Tribune – JL Baroux réagit à l’interview de Greenpeace par les rédactions Eventiz

582
En mars dernier, des militants de Greenpeace repeignent un avions Air France en vert pour dénoncer le greenwashing de l'Etat français (Crédit : Alain JOCARD / AFP)

La dernière édition de Face aux rédactions, l'émission qui met au prise une personnalité aux rédactions d'Eventiz Media Group (DeplacementsPros, L'Echo touristique et TOM. Travel) avait pour invité le DG France de Greenpeace. Jean-Louis Baroux, créateur du World Air Transport Forum et de l’APG World Connect, réagit à cette interview.

Le 6 juin dernier Déplacements Pros mettait en ligne l’interview de Jean-François Juillard, le directeur général de Greenpeace France, réalisé par les rédacteurs en chef des médias Eventiz : outre Déplacements Pros, l’Echo Touristique et TOM Travel. Je l’ai regardée avec grande attention et un effarement grandissant au fur et à mesure que M. Jean-François Juillard développait sa pensée et ses arguments.

> Revoir "Greenpeace Face aux Rédactions"

Reconnaissons d’abord la grande facilité d’élocution du directeur français de Greenpeace et son grand professionnalisme pour répondre clairement aux questions, parfois insistantes, posées par ses interviewers. Je note qu’en aucun cas il a montré un quelconque regret par rapport aux actions parfois musclées menées par son organisation et qu’il assume sans complexe sa doctrine écologique. Or celle-ci ne se limite pas à minimiser l’impact de notre civilisation actuelle sur l’environnement, mais elle vise à un changement radical de notre mode de vie.

Je note d’ailleurs que le transport aérien est devenu la bête noire des écologistes beaucoup plus que les autres pollueurs de la planète bien qu’il ne représente qu’autour de 2% des émissions de CO² alors que le textile, par exemple, en crée autour de 8%, et je ne parle pas des centrales à charbon ni du transport routier. Mais il se trouve que le transport aérien est très médiatique et que peindre en vert un avion d’Air France a plus d’impact que de barbouiller des camions ou des cheminées d’usine. En fait le transport aérien est devenu le mouton noir des écologistes qui ne veulent même pas prendre en compte les progrès permanents qu’il fait pour diminuer le bruit des avions et ses émissions de CO². A cet égard Jean-François Juillard juge que ces efforts sont tout simplement quantité négligeable par rapport aux enjeux.

Alors quelles solutions Greenpeace propose-t-elle ? Il suffit d’aller sur le site internet de l’association pour être parfaitement éclairé.  Voici donc comment Greenpeace voit le transport aérien futur. Je cite en intégralité la partie de son site qui y est consacrée : elle est intitulée « Un Ciel Dégagé ».

Le monde d'après selon Greenpeace

« Il est maintenant beaucoup plus rare de voir des avions. L’Etat a cessé de soutenir le développement de l’aviation de masse et taxe le kérosène. En parallèle, nous avons découvert combien de chefs d’œuvres de la nature et d’artisanat local se cachaient à quelques dizaines ou centaines de kilomètres de notre lieu de vie. Le temps retrouvé nous permet de nous ressourcer. Le trafic aérien est avant tout réservé aux actions de solidarité internationale, aux urgences médicales, aux déplacements professionnels et scientifiques les plus essentiels ainsi qu’à certains voyages personnels. Ces derniers sont beaucoup plus exceptionnels, et prennent en compte les situations individuelles et familiales. Les vols internes ont disparu pour les distances accessibles en train en moins de six heures. De plus, les voyages touristiques à l’autre bout du monde se font désormais majoritairement sur un temps long. Les congés payés annuels étendus facilitent cette nouvelle temporalité. Les jets privés et bateaux-croisière de luxe ont été remplacés par des transports non polluants. »

Pas le monde que je veux

On ne pourra pas dire que nous n’avons pas été prévenus. Pour tout dire cette vision de l’avenir me terrifie. Notre civilisation a fait d’indéniables progrès depuis que les populations peuvent se déplacer en toute sécurité. Les efforts réalisés par le transport aérien et les constructeurs ont permis à de nouvelles couches sociales de bénéficier à leur gré des beautés que notre planète recèle. C’est au moins une bonne explication à la période de paix, certes encore relative, que nous avons vécu depuis la fin de la seconde guerre mondiale. Et voilà qu’une organisation mondiale, puissante et bien organisée voudrait nous en priver ?

Les ressources de Greenpeace ne sont pas négligeables. En 2019, selon les derniers comptes publiés, elle disposait, rien qu’en France, d’un budget de 26.572.000 € dont près de 6 millions étaient consacrés uniquement à la collecte de nouveaux fonds. Devant une telle machine de guerre, d’ailleurs très bien huilée, le transport aérien se doit d’agir. Il est urgent de ne pas attendre les réactions d’autres pays. Tous les acteurs : constructeurs, transporteurs, aéroports, fournisseurs de services doivent se réunir d’urgence et construire un contre feu à des attaques écologiques qui ne vont que s’accentuer.

Personnellement je n’ai pas envie de vivre dans une société telle que celle décrite par M. Julliard et je ne doute pas de sa capacité à l’imposer si nous n’y prenons pas garde.