Aéroports français : un trafic toujours en berne et des défis immenses

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L’Union des Aéroports Français , lors de son congrès, a de nouveau dénoncé l’absence de solution de financement satisfaisante pour les missions de sûreté et de sécurité aéroportuaires. Et le trafic des aéroports hexagonaux au troisième trimestre, même meilleurs que l’an dernier, reste toujours en fort repli (-43.2%) par rapport à 2019.

«Nos aéroports ont aujourd’hui à faire face à deux défis pressants : les difficultés économiques nées de la crise de la COVID-19 et la décarbonation de leurs activités. Nous devons tout à la fois accélérer notre transition énergétique et améliorer notre compétitivité dans un secteur très concurrentiel». Thomas Juin a rappelé les grands enjeux des aéroports français, dans le cadre du Congrès annuel de l’UAF & FA, la semaine dernière au Beffroi de Montrouge, aux portes de Paris. Le président de l’organisation professionnelle, dont le mandat a été renouvelé pour trois ans, a notamment vivement dénoncé l’absence, dans le projet de loi de finances 2022, de toute solution de financement satisfaisante pour les dépenses 2021 et 2022 de sûreté et de sécurité aéroportuaires.

« Il n’est pas acceptable que les aéroports aient à assumer sur leurs fonds propres la charge de ces missions régaliennes (…). Les remboursements des avances, même lissés sur 7 ans, susciteront une envolée de la taxe d’aéroport et pèseront lourdement sur la compétitivité de nos aéroports (…). Aussi l’UAF réclame-t-elle la transformation de tout ou partie (des) avances en subventions». Le ministre délégué aux Transports, Jean-Baptiste Djebbari, dans une vidéo, a annoncé que le gouvernement consentait une avance de 150 millions d’euros en 2022 pour aider les aéroports à supporter le coût de leurs missions de sécurité (après des avances de 300 millions en 2020 et 250 millions en 2021). Or, Thomas Juin estime cette somme inférieure au déficit prévisionnel estimé à 180 millions d’euros.

Côté trafic, le retour aux chiffres d’avant la crise ne sont pas espérés avant 2024. Et les aéroports français n’enregistreront pas des résultats bien meilleurs cette année que l’an dernier. La reprise du trafic a néanmoins été plutôt bonne sur la période estivale. Sur le troisième trimestre, il a diminué de 43.2% par rapport à la même période en 2019. On dénombre ainsi un peu plus de 35 millions de passagers, contre 62 millions au troisième trimestre 2019 et 20 millions en 2020. Cette année, le trafic a diminué de 46% en juillet, de 38.7% en août et de 45.2% en septembre, toujours par rapport au même mois de l’année 2019.

Au troisième trimestre, ce sont les aéroports régionaux (dont le trafic annuel est compris entre 1 et 5 millions de passagers) qui présentent la plus faible baisse de trafic (-19.8%) en comparaison avec la même période de 2019. Pour les aéroports d’Outre-mer, les aéroports de proximité et les grands aéroports régionaux, le trafic a diminué de 40% environ sur la période. En revanche, la baisse est plus importante pour les plateformes parisiennes (-48.7%). C’est encore le trafic international qui est le plus marqué par la crise du covid-19 et par les mesures de restrictions des voyages, avec une chute de 52.4% du nombre de passagers.

Le trafic intérieur affiche seulement une baisse de 20.6% grâce notamment au trafic sur les transversales (-2%) plus dynamique que sur les radiales entre Paris et les régions (-31.6%). Le faisceau métropole – Outre-mer, quant à lui, affiche une baisse de 16.2% du nombre de passagers. Mais la crise actuelle aux Antilles aura surement un fort impact sur le trafic du quatrième trimestre. Et l’arrivée soudaine du variant Omicron s’ajoutant à l’expansion du variant Delta ne va pas améliorer le moral des professionnels du secteur.