Tribune Amadeus – Voyage d’affaires : cette nouvelle donne que les entreprises doivent prendre en compte

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Jean-Christophe Carette, Directeur Commercial, France, Amadeus Cytric Solutions fait un point sur la "nouvelle normalité" du business travel et sur la façon dont les entreprises doivent s'y adapter.

La propagation du variant Omicron au cours des derniers mois a sans doute ralenti la reprise, mais il n’a pas enlevé aux voyageurs leur envie de reprendre la route. Nous assistions à une augmentation de la demande de vaccinations et, malgré tous les protocoles de sécurité aérienne, de plus en plus de voyageurs veulent reprendre l'avion. Les voyages d'affaires reprennent également, ma famille ne le sait que trop bien en me voyant à nouveau sur les routes. Bien que la reprise se fasse à des rythmes différents de par le monde, certains marchés sortent lentement de la zone de risque et les voyageurs d'affaires refont leurs bagages, prêts à partir pour leur prochain voyage.

Une enquête récente menée auprès de plus de 250 dirigeants d’agences de voyages d’affaires (Travel Management Company ou TMC) du monde entier revient en particulier sur les défis auxquels ils sont confrontés et comment les entreprises pour lesquelles ils travaillent abordent le retour au voyage.

Il est plus facile de faire des affaires dans la vie réelle

Certes, nous nous sommes habitués à la vidéoconférence et aux réunions numériques ces deux dernières années, mais la pandémie n’a fait que renforcer l’idée que le temps passé en face à face avec des clients, des prospects ou des partenaires est le plus précieux. Je crois fermement qu'il faut rétablir les relations en présentiel et il semble que je ne sois pas le seul à le penser à en juger les résultats de cette enquête.

Dans cette dernière, les dirigeants de TMC estiment que l'impact de la vidéoconférence sur les voyages d'affaires dépend du motif du voyage. Les personnes interrogées au sein des TMC s'accordent à dire que les interactions physiques avec les clients seront privilégiées, 22 % seulement considérant que ces types de réunion seront remplacés par la vidéoconférence. Sans surprise, les chiffres sont encore plus bas pour les voyages d'affaires (20 %), les conférences, les salons et expositions (17 %).  En ce qui concerne les réunions internes et les formations, les personnes sont plus favorables à leur remplacement par des réunions virtuelles (77 % pour les réunions internes et 73 % pour les formations et l'accompagnement). Au global, il semble que nous soyons tous d'accord : il n'existe pas de substitut adéquat aux réunions en face à face avec les clients.

Autre enseignement, les TMC estiment également que les habitudes de voyage sont en train de changer. Moins de voyages mais des séjours plus longs, avec des dépenses plus élevées par voyage. Et les entreprises sont prêtes à autoriser les vols directs et les cabines premium pour assurer la sécurité des voyageurs.

Voyages hybrides

Ces deux dernières années, le passage et l'adoption rapide du travail hybride a bouleversé tant les employeurs que par les employés. Qui aurait imaginé les nouvelles possibilités offertes par cette nouvelle façon de travailler ? Les entreprises ont dû s'adapter et évoluer rapidement, en veillant à fournir du matériel adéquat à leurs employés, mais aussi à les faire adhérer aux règles, réglementations, et complexités du travail hybride. 

Avec la reprise des voyages d'affaires, les voyages « bleisure » gagnent à nouveau en popularité. Les TMC interrogées constatent une augmentation de ce type de voyage. Les voyageurs d'affaires optent pour des séjours plus longs afin de concilier missions professionnelles et loisirs du week-end lors d’un seul voyage. De plus en plus de cadres sont désormais autorisés à travailler d’où ils le souhaitent et n'ont pas besoin de se précipiter au bureau dès leur retour de voyage. Ils peuvent même prendre des « vacances professionnelles », c'est-à-dire se rendre dans une destination de loisirs et y travailler pendant une période prolongée.

Des solutions existent pour soutenir les entreprises dans leur transformation numérique, en veillant à ce qu'elles répondent aux nouvelles exigences liées au travail hybride. Leur objectif est de réduire considérablement la complexité de la planification des voyages et d’en augmenter la productivité.

L'incontournable « Duty of care »

65 % des répondants TMC considèrent que le « duty of care » devient le besoin principal de leurs clients, une tendance en partie due aux réorganisations internes. En effet, depuis le début de la pandémie, les départements des ressources humaines ont joué un rôle beaucoup plus important que par le passé dans la réévaluation des politiques et des processus de voyage.

Pendant la pandémie, le niveau de support attendu par les entreprises de la part de leurs fournisseurs de voyage a grimpé en flèche, les voyageurs ont besoin d'être rassurés - ils veulent une assistance 24 heures sur 24.  92 % des responsables TMC considèrent que les informations sur la santé et la sécurité avant et pendant le voyage sont la priorité des voyageurs d'affaires, suivies des notifications pendant le voyage (65 %) et des billets flexibles pour les réservations de dernière minute ou les modifications (50 %).

Pour assurer un « duty of care » efficace, les employeurs ont besoin que les voyageurs réservent par le biais de canaux approuvés et règlementés. Il n'est donc pas surprenant que 56 % des TMC prévoient, dans l’évolution des entreprises, une politique de voyage plus stricte. Un quart d’entre elles anticipent une augmentation de la demande de transactions supplémentaires pour des hôtels ou des transferts en complément du billet d’avion. Cette évolution s'explique en partie par les défis logistiques croissants des voyages et les risques élevés de perturbation, par l'attention accrue portée à l'optimisation des dépenses de voyage et par l'importance renouvelée du « duty of care ».

L'indispensable approche durable 

Avant la COVID-19, offrir dans sa gamme des voyages plus respectueux de l’environnement était un plus, mais c’est aujourd'hui devenu incontournable pour les entreprises et les voyageurs.

Pour 22 % des TMC, le choix d’une offre de voyage durable sera une priorité pour les voyageurs d'affaires. Les entreprises demandent de plus en plus d’informations concernant les politiques de développement durable, un sujet au cœur de leurs demandes de gestion des voyages et des dépenses. Parmi les actions qu'elles envisagent, citons la réservation d'options plus durables comme le train, les données sur les émissions et la recherche d'hôtels plus respectueux de l'environnement.

De premières tendances qui dessinent clairement les nouveaux contours d’un voyage d’affaires en cours de reconstruction, et qui ne sera pas le même qu’auparavant, avec l’aide des entreprises, les agences de voyage et des fournisseurs de technologie.