Air France réorganise en profondeur son réseau domestique

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La compagnie aérienne engage une forte réduction de son réseau français d’ici à la fin 2021. Certaines dessertes entre Orly et la province vont être supprimées. Sa low-cost Transavia va reprendre plusieurs lignes de sa filiale régionale Hop.

Air France se restructure dans la douleur. La compagnie présente ce vendredi, dans le cadre d’un comité social et économique central extraordinaire (CSEC), son plan d’économies prévoyant la suppression de quelque 7600 postes d’ici fin 2022. Surtout des départs volontaires. La réduction des effectifs devrait être très sévère chez Hop, soit 40% de ses effectifs (plus de 1.000 postes supprimés parmi ses 2 400 ETP).

La filiale régionale devrait voir sa flotte diminuer de près de moitié. Son activité devrait être concentrée sur l’alimentation des hubs de Paris CDG et Lyon. Transavia va reprendre la plupart des lignes assurées jusqu’à présent par Hop à Orly (Toulon, Montpellier, Perpignan, Biarritz et Brest), à Lille (Bordeaux, Marseille et Nice) et à Nantes (Lyon, Nice, Toulouse, Montpellier, Lille et Marseille, seule la ligne sur Roissy est conservée), ainsi que les lignes Lyon-Toulouse et Lyon-Bordeaux.

L’État a conditionné ses prêts de 7 milliards d’euros à Air France à la réduction drastique de ses vols intérieurs «dès lors qu’il y a une alternative ferroviaire d’une durée de moins de 2h30», les liaisons domestiques devant être «limités simplement aux transferts vers un hub», avait annoncé fin avril Bruno Le Maire, ministre de l’Économie et des Finances.

Une telle contrainte, visant à mieux répondre aux défis environnementaux, oblige la compagnie aérienne à cesser ses dessertes entre Paris-Orly et certaines villes desservies par le TGV, soit Nantes, Bordeaux et Lyon…. L’aéroport du sud de Paris est pourtant une plateforme de correspondance d’Air France vers les DOM. Et rejoindre Orly depuis Paris ou Massy est loin d’être un long fleuve tranquille. Ces suppressions de lignes sont aussi des coups durs pour les aéroports concernés. Ainsi, Bordeaux-Merignac avait déjà subi de plein fouet la concurrence de la LGV (Bordeaux-Paris en deux heures) inaugurée en 2017 ; l’arrêt de ses dessertes sur Orly sera un nouveau coup dur pour l’aéroport bordelais. Mais le maintien à un niveau réduit de la ligne, quoique moins douloureux, n’aurait guère de cohérence alors qu’Air France s’emploie à réduire le déficit de son réseau domestique. Les voyageurs d’affaires optent en effet pour l’avion au regard du nombre de fréquences.

D’autres compagnies aériennes peuvent-elles venir remplacer Air France sur ces dessertes opérées également par le train en moins de 2h30 ? A priori, rien ne les empêchent, si elles font valoir les accords dits de ciel ouvert auprès des instances européennes, au grand dam du gouvernement français. Avec l’arrêt de ses dessertes à Orly, Air France doit aussi veiller à ce que ses précieux créneaux horaires ne tombent pas dans d’autres mains…