Pour Ryanair, les agences ont des têtes qui ne leur reviennent pas

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Pour Ryanair, les agences ont des têtes qui ne leur reviennent pas

Un système d'enregistrement en ligne impliquant la reconnaissance faciale du voyageur est susceptible de créer des perturbations au sein des agences. On assiste certainement à un nouvel épisode de la guerre que mène Ryanair contre les acteurs de la distribution.

On peut raisonnablement considérer que les compagnies aériennes caressent toutes le doux rêve de contrôler leur distribution; et l'on peut même analyser le volontarisme "NDC" au prisme d'une tentative dans ce sens. Pourtant, les transporteurs les plus hostiles à la vente indirecte n'ont en fait que faire de NDC, il s'agit bien sûr les compagnies lowcost.

Et parmi elles, Ryanair se distingue par son agressivité à peine voilée. Sa cible préférée : les agences en ligne (OTA). Certains se souviennent certainement des procès intentés par la compagnies contre Opodo ou Lastminute.com, dès le début des années 2010 jusqu'à aujourd'hui, et toujours perdus.

Ou, plus récemment encore (avril 2021), de ces deux fonctionnalités  relance les hostilités avec un "vérificateur de prix" et un "label de vérification", qui comme l'expliquaient nos confrères de l'Echo touristique avait pour but de "mieux protéger ses clients contre les OTAs" et de les aider "à éviter les pièges de la réservation avec les agents de voyages en ligne, qui peuvent surcharger, fournir des informations clients incorrectes et empêcher Ryanair de traiter directement avec les passagers".

Reconnaissance faciale

Ces deniers temps, la stratégie de Ryanair est moins frontale mais sa cible est plus large. Moins frontale : nul juge mis à contribution. Cible plus large : l'ensemble des agences (et non plus uniquement les agences en ligne) est visé. En effet, d'après le témoignage d'un dirigeant de TMC française, un système de reconnaissance faciale a été mis en place pour effectuer son enregistrement en ligne.

"De façon aléatoire, peut-être en fonction d'algorithmes traçant les noms et les cartes de paiement fréquemment utilisés, une reconnaissance faciale du passager est demandée pour ce check-in. Evidemment, pour l'agence qui l'effectue, c'est un casse-tête impliquant qu'on contacte l'entreprise cliente, et une perte de temps qui va parfois jusqu'au blocage du process", explique le même.

Pour le moment, ces cas épineux ne se présentent que peu. Mais l'augmentation de leur fréquence relève du bon vouloir de la compagnie. Quant à se passer d'un enregistrement en ligne pour contourner le problème, c'est exclu : outre les risques d'attente à l'aéroport, les frais s'élèvent alors à 55£ (environ 65€), supérieurs, souvent, au prix du billet lui-même.

Ryanair, comme on peut s'en douter, justifie ce nouveau système par des arguments de sécurité et de confidentialité. Mais pour le professionnel de la distribution interrogé, ça ne fait aucun doute : c'est un nouveau caillou placé délibérément dans la chaussure des agences. Contactée à ce sujet, la compagnie irlandaise n'a, pour l'heure, pas donné suite à notre sollicitation.