Evénementiel : un rapport préconise la création d’un Fonds de garantie

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La députée Corinne Vignon, devant la Commission des affaires économiques de l’Assemblée nationale, a fait une quinzaine de propositions devant permettre au secteur événementiel de « rebondir » face aux difficultés qu’il rencontre depuis le début de la pandémie. Outre un mécanisme assurantiel, elle préconise la création d’une Fédération interprofessionnelle de l’événementiel.

L’événementiel – dont les traiteurs – fait de nouveau partie des secteurs sinistrés dont le gouvernement vient d’annoncer un train de mesures renforcé. Ainsi, les entreprises de moins de 250 salariés perdant au moins 30% de leur chiffre d’affaires, sur les mois de décembre et janvier, auront droit à une aide exceptionnelle au paiement des cotisations salariales, d’un montant égal à 20% de leur masse salariale. Par ailleurs, les entreprises subissant plus de 65% de pertes de chiffre d’affaires pourront obtenir, en plus de cette aide, l’exonération de leurs charges patronales et la prise en charge totale de l’activité partielle.

Les aides coûts fixes sont en outre assurées jusqu’au 31 mars prochain. Sans oublier la nouvelle aide « Fermeture » dédiée aux ETI, visant à préserver les fleurons de la filière. Et un accord est sur le point d’aboutir portant sur le report du début de remboursements des PGE pour les TPE à fin 2022, voir un étalement jusqu’à dix ans. Et le premier ministre Jean Castex d’annoncer que les mesures resteront en vigueur aussi longtemps que dureront les restrictions.

Quelles préconisations pour relancer la filière

« Il faut se féliciter des moyens mobilisés pour soutenir les entreprises de la filière (…). La crise a révélé, il est vrai, toute l’importance de ce secteur pour notre économie », a d’abord noté Corinne Vignon, co-rapporteure (avec Philippe Naillet) d’un rapport sur l’impact de la crise de la covid-19 sur l’évènementiel, qu’elle a présenté ce mercredi en Commission des affaires économiques. Mais la député de la Haute-Garonne a reconnu que la question prégnante aujourd’hui était celle de la relance. Une préoccupation  d’autant plus vive que de nombreuses entreprises sont très affaiblies, avec parfois des trésoreries exsangues et une incapacité à emprunter « alors qu’il faut souvent effectuer d’importantes avances de frais avant d’engranger des recettes« . Un soutien spécifique à la filière doit ainsi tenir compte de ses cycles longs et permettre à ces entreprise « non pas de survivre mais de rebondir« .

Tout en soulevant un certain nombre de questions, les députés de tous bord ont reconnu la qualité du rapport, dont la diffusion a été voté à l’unanimité. Fruit de six mois d’auditions (une cinquantaine de professionnels du secteur ont été audités), ce rapport présente en effet un diagnostic précis de la situation d’une filière en grande difficulté depuis le début de la crise sanitaire il y a vingt mois. Et de proposer des initiatives à même de soutenir une reprise qui sera très progressive.

Parmi les mesures, les rapporteurs préconisent la constitution d’une Fédération des syndicats et organisations représentatives des métiers de l’événementiel et des mariages, permettant de mieux structurer un secteur rassemblant des activités très diverses.

Corinne Vignon recommande également d’étudier la création d’un Fonds de garantie (ou mécanisme assurantiel) pour le secteur, pour indemniser les pertes de recettes consécutives à des restrictions administratives ou annulations en masse, «une demande que j’ai adressé au gouvernement (…). Les assureurs, a-t-elle ajouté, n’ont pas franchement joué le jeu pendant la crise, ils doivent prendre leur responsabilité. Et le ministre de l’Économie et des Finances devrait, sur cette question, taper du poing sur la table« .

Le secteur a déjà amélioré ces derniers mois sa capacité à mieux évaluer ses problèmes, à mieux communiquer auprès des pouvoirs publics, souvent sous l’égide de l’Unimev. Mais les dossiers compliqués ne manquent pas. Les micro-entreprises constituent un trou dans la raquette des mesures de soutien. Sur ce point, le gouvernement envisagerait des mesures ad-hoc, selon Corinne Vignon.

Des défis portent aussi sur les ressources humaines, et notamment sur la formation de certains personnels. La digitalisation est également un enjeu. « Il engendre d’énormes investissements pour les gros parcs d’exposition par exemple. Pas évident à réaliser en période de crise. Mais beaucoup l’ont fait. Et les gens ont besoin de se rencontrer, je ne pense pas que le digital représentera plus de 30% du total des événements« , a poursuivi la député. Et Corinne Vignon de rappeler que l’État est aussi sollicité pour améliorer son appareil statistique, et promouvoir des campagnes de communication au profit du secteur, notamment à l’international.