SCARA : «La deuxième vague, un choc immense pour les compagnies aériennes»

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Le Syndicat des Compagnies AéRiennes Autonomes (SCARA) rappelle ses différentes propositions pour un soutien équitable de l’État à tous les acteurs de l’industrie du transport aérien français, et demande toujours la mise en œuvre des « mesures structurantes » réclamées de longue date.

La voix du SCARA porte d’autant plus loin et fort qu’il regroupe la moitié des compagnies aériennes françaises, basées en métropole et dans les territoires ultra-marins – dont ASL Airlines France, Air Corsica, Air Austral, Air Tahiti Nui, Air Antilles et Air Guyane – ainsi que des sociétés d’assistance aéroportuaire et de formation. Mais pas suffisamment loin, visiblement, pour être entendu par le gouvernement. D’où l’intérêt, dans le contexte de reprise de l’épidémie, d’organiser une conférence de presse en ligne ce mardi matin pour faire un point sur la situation du transport aérien en France.

Jean-François Dominiak, son président (également directeur général d’ASL Airlines France), a d’abord rappelé que la situation des acteurs du secteur n’était déjà pas brillante avant la crise sanitaire. Il est notamment revenu sur les faillites d’Aigle Azur et XL Airways l’automne dernier, et sur ces parts de marché du pavillon français en constante baisse ces dernières années….

«Le choc actuel est immense» a-t-il poursuivi. Le trafic métropolitain avait déjà baissé de 66% de janvier à fin août, par rapport aux mêmes mois de 2019. Et la situation va s’aggraver fortement avec la reprise de l’épidémie et le confinement lié à la deuxième vague : «La trésorerie des compagnies aériennes est aujourd’hui très tendue. Elles ne disposent, en moyenne, que de 8,5 mois de liquidités. Pas sûr que les PGE actuels suffisent, alors que se pose déjà la question de savoir comment les rembourser ». De plus, les marges de manœuvres sont étroites, avec la moitié des coûts des compagnies aériennes qui sont fixes ou semi-fixes. «Leur absence de visibilité est totale pour 2021, et un retour à l’activité antérieure à la crise est espéré au plus tôt en 2023» a ajouté le président du SCARA, qui ne voit pas de reprise des segments loisirs et voyages d’affaires avant l’éradication complète de la pandémie, à la différence du marché affinitaire (DOM-TOM, Maghreb…) «qui va perdurer en raison des liens familiaux forts. La demande sera au rendez-vous dès que les frontières rouvriront» prévoit-il.

Quelles sont les demandes formulées par le SCARA depuis le début de la crise ?

«Nous attendons un signe fort de la part de l’État, qu’il sorte du bois pour manifester son intérêt pour le pavillon français. Le transport aérien est notamment vital pour les ultramarins» a insisté Jean-François Dominiak. «Pour Air France, a-t-il ajouté, il est normal que l’État joue son rôle d’actionnaire et mette au pot quand l’entreprise va mal. Mais nous souhaiterions qu’il nous dise s’il souhaite soutenir aussi les autres compagnies aériennes françaises, ou veut se contenter d’apporter une aide à la seule Air France».

Le 27 avril, le SCARA avait notamment demandé la mise en place d’un fonds d’urgence d’un milliard d’euros, pour aider les autres compagnies aériennes françaises qu’Air France. Et le 23 juin, il réagissait à la décision du gouvernement de supprimer par arrêté toutes les lignes « point à point » entre deux villes desservies en moins de 2h30 par d’autres moyens de transport. Jean-François Dominiak a en effet estimé que cette décision pouvait porter atteinte à la liberté d’entreprendre, et serait vraisemblablement rejetée au niveau européen.

Le SCARA avait également demandé en début de crise :

. La reprise à sa charge par l’État du financement de missions d’intérêt général qu’il a abandonné au cours du temps, soit :
– La taxe d’aéroport, qui finance la sûreté et la sécurité en aéroports, acquittée par les compagnies aériennes pour chaque départ, ayant représenté en 2019 un montant d’1,1 milliards d’euros.
– Le coût du contrôle aux frontières automatisé (PARAFE) qui ne cesse de croître.
– La taxe de solidarité sur les seuls billets d’avion, dite « Taxe Chirac », pour financer l’aide à l’achat de médicaments pour les pays en voie de développement, ayant représenté en 2019 un montant de 252 millions d’euros.
– L’écotaxe sur les billets d’avions mise en œuvre cette année au profit notamment du développement du transport ferroviaire, laquelle aurait dû représenter un montant de 182 millions d’euros.

Le SCARA estime que l’État doit aussi prendre à sa charge, au moins pendant une période de 12 mois après la fin de la période d’urgence sanitaire, la totalité du coût des infrastructures de navigation aérienne et aéroportuaires. Après cette période transitoire, des discussions devraient être menées pour en étudier une plus juste répartition entre l’État et d’autres acteurs économiques.

Pour rappel, le budget de l’Aviation Civile a représenté 2,2 milliards d’euros en 2019, dont 1,6 milliards pour la seule navigation aérienne. L’ensemble des redevances aéroportuaires acquittées en France par les compagnies aériennes a été estimé l’an dernier à plus de 1,5 milliards d’euros.