. China Eastern, partenaire de Skyteam et d’Air France-KLM (au sein d’une co-entreprise et comme actionnaire), conserve ses dessertes entre Paris et Shanghai, mais réduit fortement la voilure sur Qingdao et Kunming. China Southern conserve certains de ses vols entre Paris et Guangzhou, mais invite dans la mesure du possible à remettre son déplacement à plus tard au vu du manque de visibilité de la liaison dans les prochains jours. Pas d’informations en revanche chez Air China qui maintenait ce lundi son vol entre Paris et Pékin.

La plupart des compagnies qui continuent à desservir la Chine ont toutefois décidé de réduire leur capacité. Aeroflot relie toujours Moscou à Pékin, Shanghai, Guangzhou et Hong Kong, mais supprime toutes ses autres dessertes sur la Chine. Emirates et Etihad ont l’une et l’autre décidé aussi de maintenir leurs vols sur la Chine, tout en réduisant la voilure. La première supprime des fréquences depuis Dubaï sur Pékin et Shanghai. La compagnie d’Abou Dhabi a suspendu ses vols sur Chengdu. Singapore Airlines et sa filiale Silk Air réduisent aussi les capacités sur la Chine continentale, alors qu’une autre de ses filiales, Scoot, a préféré arrêter complètement ses vols. Parmi les autres compagnies ayant décidé de maintenir des vols sur la Chine, on citera Thai Airways, Ethiopian Airlines et Air Algérie.

Toutes ces compagnies suivent les recommandations de l’OMS qui considère qu’il n’y pas lieu de limiter les voyages et le commerce avec la Chine, et «s’oppose même à toute restriction aux voyages», comme l’a rappelé jeudi dernier le directeur de l’organisation, Tedros Adhanom Ghebreyesus, lors d’une conférence de presse, tout en actant que l’épidémie chinoise était une urgence de santé publique mondiale… Les compagnies aériennes n’appréhendent pas non plus les conseils des ministères des Affaires étrangères de leurs pays respectifs de la même manière. Quid de l’interprétation et du libre-arbitre du voyageur (ou de son entreprise) quand une destination est déconseillée sauf en cas de nécessité ?

Ces compagnies n’ont peut-être pas non plus à répondre à des demandes pressantes de leurs salariés et de syndicats, comme on l’a constaté avec la pression des pilotes de lignes américains chez American Airlines, ou des PNC faisant valoir leur droit de retrait chez Air France. Mais peut-être est-il plus facile d’exprimer ses inquiétudes au sein des compagnies françaises et américaines que chez d’autres transporteurs aériens, dans certaines régions du monde où les traditions sociales et culturelles sont différentes.

La Chine est-elle par ailleurs à même de faire intervenir sa diplomatie pour faire pression sur certains États et tenter d’éviter un trop grand isolement ? Et quid enfin de la dimension économique, sachant que le remplissage sur de nombreux vols sur la Chine est loin d’être satisfaisant…