Tribune JL Baroux – Scoop : il y a des motifs d’espoir !

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Jean-Louis Baroux est un acteur reconnu du monde des compagnies aériennes, créateur du World Air Transport Forum et de l’APG World Connect.

Bon, il faut chercher très profond pour trouver quelques lueurs d’espoir dans le marasme actuel. Mais toutes sont bonnes à prendre. Si le monde s’enfonce dans une spirale dépressive, nous avons peu de chances de nous en sortir avant longtemps. Alors regardons les nouvelles positives.

L’élection de Joe Biden

Je vais commencer par cet événement. Certes il y aura des recours, mais les grands médias américains se sont avancés à confirmer la victoire du camp Démocrate à la Présidentielle américaine. On ne pourra pas en attendre un revirement complet de la politique étrangère des USA, mais les premières décisions annoncées par le nouveau Président élu vont dans le bon sens, c’est-à-dire la réouverture des frontières et le retour de ce grand pays sur la scène internationale, à commencer par l’adhésion aux accords climatiques de Paris. Alors que les USA semblaient se refermer sur eux-mêmes, ce qui avait pour conséquence un frein au développement du transport aérien, qui d’ailleurs n’en avait pas besoin pour le moment, une réorientation sera la bienvenue.

L’ouverture du nouvel aéroport berlinois

Après plus de 10 ans de retard, l’aéroport de Berlin Brandebourg appelé Willy Brandt, s’est ouvert au trafic le 30 octobre dernièr. Depuis des années on attendait cette nouvelle plateforme, idéalement placée pour développer un marché qui ne demande que cela. Ce nouvel important équipement aura certainement un impact sur le retour à la croissance du trafic aérien. Pour le moment un seul des terminaux sur les 4 prévus est opérationnel. Mais il faut bien commencer. Un petit moment de nostalgie pour l’arrêt de l’aéroport de Tegel symbole de liberté et situé alors en zone d’occupation française. Nombre de professionnels l’ont utilisé ne serait-ce que pour se rendre à l’ITB.

KLM sauvée

On pensait que seuls les pilotes français étaient capables de mettre à bas leur compagnie pour sauver quelques avantages souvent discutables. Eh bien, on a appris que les néerlandais pouvaient faire aussi bien. Finalement ils ont perdu leur bras de fer avec leur direction et le Gouvernement Hollandais qui avait bloqué un prêt de 3,4 milliards d’euros absolument nécessaire à la survie de la compagnie. Voilà qui va mettre un peu d’huile dans les rouages avec Air France. Pour autant la relation entre KLM et Air France, n’est pas encore totalement apaisée, KLM affichant des résultats bien meilleurs que le transporteur français. Il faudra bien un jour se reposer la question de la relation capitalistique entre les deux compagnies.

Tests antigéniques

Finalement les voilà dans les aéroports. D’abord Marseille, puis Nice et Orly pour finir par Charles de Gaulle. Ce n’est pas encore la panacée car il reste trop de paperasserie administrative pour que les résultats soient délivrés presque instantanément, mais c’est un progrès indéniable. Reste à savoir si les autres pays et d’abord les européens, et les nord-américains vont s’y convertir et ainsi rouvrir des cordons sanitaires, seuls, pour le moment, capables de redonner confiance aux passagers aériens. L’effet « domino » qui a conduit à la fermeture des frontières au printemps 2020, peut jouer en sens inverse à partir du moment où les états s’entendent pour accepter les passagers munis de ce type de test.

Vers un vaccin dans peu de temps ?

Le puissant laboratoire américain Pfizer annonce la dernière étape avant la mise sur le marché de son vaccin dont il assure une efficacité de 90%. Certes il faudra encore le diffuser en espérant que son coût ne soit pas prohibitif. Mais tout le monde l’attend et il est d’ailleurs probable que plusieurs vaccins sortent à échéance rapprochée. Ce serait la fin du cauchemard.

Airbus ne brûle plus de cash

On a eu très peur. Au cours des 6 premiers mois de l’année, le constructeur européen a brûlé 12 milliards d’euros de cash. La situation commençait à devenir intenable. Il fallait à toute force reprendre la livraison des appareils, car ceux-ci ne sont payés qu’au moment où ils sont pris en compte par leurs clients. Or les livraisons ont commencé à reprendre au cours du troisième trimestre, dégageant pour Airbus un surplus de trésorerie de 600 millions d’euros. Elles s’accélèrent même avec 72 livraisons pour le seul mois d’octobre.

Le Boeing 737 MAX bientôt en opération

On attend pour la fin de l’année, certains disent même pour le 18 novembre, l’octroi du certificat de navigabilité de l’appareil cauchemardesque de Boeing. Celui-ci est décidé par la FAA et il semble que les derniers tests se soient bien passés. La remise de cet appareil sur le marché montrera sans doute un signal très positif au transport aérien.

Certes tout n’est pas rose, mais essayons de ne pas nous laisser aller au pessimisme ambiant. Regardons le verre même au quart plein plutôt qu’aux trois quarts vide.