La circulation automobile va être drastiquement réduite à Orly

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La circulation automobile va être drastiquement réduite à Orly

Ce dimanche 21 janvier, Augustin de Romanet, PDG d'ADP, a annoncé un plan "anti-voiture" à Orly durant les prochaines années.

"Pour que les générations suivantes puissent continuer à prendre l'avion, le transport aérien doit considérablement diminuer son volume d'émissions de CO2. Notre objectif consiste à atteindre le seuil de zéro émission nette de CO2 au sol en 2030 pour Paris-Orly et en 2035 pour Paris-Charles-de-Gaulle". C’est ainsi que, auprès de La Tribune, ce dimanche 21 janvier, Augustin de Romanet, PDG d’Aéroport de Paris (ADP), justifie une profonde refonte de l’accès à Orly, au détriment des véhicules thermiques.

Le “zéro émission nette de CO2 au sol” dont il est question concerne les émissions de toutes les activités aéroportuaires qui ne sont pas liées aux avions en vol. Cet objectif était déjà connu. La nouveauté réside dans une meilleure visibilité dans les moyens déployés pour l’atteindre. Et l’accès à l’aéroport val-de-marnais en véhicule thermique va devoir y apporter un écot important.

33% d'automobilistes

Où en est-on aujourd’hui ? "Les accès à Paris-Orly représentent 40 % des émissions au sol", assure Augustin de Romanet, dans l’interview déjà citée. Selon le patron d'ADP, 33% des passagers utilisent aujourd'hui un véhicule individuel pour se rendre à Orly et 35% ont recours aux services des taxis et des VTC. Les 32% restants utilisent les transports en commun, par les bus pour la moitié d'entre eux. L’objectif est, évidemment, d’augmenter ce dernier ratio, ce à quoi l’inauguration de la station “Orly” de la ligne 14 du métro parisien en juin prochain devrait grandement contribuer. 

En outre, les déplacements au sein de l’espace aéroportuaire seront effectués par "des véhicules et des transports en commun propres", "non thermiques", et un "système de transport spécifique" sera créé pour relier les nouveaux parkings, qui seront construits à près d'un kilomètre de l'aéroport. S’agit-il là de déplacer d’un kilomètre les émissions - en d’autres termes de “tricher” pour atteindre en trompe-l'œil les objectifs ADP ? On imagine (car la question n’a pas été posée par nos confrères) que la stratégie est autre : ce dernier kilomètre devrait dissuader une partie des accros à la voiture individuelle de trouver d’autres solutions. 

Exceptions

Toutes les voitures individuelles ne seront cependant pas exclues d'Orly : les taxis et les VTC "pourront continuer à déposer leurs clients au pied des terminaux, a nuancé le PDG d'ADP. Des passerelles pour accéder directement aux avions, plutôt que des bus, seront aussi mises en place". 

Reprenons les chiffres. Sachant que près de 100.000 voyageurs se rendent à Orly chaque jour, ce sont donc 33.000 déplacements quotidiens (33%) qui seraient directement impactées par la série de mesures “anti-voiture”. Et même davantage : 90% des employés d’Orly se rendent à leur travail en véhicule individuel. Ils sont 25.000 en tout. Pour eux, un “plan vélo” est dans les tuyaux…

Pour Augustin de Romanet, les objectifs sont, en substance, les suivants : à partir de 2025, la part des transports publics devrait passer de 32 à 39 % et celle des véhicules particuliers de 68 à 61 %. Notons que le mode indicatif (et non conditionnel) employé dans cet article fait écho à celui utilisé par le PDG d'ADP. Or, une concertation avec une quarantaine d'acteurs - dont des compagnies aériennes - doit avoir lieu, durant trois mois, sur ces sujets. Mais comme leurs conclusions n'ont aucun caractère contraignant pour ADP, l'indicatif se justifie.