Franco American Image : «il faudra être très réactif pour relancer l’événementiel»

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La Franco American Image (FAI) est une PME indépendante de 25 personnes basée à Puteaux (92), spécialisée surtout dans l’événementiel (70% de son CA), la production audiovisuel et les relations publiques (après le rachat de l’agence Yucatan en décembre 2018). Lionel Roques, son Pdg et fondateur (en 1997), commente pour nous l’impact ravageur de l’épidémie de coronavirus sur l’activité du secteur événementiel. Avec quelques idées de bon sens pour aider à son redémarrage le plus rapidement possible, une fois le virus contenu.

DéplacementsPros.com : Quid de l’impact de l’épidémie sur le secteur événementiel ?
Lionel Roques : Jamais notre secteur n’a connu une telle situation, un coup d’arrêt total et immédiat de l’activité. La filière est constituée principalement de TPE et PME, dont aucune n’est armée pour faire face à un tel effondrement, et ce d’autant plus que chaque annulation pose d’énormes problèmes juridiques, à commencer par les couvertures d’assurances. Ces entreprises vont devoir faire face à un problème de trésorerie qui risque d’affecter l’ensemble de leur écosystème par effet domino. Et parmi ces entreprises, les agences événementielles sont les plus exposées. Mais la réponse ne peut pas être propre à notre seul secteur. Nous sommes tous impactés, y compris Total, Accor ou Air France. Mais même impactées et inquiètes, les grandes entreprises ont la mission de continuer à investir. Elles devront faire preuve de bienveillance et d’humilité, et avoir un peu plus de considération pour les petits.

Comment se porte la Franco American Image ?
Nous sommes nous aussi au point mort. Sur l’activité événementielle, nous avons mis tout le monde au chômage partiel. La seule personne avec qui je travaille aujourd’hui est ma comptable. Ma banque m’a proposé, d’elle-même, de décaler de six mois le remboursement d’un emprunt. Nous avons la chance de maintenir une activité de production audiovisuelle, et une activité RP qui fonctionne par contrats. Avec notre trésorerie, nous pouvons tenir des mois, même avec zéro chiffre d’affaires.

Comment voyez-vous la reprise ?
Sur l’événementiel, je n’ai aucune visibilité. Nous avons enregistré 75% d’annulations. Les 25% restants sont des reports totalement optionnels. Il y aura probablement une période d’inertie. On ne doit pas s’attendre à une forte reprise avant septembre-octobre, avec en prime des problèmes d’embouteillage sur certains lieux événementiels. Il va falloir trouver des dispos à de nouvelles dates, ce qui ne sera pas toujours possible. Pour répondre plus globalement à votre question, je dirais que la vitesse de la reprise dépend d’une prise de conscience collective des différents acteurs, pouvoirs publics, grandes sociétés, PME… Tous devront s’engager à faire comme avant la crise. La période actuelle sera alors perçue comme une parenthèse.

Comment vous y préparez-vous ?
Notre fonds de commerce, ce sont nos équipes. Certains travaillent chez nous depuis quinze ans ou vingt ans. Nous devons être bienveillants, nous aussi, surtout avec nos salariés, ils sont en stress pour leur boulot et pour leur famille. D’une manière générale, quand ça va redémarrer, il va falloir être extrêmement réactif, avec cette bienveillance et une énergie positive.

Que pensez-vous des mesures prises par l’État ?
Ce sont les bonnes. Elles vont nous permettre d’amortir le choc les deux ou trois mois où notre activité est à l’arrêt, d’en diminuer au maximum l’impact. Mais il ne faudra pas que l’État, à peine la crise calmée, ne songe qu’à récupérer ses sous, et nous noie sous la paperasserie administrative… Pour que la reprise s’enclenche dès juin, il faut que l’État ouvre totalement les vannes pendant trois mois. Notre engagement, en contrepartie, c’est de continuer à investir, garder nos équipes, entreprendre…