Location de voitures : « En 2024, les prix ne devraient pas excéder l’inflation »

1306
Location de voitures :

Dans un contexte de location de voitures en berne avec une baisse des réservations inédite cet été (-10% par rapport à 2022), comment se présente la rentrée côté entreprises ? L'avis de Frederi Villa Vega, cofondateur de l'agrégateur Carbookr.

Vous avez une vision assez claire du premier semestre de l’année 2023 sur la location de voitures pro. Les prix, légèrement en baisse par rapport à l’année 2022, ont-ils eu une incidence sur le nombre des réservations ?

Frederi Villa Vega : Une baisse des prix, même légère, est toujours bienvenue pour convaincre les travel managers de louer des voitures. La sensibilité au prix reste un facteur prépondérant dans la prise de décision, surtout quand il est question de rationaliser les déplacements des collaborateurs. De plus, le prix des autres segments du voyage augmentant, notamment à l’international, la location de voitures s’en trouve favorisée. Depuis la fin de la pandémie, on sait que certains trajets sont indispensables (visites clients, fournisseurs, sites internes…), et dans bien des cas ils ne peuvent être remplacés par une visio.

Coûts, toujours : la hausse du carburant a-t-elle un impact sur les réservations ?

On voit un frémissement dans nos réservations de véhicules électriques sur les déplacements professionnels. Certains loueurs offrent d’ailleurs la recharge : le conducteur n’est pas surfacturé s’il n’a pas rechargé lors de la remise du véhicule. On est à 3% de véhicules électriques loués par des voyageurs professionnels.

3% seulement ? Et l'impact carbone, ce n'est pas un problème pour l'entreprise quand on parle de location de voiture ?

Pour l'entreprise, si ! Mais il y a un hiatus entre le management et le voyageur lui-même pour qui la recharge est un frein réel. Au niveau de l'entreprise, au contraire, nombreuses sont celles qui sollicitent des fournisseurs capables de donner de la visibilité sur les émissions de CO2 par collaborateur ou par déplacement. Nous entendons d’ailleurs, chez Carbookr, leur donner des prédictions précises sur les émissions durant leurs futurs déplacements. Les entreprises doivent pouvoir anticiper leur impact et ajuster leur politique voyage en conséquence. Mais je signale que si 3% c'est indéniablement faible, l'an dernier, chez Carbookr, nous étions entre 0,5 et 1%, soit une multiplication de 3 à 6 ! Donc ça évolue.

Pour louer, encore faut-il que le véhicule soit disponible...

Aujourd’hui, la disponibilité des véhicules est effectivement le sujet le plus aigu. Les loueurs n’ont toujours pas reconstitué leur flotte et pour cause : les délais de livraison sont encore longs et le prix moyen des véhicules ne cesse d’augmenter année après année. On a l’habitude de prendre 2019 comme une année de référence sur le voyage, mais les choses ont évolué et la référence ne sera probablement plus l’époque où les véhicules étaient fortement remisés, et où les livraisons se comptaient en semaines, voire en jours.

Comment envisagez-vous cette rentrée 2023 ?

La rentrée est une période hybride entre des touristes qui prennent leurs vacances en décalé et les collaborateurs qui reprennent leurs déplacements. Nous avons anticipé un volume important de réservations qui s'est confirmé tout au long du mois de septembre. Selon un récent rapport de CWT/GBTA, les prix de la location ne devraient pas excéder l’inflation jusqu’à fin 2024. C’est une bonne nouvelle car les prix reflètent la réalité des coûts engendrés par la location d’un véhicule et surtout parce que cela permet au marché de se projeter pour répondre de façon sereine aux besoins des clients. En revanche, beaucoup des loueurs ont réduit leur flotte pendant le mois de septembre de façon un peu anticipée. En règle générale, les loueurs constituent leurs flottes de véhicules en buy back (vente du constructeur au loueur qui s’engage à reprendre les véhicules au bout d’une certaine période ou d’un certain kilométrage). La période des reprises des véhicules se fait plutôt aux mois d’octobre et novembre. Mais cette année, les constructeurs sont plus intransigeants sur la date de reprise. Ils ont intérêt à revendre les véhicules sur le marché de l’occasion dont la valeur moyenne a augmenté de 45% entre janvier 2019 et décembre 2022 (source : Capital). D’autant plus que la vente auprès des particuliers est plus rémunératrice : ils ne peuvent négocier des réductions aussi fortes que celles des loueurs qui commandent de très gros volumes.