Sébastien Bazin (Accor) flingue les géants de la tech

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Sébastien Bazin (Accor) flingue les géants de la tech

A l'occasion du GME d'Accor, le CEO du groupe hôtelier s'est livré à une attaque en règle des acteurs des technologies de l'information. Moment tout aussi drôle que sidérant.

A l'occasion du Global Meeting Exchange d'Accor, Sébastien Bazin, patron du groupe, s'est livré à un exercice rappelant la communication de son entreprise au plus fort de la crise pandémique : une défense et illustration des valeurs humaines que charrierait l'industrie de l'hospitalité. Un retour fut donc fait sur les actions qu'Accor entreprit pour accueillir des personnels médicaux en plein confinement, notamment.

En revanche, le codicille qu'il y ajouta, en anglais vu l'auditoire international et avant tout américain, fut aussi inédit qu'étonnant et... détonant puisqu'il prit la forme d'une diatribe plutôt violente contre les géants de la tech. "Ne tweetez pas ce que je vais dire, s'il vous plaît", commença le CEO, en s'adressant aux quelque 300 participants, omettant, apparemment, que l'événement était couvert par une quinzaine de médias (selon l'organisation).

"Where were you?"

"Il y a cette industrie de l'hôtellerie, qui est la deuxième plus grande industrie du monde après celle des technologies de l'information. Et bien sûr, nous nous comparons toujours, y compris en bourse", contextualise Sébastien Bazin. Puis il poursuit en expliquant que trois semaines auparavant, il s'est retrouvé en présence de ces "big CEOs" de "Microsoft, Apple" et consorts.

Certains d'entre eux lui parlent alors de l'actualité Chat GPT et des développements de l'AI en général : "Sébastien, vous ne vous rendez pas compte à quel point c'est génial. Cette nouvelle technologie va aider la vie à se développer pour le meilleur en termes d'éducation, d'expérience, etc."

"Et ces PDG voulaient me convaincre de la valeur de leur technologie et de la valeur de la taille de leur entreprise", explicite Sébastien Bazin, qui déroule la réponse qu'il leur réserva : "Je suis un adepte de la technologie. Mais laissez-moi vous dire quelque chose : si vraiment vous voulez que je croie que vous allez être ma solution pour demain, je veux juste vous rappeler l'épisode Covid. Vous aviez les plus grandes entreprises, avec la plus grande quantité de cerveaux, la plus grande quantité de ressources financières, des dizaines de milliards sur vos comptes. Et je n'ai vu aucun de vous aider à la résolution de la crise. Où étiez-vous ? Qu'avez-vous fait ? Qu'avez-vous vraiment fourni ? Quel ingénieur ? Quel modèle ("pattern") ? Toute les industries, y compris les plus affaiblies comme nous-mêmes, ont aidé. Nous avons été accessibles, nous avons été généreux, nous avons été authentiques. Nous avons essayé d'aider les infirmières, les médecins, d'isoler, de fournir des employés. C'est ce que nous avons fait, alors que nous étions à genou, sans argent".

"Greed"

Et de conclure de façon cinglante et, reconnaissons-le, assez efficace : "Vous n'avez rien fait de tel. Alors oui, je pourrais croire que vous pouvez faire quelque chose demain. Mais veuillez d'abord vous excuser pour ce que vous n'avez pas fait".

Mais ce n'était pas tout à fait fini, puisque l'un des interlocuteurs de cet échange tendu, qui n'en avait apparemment pas assez reçu, poursuit sur le sujet, alors visiblement très en colère ("pissed") contre Sébastien Bazin : "C'est intéressant ce que vous dites. Mais pouvez-vous nous dire pourquoi c'est ainsi ?" Et le patron d'Accor de ne pas se démonter : "Oui je peux le dire mais vous allez encore plus me détester : c'est facile, ça s'appelle la cupidité ("greed"). Non seulement vous n'avez rien fait, mais c'était au moment où vous avez gagné le plus d'argent de votre vie".

L'histoire ne dit pas si une photo de Sébastien Bazin barré d'un "Wanted" circule dans la Silicon Valley. Ce sera peut-être le cas après la publication de cet article.